Les C6 (http://www.checksix-forums.com/c6board/portal.php) furent cordialement invités à participer à cette campagne, et les deux squads se sont répartis équitablement dans chaque camp pour favoriser la "mixité". Cette campagne qui décrit la Bataille d'Angleterre, est résolument orientée gameplay : les deux camps ont autant de chances de gagner à priori, les deux peuvent tenter de débarquer, le planeset est crédible mais non historique, etc. C'est cependant très efficace, et les missions sont (presque ?) aussi prenantes que des missions CF, c'est dire !
Je laisse la parole au récit : (disponible avec d'autres sur http://krasno.larmande.free.fr)
A suivre...
Jeudi 15 Août 1940
Aujourd'hui, du suicide au menu. La faute à deux piqués, Barda et Furax0 pour ne pas les nommer, qui ont décidé d'aller titiller les bases ennemies pour péter du Hurri pendant son sommeil. Vu comme ça, ça a l'air plutôt futé, en fait. Mais le premier instant d'enthousiasme passé, quand les rigolos ont répondu à une question sur la Flak des bases avec un truc du genre "bah pas grand chose, juste quatre pièces de 88 et quatre ou cinq de 25", j'ai commencé à me poser des questions sur leur santé mentale. Surtout que les coins à Hurris sont, de l'avis des services secrets, plutôt chez l'ennemi, et que pour rentrer sans moteur de là bas quand on sait pas nager, il faut être un poil téméraire. Du coup, se faire descendre signifie quasiment se taper de la viande bouillie jusqu'à la fin de la guerre, ya mieux comme motivation...
Surtout que le matos air-sol, le vrai, assez précis pour pas rentrer brocouille et assez solide pour rentrer tout court, ben on n'en a pas encore vu la couleur (grise, probablement, pour le camouflage). Sur le râtelier, à part les Stuka et les Bf-110 qui ne sont plus dispos qu'en puzzles à monter à la maison, et dont les Anglishes ont plus de pièces que nous à force de nous les descendre chez eux (et qui n'étaient bon qu'à pulluer la couche d'ozone et à nous pomper notre fioul) ; ya plus que le gros (et encore, si yavait que ça...) He-111 et le petit excité, j'ai nommé le Bf-109.
Or, le He-111, déjà niveau précision c'est pas trop ça, mais en plus c'est pas ça non plus niveau vitesse (320 à fond, même le Cr-42 il va plus vite), et vu le format ça fait un peu éléphant dans un corridor pour les servants de DCA. On sait que les British visent comme des passoires (pourquoi vous croyez qu'ils ont mis 12 pétoires sur leurs Hurris hein ? pour arroser large, tiens), mais là faudrait vraiment qu'ils en tiennent une bonne pour rater leur coup. Et pis on dit qu'il est solide, mais quand les gamins peuvent te toucher avec des gravillons pendant les passes TBA, tu bouffes tellement de plomb que tu reviens plus chargé qu'à l'aller... Et comme il est déjà sous motorisé à la base, ça se finit souvent à la baille. Quand au 109, le chasseur mythique là, c'est bien sympa à 5000 m quand les bandits sont à 3000, mais se retrouver à 100 m d'alti à jouer les clowns dans un nid de guêpes bourré de DCA, ya plus simple pour mourir, merci.
Bon, enfin on discute on discute mais les ordres c'est les ordres. C'est simple : les usines ça sert à rien, même que notre Troll a bien calculé qu'on y perdait plus qu'eux, au vu du faible pourcentage de retour des bombers. Surtout que ça se renouvelle rapidement, ces bêtes-là, doivent avoir tout un paquet de réfugiés chinois dans leur sous-sol ces bougres, pour arriver à en faire pousser à cette cadence. Le carbu c'est sympa, ça fait joli quand ça crâme, mais apparemment c'est pas encore ce qui leur fait le plus mal. Donc, les avions. Logique. Si possible au sol, d'ailleurs, d'abord parce que la chasse en He-111 c'est comme l'attaque au sol en PZL-11 : ça donne de belles séquences de bêtisier, et c'est très bien tant qu'on n'est pas dans l'avion (NDLR : c'est quand même à tester l'attaque au sol en PZL, un vrai moment de bonheur les deux crottes de 12,5 kg en attaque de camp en Il2 War) ; et ensuite parce que même en 109, c'est plus facile de calculer des déflexions quand le bandit bouge pas trop.
