Article OPEX 360, avec le titre : La France et l’Allemagne ont l’intention de nouer une coopération en matière de « frappes à longue portée »
https://www.opex360.com/2024/05/30/la-f ... ue-portee/
Dans leur rapport intitulé « l’industrie de défense, pourvoyeuse d’autonomie stratégique en Europe ? », les députés Jean-Louis Thiériot et Jean-Charles Larsonneur ont estimé que la France avait jusqu’à présent « trop misé » sur la coopération avec l’Allemagne au cours de la dernière décennie et plaidé pour une diversification des partenariats avec d’autres pays européens, à commencer par la Suède et la Pologne.
Parmi les arguments qu’ils ont avancés, les deux parlementaires ont notamment cité l’abandon ou la suspension de trois des cinq programmes majeurs lancés en 2017 par le président Macron et la chancelière Merkel. (...) (Ainsi) le programme d’artillerie du futur « Common Indirect Fire System » [CIFS] a été repoussé à une date indéterminée », ont-ils détaillé. Effectivement, le CIFS, qui prévoit le renouvellement des capacités en matière d’artillerie, ne se concrétisera pas avant 2045. Mais cela n’empêche nullement les industriels français et allemands de mener des travaux dans le cadre de projets financés par la Commission européenne, à savoir FIRES [Future Indirect fiRes European Solutions] et E-COLORSS [European COmmon LOng Range indirect Fire Support System], le second visant à « préparer une solution européenne » pour un nouveau lance-roquettes multiple.
Cela étant, le renouvellement des capacités terrestres de frappes dans la profondeur, qui reposent actuellement sur le LRU [Lance-roquettes unitaire] pour l’armée de Terre et le MARS II pour la Heer, est déjà engagé, la France et l’Allemagne suivant chacune leur propre voie. Ainsi, la Direction générale de l’armement [DGA] a indiqué qu’elle lancerait un « partenariat d’innovation » afin de développer une capacité de « Frappe Longue Portée » et d’acquérir « au moins 13 » systèmes avant 2030. Pour ce projet, Safran s’est associé à MBDA tandis que Thales en a fait autant avec ArianeGroup. L’enjeu est de permettre à l’armée de Terre de frapper une cible située à 150 / 500 km de distance. Côté allemand, d’après des documents évoqués en janvier par le Bundestag, il serait question d’une commande de systèmes EuroPULS, proposés par un tandem formé par KNDS Allemagne [ex-Krauss Maffei Wegmann] et Elbit Systems. En outre, MBDA Deutschland a développé le Joint Fire Support Missile [JFS-M], affichant une portée supérieure à 300 km et pouvant être mis en réseau.
À l’issue du Conseil franco-allemand de défense et de sécurité, qui a conclu la visite d’État que vient de faire le président Macron en Allemagne, l’Élysée a publié un déclaration commune selon laquelle Paris et Berlin ont affirmé leur volonté de « renforcer la sécurité européenne et, plus largement, euro-atlantique, notamment grâce à des capacités de défense européenne solides et crédibles ». Aussi, poursuit le texte, « la France et l’Allemagne continueront à contribuer aux discussions sur le développement de l’industrie de défense européenne, à combler leurs lacunes stratégiques et à réduire leur dépendances technologiques et industrielles ». À ce titre, les deux pays ont annoncé qu’ils engageraient, « avec leurs partenaires », une « coopération générale et inclusive à long terme dans le domaine des frappes à longue portée », ce qui « suppose de renforcer la base industrielle et de défense européenne pour améliorer leurs capacités militaires ».
Ayant pourtant l’habitude de se faire l’interprète des intentions présidentielles, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, n’a guère été plus précis sur cette coopération « dans le domaine des frappes à longue portée ». Cela étant, celle-ci avait été évoquée par Boris Pistorius, son homologue allemand, lors d’une conférence de presse commune donnée en mars dernier au sujet du Système principal de combat terrestre [MGCS – Main Ground Combat System]. En effet, il avait indiqué avoir reçu un mandat pour faire « progresser le développement de missiles pour des frappes à longue portée ». Seulement, sollicité par le site spécialisé Hartpunkt pour avoir plus de précision, le ministère allemand de la Défense s’était refusé à faire le moindre commentaire.
(...)
Ouais... Autant dire qu'on n'est pas arrivé...