warbird2000 a écrit : J'ai acheté surtout pour l'article de Cedric Mas. Mais j'avoue ne pas comprendre l'introduction.
Donc cela revient à ce je disais plus haut. Si l'allemagne avait concentré ses efforts sur la méditteranée au lieu d''attaquer la russie n'aurait - elle pas obtenu en afrique les ressources pétroliferes qui lui manquaient ?
Bonsoir,
Désolé du retard dans la réponse, mais j'ai été pas mal bousculé (oui-kende à Paris...), et je n'ai pu me connecter qu'épisodiquement.
L'art de la critique est difficile, mais pas autant que celui de la recevoir comme il se doit. J'accepte votre remarque car elle me semble exprimer ce que je ressens moi-même face à des évènements historiques aussi imbriqués et interdépendants.
C'est très difficile d'appréhender l'ensemble , même après des années de recherches. J'avoue que je n'avais pas la prétention de fournir des réponses définitives au lecteur dans cet article.
A l'automne 1941, l'interaction entre Barbarossa et les opérations en Méditerranée est évidente.
Dire cela signifie-t-il pour autant que sans Barbarossa les "carottes étaient cuites" pour Churchill en Egypte dès 1941 ?
Je n'en suis pas du tout convaincu.
La campagne de Rommel en Afrique se joue à mon humble avis en avril 1941 devant Tobrouk. A partir du moment où il est stoppé dans sa course échevelée, toutes les contraintes logistiques et matérielles qu'il pouvait ignorer pour une campagne de quelques jours lui "retombent" dessus... et avec les intérêts et les agios !:huh:
Les Alliés, qui ont les pieds sur terre eux, ne s'y trompent pas. Le Corporal Edmondson qui repoussa à l'arme blanche les pionniers allemands en train d'ouvrir un passage à proximité du point R33 dans la nuit du 13 au 14 avril 41, et qui mourrut de ses blessures le lendemain, reçut à titre posthume la première Victoria Cross australienne de la Seconde guerre mondiale (l'histoire de cet authentique héros, avec ses camarades du Post R33 commandés par le Lieutnant Mackell du 2/17th australian battalion reste à raconter, je vais m'y employer dans un prochain numéro d'une revue "d'hommes, de vrais..."
).
Ensuite, c'est "cuit" pour 1941, car l'Axe va mettre beaucoup de temps à amener sur place le matériel nécessaire pour prendre une forteresse solidement tenue par des australiens, puis des britanniques, polonais et tchèques (on oublie cette deuxième garnison trop souvent qui fut le gros du boulot).
Et c'est là que les limitations logistiques sont les plus flagrantes, car si les navires ne manquent pas encore trop (les escorteurs sont déjà limités), les faiblesses des ports rendent difficiles le transport des matériels déchargés à Tripoli jusqu'au front.
Malgré cela, à l'automne 1941, l'Axe est parvenu à constituer une base logistiques développée autour de Tobrouk, et il s'en est fallu de peu que l'attaque de Tobrouk ne précède celle venant d'Egypte (c'est Malte qui a coulé les convois qu'il fallait, transportant l'artillerie lourde que demandait Rommel).
Après, les opérations de Sidi Rezegh se sont jouées à pas grand chose, mais fondamentalement, l'offensive Alliée "Crusader" avait atteint son but stratégique : désorganiser l'effort de l'Axe. En obligeant Rommel à abandonner ses positions d'attaques de la forteresse et à dépenser ses réserves (ce qu'il fera en rechignant et avec retard), il perd ses capacités à prendre d'assaut une forteresse solide.
Donc même s'il avait gagné face à Auckinleck à Sidi Rezegh, il aurait fallu un nouveau délai avant de pouvoir remonter un assaut en règle de Tobrouk.
Sans Barbarossa, la montée en puissance aurait vraisemblablement été plus rapide, et l'attaque de Tobrouk aurait pu précéder "Crusader". Aurait-elle réussi ? on ne le sera jamais, mais la chute de Tobrouk aurait mis face à face les forces Alliées rassemblées en vue de Crusader intactes, et une Panzergruppe Afrika déjà usée...
Non, décidément, c'est en avril 41 que Rommel avait une chance de bondir en Egypte d'un coup... Après Tobrouk, il n'y avait plus rien (rappelez-vous que Wavell a envoyé tout ce qu'il avait en Grèce, en Mésopotamie et en A.O.I....).
Après c'est perdu pour 1941... Et sans la nullité des commandants britanniques, l'aventure de Rommel se serait terminée bien plus à l'Ouest.