Reste à trouver un moyen de s'en sortir sans trop de casse, surtout pour les bombers qu'en ont marre de se faire avoiner tout seuls. Deux 109 vont donc accompagner les 111 dans leur fin de vie, participer à la fête, prendre deux trois photos et essayer de rendre compte en radio des pertes (de notre côté hein, chez les autres on ose pas trop espérer) au fur et à mesure, parce qu'on est pas sûrs de rentrer pour pouvoir le faire au bar. Histoire de se rendre un minimum utiles, ils prendront quand même deux trois obus de 20, au cas où quelque chose se présente (deux Blenheim IA pour la table n°8, garçon !). Dans le plan initial, ils devaient même straffer la Flak, mais certains objectèrent que le 109 est aussi adapté pour le straff de DCA qu'un I-16 pour un looping inversé, grâce à son moteur en porcelaine et la superbe balistique de ses canons, et ils furent chargés de faire les acrobates au dessus de la base ennemie pour attirer le regard des servants avec un peu de voltige teutonne, pendant que les 111 se la jouent vicieux et passent en radada tout en larguant leurs pépètes. Ca fait toujours un poil suicide, mais bon c'est quand même déjà plus décent que l'idée du straff, donc les apparences sont sauves. Comme à toutes les missions précédentes j'ai fini en chaleur et lumière par coup de boule* aérien (ou Taran*, NDLR), je n'ai pas encore rentré de zinc à la base, et je me porte volontaire histoire de pas perdre les bonnes habitudes (surtout que je suis pas sûr de savoir encore atterrir...). Un gentil PA, probablement suicidaire, j'ai nommé Baballe, se joindra à nous.
Tous les chassous se retrouvent donc à 8h00 du mat' dans un froid à pas sortir la mascotte de l'escadrille (un ours polaire... pas trop dépaysé par le climat, ça va, mais par contre qu'est-ce que ça bouffe !) dans leur avion, alignés pour le décollage, sur cette fichue base de Calais. Comme les bombers aiment pas la compagnie des Hurris, ils prennent le chemin des écoliers (on voit bien que c'est pas eux qui sont pliés en quatre dans leur pit en poireautant) ; ils décolleront de Nuncq-Framecourt et rendez-vous est pris dans un coin tranquille, dans la zone indus de Dunkerque, au dessus de chez Maurice (on me dit que Maurice serait plutôt à Lille, mais ce ne sont que racontars de flibustiers). Ayant moins de chemin à faire jusqu'au RDV, et des pattes un poil plus courtes, on attend un peu avant de décoller, histoire de pas trop poireauter en vol en attendant les lourds. Les six premiers 109 partent chasser le veau british sur son territoire, pendant qu'avec Baballe on prend racine en se demandant si les gros tas seraient pas en train de venir à pied... La sirène de la base nous force à décoller en urgence, et même si on voit encore rien et que c'est probablement encore cet imbécile de Hans qui fait mumuse, on transmet aux six autres qui se sont mis sur une autre fréquence. On repère les deux bombers sur notre droite à une dizaine de km, le timing est quasi parfait, on a juste un poil d'avance, mais bon, ça s'explique vu qu'on ne pilote pas des charettes, nous (ça va là, je suis pas trop insultant pour les charettes ?)
