D'après une mission avec CFS 3 (pas taper....) plus l'addon Firepower, et l'éditeur de mission. Romancé, et inspiré d'une certaine BD.
08 août 1943, quelque part dans le Lincolnshire….
Berlin…pas de surprise, avec un plein d’essence complet de 2154 gallons il fallait s’en douter. Je visualise tout comme Andrew, le navigateur, le trajet d’arrivée.
Flak un peu partout. La Luftwaffe est aussi sur les dents.
Formation de bombardier aussi dense que possible, dans un noir et un silence radio absolu.
La machine se met en route. Ce soir, un raid important est prévu sur Cologne. Ensemble, tous les équipages prennent notes du briefing. Celui-ci est ponctué de quelques petites touches d’humour :
« Ce soir, un pilote de Me 110 est malade et ne prendra pas l’air… »
« Un canon de DCA s’est enrayé la nuit dernière….. »
Mais nous n’avons pas franchement envie de rire. Nous nous dirigeons vers une autre salle pour prendre en compte nos parachutes puis pour l’oxygène.
Bien que le stress soit présent, les discussions vont bon train quand même.
22h32
Une camionnette nous conduit à pied d’œuvre…
D-Dolly. Le voici. Un Lancaster de 35 tonnes. NOTRE Lancaster. 23 missions effectuées dont 15 pour nous. La moyenne est de 11. Pas mal non ?
Chaque membre d’équipage monte et prend ses fonctions. Il y a le mitrailleurs arrière, le plus vulnérable, le mitrailleur dorsal, le radio, le navigateur, le bombardier, le mécanicien navigant et moi-même, le pilote. Un bon équipage. Dolly peut en être fier.
Peter, le mécano fait démarrer les moteurs, commençant par celui de l’intérieur à tribord. Même chose au même moment dans une cinquantaine de terrains de l’est de l’Angleterre.
Faire le taxi avec un Lancaster c’est pénible. La piste fait 50 pieds de large. On peut seulement jouer avec les gaz des moteurs extérieurs et actionner les freins. Si une roue sort de la piste, un « Lanc’ » s’enlise bêtement dans l’herbe qui borde de la piste et bloque ceux qui suivent. Un incident comme ça peut faire foirer tout un raid.
23H09
Le feu vert est donné. Chargé avec Douze bombes de 500 livres et un « cookie » de deux tonnes de méthanol, Dolly fait des siennes pour prendre son envol. Ouf. On a passé la crête des premiers arbres.
Il nous faudra une heure pour grimper à 20 000 pied et former une seule vague de bombardier. Et cela dans un silence radio absolu.
210 miles à l’heure, cap sur le 90 « magnetic »
Les mitrailleuses sont essayées au dessus de la mer du nord. Les allemands ont déjà dû nous cueillir sur leur radar.
Nous passons les côtes néerlandaises. Tout est d’un calme. Le vombrissement de mes quatres moteurs merlin me rassure.
Dehors, nous ne les voyons pas, mais 600 gros bombardiers comme Dolly forment une formation serrée.
Et toujours ce silence. J’ai même pas l’impression de bouger, l’obscurité hôte tout repère….
« Skipper ? »
Andew, le nav’….
« …. ? »
« C’est le troisième Reich en dessous…. »
Le nuit est sérieusement entamée. L’enfer s’apprête à pointer son nez. Au loin, des projecteurs, les maudits mouchards de la nuit. Quelques tirs de DCA ci et là….Nous continuons inexorablement notre route.
« Baaammmmm…..bammmm , bmm »
Un éclair, puis deux, et cet aveuglement, le même, toujours le même…..la Flak. Ca canarde ce soir. Le Lancaster a bougé. Mais tout semble normal.
J’abaisse mon siège pour chercher refuge dans l’obscurité.
Je vise les marqueurs d’objectifs, le résultat des « pathfinders », charger des marqueurs justement les objectifs. C’est une parade, car les allemands allument des feux dans les campagnes pour nous induire en erreurs.
Le raid est entamé.
Très vite, il atteint son effroyable paroxysme. Les marqueurs sont sans cesse renouvelés.
« Des projecteurs skippers, ils approchent »
Merde. C’est pas le moment. La Flak tonne toujours. Lorsqu’un obus nous pète à proximité, on peut entendre les impacts sur la carlingue. Rien de rassurant me direz vous.
…
…
…
« On approche skipper, continue comme ça….tout droit »
« …là, doucement……à gauche…..à gauche….à gauche… »
A ce stade, le bombardier commande l’avion, le pilote suit aveuglément les instructions….
« du calme….ramène à droite, caaaaaalme… »
En bas c’est l’enfer…Cologne….une ville en proie aux flammes. La fumée, les flammes qui éclairent la nuit. C’est un spectacle dantesque, mais sordide. Le bombardiers peut voir les multiples impacts, les embrasements généraux.
Des quartier entiers sont rasés, des pans de ville sont enflammés.
« à gauche…calme…ramène un peu à droite……STOP, ARRIERE TOUTE !!!!!! »
Je m’enflamme : « PUTAIN DE MERDE DANY ? QU EST-CE QUE TU FOUS ENFIN ? »
« Je plaisante skipper, bombe lâchées. »
Le Lanc’ se cabre lorsque les bombes sont lâchées. La soute refermée, je pique d’un angle sec à droite.
