C'est même à ça qu'on les reconnaît 2
Pour rappel, le 1 :
https://www.opex360.com/2025/02/01/selo ... -du-futur/
Article OPEX 360, avec le titre : Selon le Sénat, la Turquie serait intéressée par une « contribution » au Système de combat aérien du futur
https://www.opex360.com/2025/02/01/selo ... -du-futur/
(...)
les contentieux entre la Paris et Ankara s’étant multipliés (...) et cela au point que, malgré son appartenance à l’Otan, la Turquie a pu être considérée comme un « compétiteur », notamment en raison de la « guerre informationnelle » qu’elle a menée contre les forces françaises en Afrique, son attitude à l’égard de la Grèce et de la République de Chypre, ses interventions militaires contre les Forces démocratiques syriennes [FDS], son appui à l’Azerbaïdjan contre l’Arménie ou encore ses activités en Libye. En juin 2020, l’illumination de la frégate « Courbet », alors en mission pour l’Otan en Méditerranée, par le radar de conduite de tir d’un navire turc a été l’incident le plus sérieux entre les deux pays. Dans le même temps, la France a apporté son soutien à la Grèce, ce qui s’est traduit par la signature d’un accord militaire prévoyant une clause de défense mutuelle ainsi que par la vente de vingt-quatre Rafale et de trois frégates de défense et d’intervention [FDI].
Cela étant, il semblerait que les relations franco-turques soient en train progressivement de se « réchauffer ». En novembre dernier, la frégate Courbet a ainsi fait une relâche opérationnelle à… Istanbul, comme si l’incident survenu quatre ans plus tôt avait été « oublié ». Plus récemment, Athènes a demandé des explications à Paris sur la possible vente de missiles air-air Meteor à Ankara, ce qui pourrait effacer l’avantage pris par ses forces aériennes sur leurs homologues turques grâce au Rafale.
Puis, publié fin janvier, un rapport produit par cinq sénateurs de la commission des Affaires étrangères et de la Défense s’étant récemment rendus en Turquie [à savoir Christian Cambon, Olivier Cigolotti, Nicole Duranton, Sylvie Goy-Chavent et Jean-Marc Vayssouze-Faure], a plaidé en faveur d’un « renforcement de la relation franco-turque afin d’agir conjointement pour la paix ». « Les membres de la délégation considèrent que le renforcement de la confiance entre les deux pays doit constituer un objectif prioritaire dans le prolongement du dialogue politique renoué à l’occasion de cette visite sénatoriale », ont fait valoir les rapporteurs.
« Cette confiance nécessaire, fondée sur le respect mutuel et la reconnaissance du rôle incontournable des deux pays dans le monde méditerranéen, doit être consolidée par des décisions fortes en matière de coopération économique, militaire, culturelle, éducative et décentralisée, mais aussi par l’affirmation de convictions partagées concernant le respect du droit international et la volonté de résoudre les conflits régionaux par le dialogue et la recherche de compromis justes et équitables », ont-ils ajouté. Ainsi, le rapport avance que la « confiance entre la France et la Turquie […] doit aussi pouvoir s’affermir dans les coopérations militaires bilatérales qui nécessitent le plus haut niveau de confiance et constituent une priorité pour les interlocuteurs turcs rencontrés ».
Tel est le cas du général lkay Altýndað, directeur général de la sécurité au ministère de la défense. Selon les rapporteurs, celui-ci a rappelé que la « Turquie avait engagé plusieurs coopérations avec des États européens – notamment avec l’Espagne sur les porte-hélicoptères et avec l’Allemagne sur les sous-marins – tout en ajoutant qu’elle prévoyait de lancer de nouveaux programmes concernant notamment les drones sous-marins ». En outre, ont-ils ajouté, le général Altýndað « a appelé de ses vœux une reprise des échanges avec la Direction générale de l’armement [DGA] afin d’examiner dans quelle mesure des collaborations pourraient être engagées entre les entreprises turques et françaises compte tenu des projets envisagés par la Turquie ».
Aussi, le rapport estime qu’il serait « particulièrement pertinent de procéder à une revue stratégique commune afin d’examiner les sujets d’intérêt communs et de signifier qu’une page a bel et bien été tournée ». Or, l’avenir de l’aviation de combat pourrait faire partie de ces « sujets d’intérêt communs ». Du moins, c’est ce qu’ont suggéré les responsables de la Présidence des industries de défense turques [l’équivalent de la DGA] rencontrés par cette délégation sénatoriale. Le rapport fait état d’échanges qui « ont permis de prendre la mesure de la diversité et de l’expertise des entreprises turques de l’armement qui permettent au pays de disposer d’un large choix de drones, missiles, roquettes, véhicules blindés ».
Ces responsables, poursuit-il, ont « par ailleurs indiqué que la Turquie avait la volonté de développer un chasseur de 5ème voire de 6ème génération » et qu’elle « était intéressée pour contribuer au SCAF [Système de combat aérien du futur] en rappelant qu’elle avait été partenaire des programmes Cougar et A400M ». Étant donné qu’elle développe actuellement un avion de combat censé être de 5e génération [le « Kaan »] en bénéficiant d’un appui britannique, via l’implication de BAE Systems et de Rolls-Royce, la Turquie aurait probablement souhaité être invitée à prendre part au Global Combat Air Programme [GCAP], mené par le Royaume-Uni, l’Italie et le Japon. Aussi, son intérêt pour le SCAF peut sembler surprenant…
Mais le fait que le général Altýndað ait évoqué les coopérations en cours avec l’Espagne et l’Allemagne n’est sans doute pas anodin… puisque ces deux pays participent au développement du SCAF aux côtés de la France. Quoi qu’il en soit, même si la Belgique a récemment été admise en tant que pays observateur, il n’est pas question d’ouvrir le SCAF à d’autres partenaires pour le moment.