Un 'tit coup d'œil autour pour vérifier que tout est clair... à droite c'est clair... gauche ok... devant o... hop hop hop c'est quoi ces deux mouches sur la mer là ? Et merd' ! Tu parles d'un RDV tranquille, v'là deux morts en sursis dans leurs cercueils (Blenheim dans la nomenclature british) qui tapent l'incruste en pénétration TBA/TBV sur la ville (ou alors ils ont pas assez de puissance pour voler réellement et utilisent l'effet de sol ? c'est p't'êt ça), cap sud-est, et se font déjà allumer par la DCA qui a la gâchette facile en ce moment. Garçon, c'était une blague hein les deux Blenheim, faut pas tout prendre au pied de la lettre non plus... Ca sent le pâté tout ça, on va encore bousiller toutes nos muns' pour les faire tomber et on va finir à sec quand on en aura besoin ; sans compter que ces types-là se promènent rarement sans les chiens de garde de rigueur... Un moment d'hésitation (bon je les descend ou pas ? 'toute façon ils feront pas deux passes avant de se faire dégommer, vu la tronche de leurs zincs... Mwais enfin si ils détruisent le bar de Maurice on a l'air fins. Allez, ça va être rapide et en étant économiques en mun' ça devrait le faire. Pis les bombers peuvent attendre, hein, d'toute façon ils ont pas intérêt à se carapater chez les rouges tout seuls, ils sont fous mais pas cons. Pour les muns' tant pis, dans tous les cas on sera tués par la Flak avant d'avoir eu le temps de dire "Was")... Le temps de discutailler avec moi-même je me suis placé dans les six des rigolos, et je commence à avoiner le second, Baballe en couverture derrière. Je lui demande de prendre le leader, le mien est déjà en train de se rapprocher bizarrement du sol, ayant épongé trois ou quatre pélos de 20. Je mets une couche de 7,7 pour la forme, lorsque les 111 se remettent à brailler en utilisant pas mal le mot Hurricane. Tiens, les chiens de garde sont passés en mode chien méchant, doivent être rancuniers les bougres. Je me retrouve derrière l'un d'eux, qui a oublié d'appuyer sur sa gâchette d'ailleurs ; je ne sais pas trop si il en a après les lourds ou Baballe, je fais donc un prix de groupe avec un break bien senti à la radio ; rien que pour voir "breaker" les 111 d'ailleurs ça vallait le coup d'essayer (vous avez déjà vu un hippopotame essayant de se retourner dans une cabine de bains ?).
Ah apparemment il a quand même capté que je lui collais aux basques, et il commence à serrer un droite, mais il desserre tout de suite et mange deux trois pélos dans l'aile droite, qui n'a pas été dimensionnée pour ça et reprend rapidement sa liberté en signe de protestation. "Splash". Le ciel a l'air clair, pourtant les 111 n'ont pas diminué les décibels... Ah ben tiens yen a encore un perché au dessus, qui s'est mis en hippodrome au dessus de la Flak à 1000 m environ. Baballe l'engage et il saute rapidement (envie de choucroute probablement, ça me le fait souvent aussi mais en général j'atterris quand même). Ce coup ci c'est la bonne, et on peut repartir tranquillou vers notre mort prochaine. Un rapide bilan avec les six chassous partis en sweep nous apprend qu'ils ont aussi été engagés, et ont envoyé deux barriques de bière au tapis sans pertes.
On se cale sur la vitesse (façon de parler hein) des 111, donc en gros à 60% de gaz histoire d'économiser la bibine, et on traverse la Manche à pas de loup, en mode furtif, c'est à dire sous les crêtes des vagues. On arrive quand même sur la côte anglaise, après avoir contourné par le nord pour arriver au 270°, bicôse ces pilotes de 111 sont des paranos finis (ben oui, et pis ça sert à quoi une escorte si on défouraille pas un peu hein ?). Notre cible est Manston, une base anglaise qui a l'air pas mal défendue mais est un peu isolée. Enfin, ça c'est ce que j'ai compris à la fin de la mission, croyant depuis le début qu'on allait se faire la main sur Maidstone, à l'intérieur des terres. Nous rencontrons quelques barcasses qu'on signale aussi vite à Oizo, le troisième larron parti en 111 à la chasse au rafiot, qui vient de passer sa spé "attaque air-mer chirurgicale à la SC-70" avec mention TB. (Note de dernière minute : on m'annonce dans l'oreillette que ça marche mieux à la SC-250, et moi qui prenait les pilotes de charrettes pour des artistes...)