Tout n’est que flamme et chaos en bas, durant mon virage je peux apercevoir de multiples explosions, des morceaux de villes entièrement dévastés. Quel spectacle horrible….le raid est à son apogé…des lumières, des projecteurs, des tirs de DCA, des bombardiers qui s’abattent en flammes, et nous, avec cette impression de solitudes au milieu de cet enfer…Quoique…avec toute cette luminosité j’arrive à voir…à discerner quelques bombardiers.
« Allez on se tire, il commence à faire chaud ici »
Le mécano, il a pris place à mes côtés…
« Oui comme tu dis, ….. »
…
…
… «…. Il en ont épinglé un, S-Sally je crois…. »
S-Sally….le pilote je le connais pas trop…il me semble que c’est son troisième raid…
Je suis pas fier, mais je pense : « mieux vaut eux que nous, aux moins tous les projecteurs se concentrent sur lui et nous on a la paix…. »
Maudits projecteurs…ils collent aux trains….La Flak suit….et ne tardent pas….
Dans un déluge de feu, de morceaux éparpillés, S-Sally explose et plonge……nous assistons à la scène impuissant.
…
« Mon dieu….quelqu’un a vu des parachutes ? »
« Je sais pas, faisais trop noir, mais ils ont probablement dû sauter »
…
…
…
« Oui sûrement !!Ils ont dû sauter… »
« Pilote au navigateur…Andrew, reste aux aguets, si on se perd je t’appelle. »
« Pas de problème skipper »
Une simple précaution pour la chasse de nuit…la Luftwaffe rôde…Me 410, Me 110, Do 217, ils sillonnent le ciel à la recherche de la proie facile. Les tourelles pivotent sans cesse…notre vie dépend de celui qui a vu l’autre en premier….
Je maintiens le cap sans trop d’écart, malgré la flak et les projos…
Je grimpe un peu jusqu’à me retrouver dans le noir.
Nous nous éloignons progressivement de l’enfer. Mais la mission n’est pas terminée, il nous faut revenir…..
Toujours ce silence…..la luminosité ambiante d’alors, due au brasier, laisse place à cette obscurité toujours accablante…et cette peur du chasseur qui rôde….
Toujours encore, quelques projecteurs, quelques tirs de la Flak…..
Puis, la Hollande…Texel…la mer du nord….
Je pense...rien de nous faisais plus plaisir que d’admirer au retour le lever du soleil.
Survivre à l’apocalypse d’une nuit, et retourner calmement et regarder les rayons rasants du soleil. Pour nous, soldats de la nuit qui appartenions au Bomber Command cela avait de l’importance…la fin de la nuit signifiait en quelque sorte la fin….en revanche, la tombée de la nuit était pour nous le début du cauchemar…
Les côtes anglaises….que de bonheur de les franchir…café en main, je regarde avec le mécano le paysage qui défile. Dolly nous ramène calmement. Aujourd’hui cette sacré caisse s’en ai tiré.
Je m’autoriserai bien une clope, mais le mécano ne serait pas d’accord. Pourtant je suis sûr qu’il s’en fumerait une bonne aussi !!!
« …crrrr…Roger, U-Uncle….stand at 1500.. »
“…K-King, checking in….”
“Roger King”
“V-Victor, checking in”
“….roger V-Victor”
“Crrrr…..T-Tango, ccrr…mayday mayday les gars….j’ai à peu près tout perdu sauf les ailes….”
« Roger Tango, engagez l’atterrissage piste deux.. »
Le balai incessant des appareils rentrant commence…enfin incessant…il faut dire que certains arrivent au compte goutte aussi…
« D-Dolly, checking-in »
“Roger Dolly, stand at 1500”
L’atterrissage se fait en douceur. Je ramène le Lanc’ au parking, s’engage les procédure d’arrêt des moteurs. Enfin, nous descendons de l’appareil. Je me suis toujours amusé de voir les gueules des gars lorsqu’ils enlevait leur masques, leur teint blafard sali de noir avec la trace de leur masque…
Je contemple D-Dolly pour une dernière fois avant de filer au débrief’ général. Interminable et chiant comme la pluie d’ailleurs.
La bonne rasade de Rhum nous fera du bien ensuite pour le réveil…réveil aussi pour ceux qui déferont les lits inoccupés, qui récupèreront les paquetages et les casiers des équipages manquants. Certains, comme moi, s’obstinent à fermer à clef leurs casiers….je pense qu’il ne faut pas tenter le sort…
Ce matin là, trois bombardiers ne sont pas rentré….
Nous on a eu de la chance une fois de plus….Dolly nous a ramené à bon port. Ce soir là « ils » n’en avaient pas après nous. Pas après Dolly. Une mission de plus pour nous. Nous avons eu encore une certaine chance. Pourvu que ça dure…..pour combien de temps encore ? Combien de temps ?
Pélican 72, en espérant que ça vous a plu cette fois.
^_^ . Mais je le conçois tout à fait, on peu lire et apprécier sans poster ^pour autant une réponse. (Parfois j'aime faire mon Caliméro 