Or, en avril 41, l'impact de Barbarossa est encore limité, nous pourrons tous en convenir ici...
warbird2000 a écrit :
J'ai bien compris que l'infrastructure ne permettait pas d envoyer des masses d'équipements en afrique mais si déja le carburant utilisé à l'est avait été donné à la marine italienne, le tout couvert par la luftwaffe cela aurait quand même autorisé plus de cargos a délivrer leur materiel.
Les infrastructures portuaires cela peut s'améliorer aussi. IL y'avait aussi l'option de remplacer les troupes italiennes peu performantes par des troupes allemandes.
Maintenant , c'est un gros whatif, hitler depuis le départ avait l'intention d'envahir la russie . Si mes souvenirs sont bons, en 14-18, la russie avait attaqué l'allemagne quand elle était sur le front de l ouest (edit)
Outre les problèmes posés par une irruption germanique dans une sphère d'influence transalpine ("stupido tedesco !"), qui sont d'ors et déjà dirrimant à eux seuls (remplacer les italiens par les allemands cela revient à envahir l'Italie... en 1941 !),
votre raisonnement revient à imaginer qu'Hitler puisse analyser clairement les tenants et les aboutissants géopolitiques et stratégiques de ses campagnes pour achever la Perfide Albion dans ses possessions les plus vitales. Cela suppose donc qu'Hitler soit différent de ce qu'il fut... Ce qui remet en cause l'invasion de septembre 39...
Ce What if est totalement improbable. Cela me fait penser (sans vouloir blesser personne) à ceux qui s'imaginent qu'avec une autre politique vis à vis des populations locales au cours de Barbarossa, la Wehrmacht aurait pu "retourner" le peuple russe et vaincre l'Armée Rouge... C'est une belle vision de l'esprit, dans son fauteuil un dimanche après-midi, 60 ans après... Mais c'est oublier que la raison d'être de Barbarossa n'est justement pas de libérer les russes du communisme. Donc la prétendue clé d'un succès rapide en Russie réside dans la remise en cause des buts de guerre de la campagne.... Difficile d'y croire.
En analysant plus en profondeur les opérations en Méditerranée, il est vrai que l'on peut envisager des modifications importantes des choix allemands qui auraient à mon avis changé beaucoup de choses :
Pourquoi l'Allemagne refuse-t-elle de livrer le matériel de guerre réclamés par les italiens (qui savent aussi bien s'en servir que les allemands) et préfère-t-elle envoyer des troupes de très bonne qualité qui vont lui manquer ailleurs (et que les italiens ne réclament pas) ?
C'est une question intéressante : les italiens n'étaient pas plus mauvais que les allemands, mais en revanche leur matériel n'était pas du tout au niveau.... Ils ne cessèrent de réclamer des livraisons massives de Panzer (III et IV) de 88, de moteurs, de radios, de radars....
Au lieu de cela on leur envoie des unités complètes, commandées par des officiers imbus de leur supériorité et qui se comporteront de la pire des manières avec leur Allié (Rommel n'était vraiment pas, au vu de sa carrière, celui à envoyer combattre
aux cotés des italiens..., j'ai d'ailleurs appelé le choix d'Hitler : une "erreur de casting").
Il y a là une faute majeure, et qui n'était pas incompatible avec les buts de guerre de l'époque(Méditerranée = théâtre secondaire, donc on n'evoie que du matos et on garde ses troupes d'élites).
Le reste me semble trop éloigné des réalités et des contingences de cette période. On ne peut blâmer les acteurs de l'époque de ne pas avoir su comment cela allait finir.
Pour revenir à l'article, ma principale découverte est que tous les torts ne furent pas à Berlin et Rome. Kesselring et Rommel portent aussi leur part de responsabilité. Le manque de vision stratégique et logistique est ainsi une des spécificités majeures des grands commandants de l'armée allemande en Méditerranée, comme ailleurs....
Une autre est qu'à la suite des anglais, on "donne" un peu trop vite la victoire à l'attaque dans C3/Herkules... La prise de Malte n'était pas du tout assurée pour l'Axe (signalons ici que les parachutistes doivent ainsi tenir au minimum une journée pleine avant les débarquements.... c'est long sur un si petit espace...).
Bonne lecture et encore merci de vos remarques, compliments, et critiques chaleureuses, ces débats sont autant d'encouragements à poursuivre et je trouve beaucoup de plaisir à partager avec vous le fruit de mes quelques cogitations pas toujours fulgurantes
CM