En fait le problème vient des auteurs originaux* qui, pas très au fait de ces questions, ont dès le début décrit Buck Danny comme capitaine dans "l'American Air Force" (Les Japs attaquent planche 9).
* Il me semble qu'il y a débat sur la question de savoir jusqu'à quelle planche va le travail de Georges Troisfontaines, et où commence celui de Charlier & Hubinon.
Donc, administrativement parlant, Buck a toujours été dans l'USAAF/USAF. Idem pour Tumbler et Tuckson, mais eux c'est plus logique puisqu'ils apparaissent à l'époque des Tigre Volants. Ensuite ils sont démobilisés, puis se ré-engagent dans l'USAF à l'époque de Pilotes d'essai.
Et Charlier (re)fera la même erreur à la fin de la guerre de Corée en affectant le trio sur porte-avions
C'est une erreur dont il a bien dû prendre conscience à un moment, ne serait-ce parce que les persos portent l'uniforme de l'USAF au milieu de marins, et qu'il semble avoir éviter de traiter... contrairement à ses successeurs qui soulèvent ce point pourtant impossible à résoudre de manière satisfaisante.
J’ai acheté et lu hier ce Tome 1 de "Buck Danny - Origines".
Ayant été passablement déçu par les dernier opus de la série et, n’ayant pas été emballé par la série "Buck Danny classique", je ne m’attendais pas à grand-chose et espérais encore moins, surtout sur une thématique où l’on prétend nous présenter "les origines" d'un des plus grands héros de la BD, ce que je n'avais jamais cherché à connaître. Pour moi Buck Danny "était", et puis c'est tout ...
Et pourtant…
Et pourtant, je dois dire que j’ai plutôt accroché ; chronologiquement, l’album se situe entre le tome 2 "les Mystères de Midway" et le tome 3 "La revanche des fils du ciel".
Ce qui fait l’intérêt de cet album, c’est qu’on y découvre le Buck Danny des tous débuts, celui des Japs attaquent et des mystères de Midway, avant qu’il ne forme son indissoluble trio avec qui-vous-savez. Ce Buck Danny, ou plutôt ce proto-Buck Danny est donc entouré de personnages qui ne firent qu’une apparition-éclair dans les premiers tomes : sa mère (il y a à ce sujet un très bel hommage à la figure de la mère d’un soldat en guerre – avec un passage émouvant à ce sujet) et son petit frère qui disparurent immédiatement dans les limbes de la série, et l’apparition de la figure du père qui ne fut jamais évoquée. Notons un hommage aussi bref que superbe à "Dickie", son premier navigateur dans les Japs attaquent (où l’on apprend ce qu’il en advint), et à "Fats" son mitrailleur dont la brève apparition en quelques vignettes dans le même album, avant son tragique décès, m’est restée inoubliable…
Ceci, cependant, n’est qu’un clin d’œil de la première planche. Dans le reste de l’album on découvre par effet de flash-back la jeunesse difficile d’un héros qui a grandi dans l’Amérique de la Grande dépression et son apprentissage de l’existence, en même temps que celui de la Guerre du pacifique qui vient de commencer pour lui, et qui le forgera pour de bon. Parallèlement, Buck vit une aventure héroïque "classique", typique des premiers albums avec un contact direct avec l’ennemi japonais. Ce contact est bien rendu et si l’on reste dans le même schéma d’action que dans les premiers albums, on évite la caricature d’un autre âge des asiates jaune citron aux dents de castor, sans pour autant les rendre sympathiques (l’ennemi reste l’ennemi) ou "compréhensibles" dans leurs actes. Bref ! On garde ce qui fit le sel de la série tout en supprimant les aspects trop marqués par leur époque…
J’ai trouvé que ce mélange aventure + flash-back fonctionne assez bien, j’ai presque plus apprécié la présentation d’un jeune homme qui se cherche ; il reste à ce sujet quelques question non répondues, notamment sa vocation pour l’aviation au sujet de laquelle il demeure un certain mystère, mais comme le présent opus de "Buck Danny - Origines" n’est qu’un tome 1, je suppose qu’il y sera répondu au tome 2. Je dois dire que je me le procurerai dès sa sortie.
C’est sûr que cet album joue sur la nostalgie, et bien plus encore que les autres. Il suffit de voir son graphisme qui imite le style "à l'ancienne", tout en étant techniquement juste (la DCA de 25mm du sous-marin japonais, par exemple), et son scénario gentiment héroïque…
Reste que je pense que cette formule risque de vite s’essouffler et devrait se limiter aux deux albums en cours. Ou à la rigueur à une autre histoire située entre "La Revanche des Fils du Ciel" et "Les Tigres volants", mais c’est tout…
