Article OPEX 360, avec le titre : Lockheed-Martin fournira le futur intercepteur du bouclier antimissile américain pour 17 milliards de dollars
https://www.opex360.com/2024/04/19/lock ... e-dollars/
Lancé dans les années 1990, le programme Ground-based Midcourse Defense [GMD, appelé « National Missile Defense » jusqu’en 2002], vise à protéger le territoire des États-Unis contre les missiles balistiques.
Ayant coûté, jusqu’à présent, plus de 40 milliards de dollars, ce « bouclier antimissile » s’appuie sur un réseau de différents modèles de radar [Sea-based X-band Radar, AN/TPY-2, PAVE PAWS] fournis par Raytheon, le système de commandement et de contrôle C2BMC [Command, Control, Battle Management and Communications] développé par Northrop Grumman, et de missiles intercepteurs GBI [Ground-Based Interceptor] qui, produits par Orbital ATK, sont déployés à Fort Greely [Alaska] et sur la base aérienne de Vandenberg [Californie]. Le missile GBI emporte un « élément de collision » qui, appelé EKV CE-II [Exoatmospheric Kill Vehicle Capability Enhancement II] et développé par Raytheon, sous la maîtrise d’œuvre de Boeing, est censé détruire une cible par impact.
Seulement, ce dernier n’ayant pas totalement convaincu après avoir connu presque autant d’échecs que de succès lors de tests, l’agence de la défense antimissile américaine [Missile Defense Agency, MDA] lança le programme RKV [Redesigned Kill Vehicule], confié à Boeing, avec Raytheon comme principal sous-traitant. Et cela avec l’objectif d’une entrée en service en 2025. Mais après avoir investi 1,2 milliard de dollars dans ce projet, le Pentagone annonça sa décision d’y mettre un terme après avoir « déterminé que les problèmes de conception technique étaient insurmontables » et que son coût risquait de devenir « prohibitif ».
Quelques mois plus tard, la MDA lança un appel d’offres pour le développement et la production d’un « intercepteur de nouvelle génération » [NGI]. Puis, en mars 2021, elle annonça la pré-sélection de deux industriels, à savoir Northrop Grumman [associé à Raytheon] et Lockheed-Martin, allié avec Aerojet Rocketdyne… qui, avec General Atomics Electromagnetic Systems, s’était aussi rapproché de Boeing… dont l’offre fut écartée. Les deux industriels retenus devaient alors chacun effectuer une revue de conception préliminaire, avant d’enchaîner avec un examen critique de conception censé durant un an. Le choix du Pentagone était alors attendu à l’issue de ce dernier.
Alors que la première de ces deux phases s’est récemment achevée, la MDA a décidé d’accélérer le processus en attribuant, sans attendre, le contrat de développement et d’intégration du NGI à Lockheed-Martin, l’objectif étant de prononcer une première capacité opérationnelle d’ici la fin de l’exercice fiscal 2028, au plus tard. La décision de la MDA est « basée sur la maturité technique, les données objectives de performance fournies par l’industriel, la rigueur technique dans le processus de développement et les premiers tests intégrés au programme dès le début », a expliqué l’agence du Pentagone.
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Potentiellement, la valeur du contrat attribué à Lockheed-Martin pourrait s’élever à au moins 17 milliards de dollars. Par ailleurs, le 12 avril, l’industriel a aussi obtenu un contrat à livraison indéterminée et à quantité indéfinie concernant la modernisation du système C2BMC, lequel pourrait valoir jusqu’à 4,1 milliards de dollars sur 10 ans si la MDA exerce toutes les options disponibles.