Une chance pour le Rafale au Portugal ?
Le Portugal fait une croix sur le F-35 alors que le Rafale passe en pole position
Lors d’une interview, Nuno Melo, ministre de la Défense portugais confirmait la volonté de son gouvernement de ne pas se tourner vers l’avion de combat F-35 Lightning II américain. En revanche, le remplaçant des F-16 Fighting Falcon devrait plutôt venir d’Europe. Si une condition est importante à une future décision ferme, les options en Europe sont en réalité assez minces, avec le Rafale comme seul compétiteur.
Interview
Le 13 mars, le journal Publico publiait une interview de Nuno Melo, ministre de la Défense portugais et chef du parti politique CDS. Parmi les questions, le futur de la Force aérienne portugaise a été discuté :
[Question] L'Europe prépare un important paquet financier pour la défense. Si le gouvernement AD est à nouveau élu, approuvera-t-il l'achat de l'avion F-35 ?
[Réponse du ministre] "Les F-16 sont en fin de cycle et nous devons réfléchir à leur remplacement. Mais dans nos choix, nous ne pouvons pas être indignés par la géopolitique environnante. La position récente des États-Unis, dans le contexte de l'OTAN et au niveau géostratégique international, doit nous faire penser aux meilleures options, car la prévisibilité de nos alliés est un plus grand bien à prendre en compte. Nous devons croire que, dans toutes les circonstances, ces alliés seront de notre côté. Plusieurs options doivent être envisagées, à savoir dans le contexte de la production européenne et compte tenu également du retour que ces options peuvent avoir pour l'économie portugaise."
"[...] Et notre allié, qui pendant des décennies a toujours été prévisible, peut apporter des limites dans l'utilisation, la maintenance, les composants, tout ce qui a à voir avec la garantie que l'avion sera opérationnel et sera utilisé dans toutes sortes de scénarios."
Il est donc clair et net que l'imprévisibilité de la Maison-Blanche a eu un effet pro-européen sur le ministre de la Défense portugais : face à la menace de voir les systèmes d'entretien déconnectés ainsi que le risque de blocage de l'approvisionnement en pièces détachées, l'avion de combat F-35A Lighning II a perdu sa place de préférence au niveau du remplacement des F-16AM/BM Fighting Falcon portugais.
Une condition importante
Le 11 mars, le gouvernement en place avait subi un vote de méfiance, obligeant le premier ministre Luís Montenegro de donner sa démission et ouvrant la voie à de prochaines élections anticipées. Et comme expliqué dans la question même du journaliste, citée précédemment, il faut que ces élections permettent au gouvernement actuel d'être élu à nouveau pour qu'il continue dans cette voie.
À noter que si ce sera le cas, le choix est assez court. En effet, en Europe, trois constructeurs produisent des avions de combat de premier plan. Il y a tout d'abord Airbus et son Eurofighter, développé et produit en Europe (structure, propulsion,...) mais qui a vu l'intégration de certains systèmes américains. Il y a par exemple l'intégration annoncée en 2023 d'un écran large dans le cockpit... de Collins Aerospace, filiale de l'entreprise américaine RTX. De fait, la moindre exportation doit avoir l'accord américain... sauf si l'avionneur arrive à remplacer ces pièces par des équivalents européens.
Un autre choix pourrait se porter sur l'entreprise suédoise Saab et son avion de combat Gripen. Mais là aussi, les États-Unis ont un droit de veto. Pour ne citer qu'un exemple, le réacteur RM12 de l'appareil a été développé et produit sur la base du F404 de General Electric.
Enfin, troisième et dernière option : Dassault et son Rafale. Il s'avère que cet appareil est le seul totalement indépendant du moindre industriel américain. D'ailleurs, lors de l'interview, sans citer le Rafale explicitement, une question sur un futur achat d'avions français a été posée au ministre Melo. Malheureusement, sa réponse fut assez brève :
"C'est une discussion que je n'aurai pas ici."
Affaire à suivre donc, mais après les élections portugaises et surtout, la formation d'un gouvernement/gouvernement de coalition majoritaire.