Une fin peu héroïque
Rapidement, on arrive à portée de la base, et les bombers se mettent en passe bille en tête sans attendre notre lapinage et commencent rapidement à manger les pélos de 25 par paquets de dix. On suit tant bien que mal, en se demandant comment ils font pour être encore vivants ; mais on est vite rassurés sur la qualité de la DCA brit' puisque le 111 de Barda se met à fumer noir et se cale en vrille à 200 m du sol. Apparemment Furax0 n'a rien, mais on a déjà perdu 50% de notre force de frappe... On prépare un poil à l'arrache une seconde passe avec Furax0 : léger éloignement de la base sur un 270°, Immelman pour monter à 700 m et inverser le cap, puis montée jusqu'à 1000 m tandis que Furax0 reste au ras du sol (d'un autre côté, pas trop le choix vu le truc qu'il a choisi de piloter) et a déjà fait demi-tour. Arrivés verticale DCA, on se met à marsouiner comme des brutes pour amuser les servants, tandis que Furax0 essaye de transformer leurs navions en réservoirs de pièces détachées à coup de SC-50. Malheureusement Baballe mange rapidement et perd d'un coup le palo et la profondeur, ce qui rend l'avion tout de suite légèrement moins pratique à piloter, et l'envoie interagir socialement avec les taupes des environs. Du coup, je me place en plein milieu de la base, toujours à 1000 m, jusqu'à extraction de Furax0 ; une fois qu'il a fini, demi-tonneau, on tire sur le manche pour dégager le coin avant de... et paf, un bruit à l'arrière, c'était bien le moment tiens... Profondeur et palo out, ça va être sympa pour la suite ! Heureusement je n'étais pas encore en piqué prononcé et je rattrape le coup après un petit "Krasno, zombie" de derrière les fagots, remettant la bête en ligne de vol, direction la maison (enfin, la base pour l'instant, la maison on verra plus tard hein).
Je suis occupé depuis quelques minutes à trouver le régime moteur permettant de garder une assiette constante, jouant régulièrement avec les ailerons pour éviter de trop monter et ainsi rester discret, lorsque Furax0 annonce que ses mitrailleurs commencent à avoir la bougeotte. En effet, il est rapidement engagé par deux Hurricanes, à peut-être une dizaine de km dans mes 5 heures. Je distingue seulement les traçantes rouges des Hurricanes, denses, et les tirs jaunes des mitrailleurs défensifs ; je ne peux strictement rien faire avec mon avion, à part éventuellement me faire tuer, donc je me fais tout petit et je commence mine de rien à friser d'un peu plus près la flotte histoire d'éviter d'inscrire mon nom sur la to-do list des deux lanceurs de cacahuètes. Furax0 cale son zinc à l'altitude idéale pour pêcher le poisson volant, et commence à remuer du postérieur au palo pour éviter les rafales des acharnés d'en face, les empêcher de prendre l'angle mort du dessous et gêner un éventuel B&Z, tout en nous faisant partager son optimisme en radio ("Ah ben là je commence à manger grave"). Je croise de très loin Oizo, venu couler les barquasses repérées auparavant au large de Manston, qui se fait petit aussi dans son gros tas en passant à une dizaine de km du combat. Au final, Furax0 a si bien joué le coup que les deux Hurris dégagent sans demander la monnaie, peut-être à court de munitions, avant que la chasse appelée à la rescousse n'arrive sur zone.
Je suis entre temps arrivé sur la côte ; après une petite hésitation à propos de la méthode de retour (j'le tente l'atterro, j'le tente ? ), vite balayée par mon désir de revenir vivant pour une fois, je me mets en spirale ascendante au-dessus de Calais comme je peux, histoire de monter un peu avant d'utiliser mon pépin. Furax0 est en train d'arriver sur la côte, fait un peu peur à tout le monde en annonçant que son mitrailleur avant (un parano) avait l'air d'avoir contracté un syndrôme précoce de Parkinson, puis se rétracte, me permettant de m'éjecter (ah la vache qu'est-ce qu'y caille là haut !).
"Krasno OUT".
* Taran : nm, technique consistant à se transformer en munition vivante, permettant de finir en son et lumière avec de la compagnie. Est souvent utilisée pour finir en beauté une passe frontale, celle-ci étant alors généralement qualifiée rétrospectivement de "piège à cons". Si pratiquée sur des alliées, on parle de collision, l'auteur étant un "abruti". Voir aussi : J.j, Tigrou, Duel
** Coup de Boule (CdB) : Technique de destruction de véhicules, le CdB commence par une passe classique, suivie par une feinte de ressource non suivie d'effets, parfois agrémentée d'un décrochage. Elle peut être revendiquée, si l'auteur est particulièrement de mauvaise foi, comme une façon originale de baliser une zone. Le CdB contre le sol, bien que très prisé, a lui une utilité limitée, les taupes n'étant pas comptabilisées comme des cibles dans le jeu.