Oui, pour les anglais, le demi-tour en pleine mer des navires est la conséquence de leur action.
Mais pas pour les italiens, et s'agissant de navires italiens, j'aurais tendance à les croire...
Il y a de gros débats le 13 au soir, et l'arbitrage de Mussolini a été demandé le 14 au petit matin. Le Duce a tranché en faveur des aviateurs, sur la foi des assurances de Kesselring de pouvoir "terminer le job" et couler le reste du convoi le lendemain matin.
Or, les précédents attaques aériennes ont été peu efficaces jusque-là, les sous-marins et les vedettes infligeant des dégâts équivalents sur des durées beaucoup plus courtes.
Les angalsi ont aussi cru que les navires avaient été renvoyés vers l'Est pour faire face à la feinte partie de Palestine. Si en effet, les escadres se retrouveront dans le bassin oriental (à l'exception des navires touchés qui rallieront Naples), il s'agit plutôt d'une mesure préventive de la Regia Marina, qui pensait qu'un convoi de l'Est allait aussi être envoyé en décalé vers Malte.
Le pb était que de toutes les façons les réservoirs de tous ces navires étaient vides...
D'une manière générale, il faut vraiment se méfier des opinions "anglocentrées" encore dominantes sur la seconde guerre mondiale en Méditerranée (merci Liddell Hart et Osprey
).
Un exemple : les anglais connaissaient les faiblesses de Malte au 10 juin 1940, date de l'entrée en guerre de l'Italie. Et tout le monde leur emboîte le pas pour déplorer que l'île n'ait pas été prise sur un "coup de force".
Le problème quand on se penche sur le coté italien, c'est qu'il n'y avait rien pour un tel coup de force, qui n'était ni dans les objectifs de guerre du Duce, ni dans les plans (les italiens préparaient depuis 1938 des opérations de grande envergure et non des coups de force). De plus, les faiblesses anglaises étaient inconnues des italiens, qui connaissaient plutôt leurs propres faiblesses...
Il y aurait plein d'autres exemples où on se place trop facilement du seul point de vue britannique, en oubliant les contraintes et les moyens italiens, ce qui amène à déplorer des actions ou des abstentions qui étaient en fait impossibles ou très difficiles à envisager.
L'escadre en question était composée de deux divisions de croiseurs (lourds et légers).
L'article dans sa version initiale comportait plus de précisions sur cette croisière avortée, mais outre le manque de place, il s'agissait de question qui échappaient au cadre de la revue. Dans sa grande sagesse, le rédacteur en chef a donc préféré mettre l'accent sur d'autres actions
.
CM