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Afin de ne pas s’exposer à des sanctions américaines pour avoir signé des contrats auprès de l’industrie russe de l’armement, l’Égypte aurait renoncé à prendre possession de vingt-quatre [ou trente] avions de combat Su-35 « Flanker E », commandés en 2018. Depuis, le sort de ces appareils, qui ont été construits, fait l’objet de diverses spéculations.
Ainsi, certaines sources affirmèrent que quelques exemplaires avaient quand même été livrés à la force aérienne égyptienne. Ce qui n’a jamais pu être confirmé. D’ailleurs, le renseignement en sources ouvertes laissait à penser que ces Su-35 n’avaient pas quitté le tarmac de l’usine d’aviation de Komsomolsk-sur-Amour [KnAAPO] où ils furent assemblés.
En décembre 2021, il fut avancé que ces avions pourraient être repris par l’Iran, dont l’aviation de combat repose en grande partie sur des appareils américains [F-5 Tiger, F-14 Tomcat] acquis avant la révolution islamique de 1979.
En effet, à l’époque, Moscou et Téhéran devait signer un accord de partenariat stratégique, englobant les affaires de défense et de sécurité, à l’occasion d’une rencontre entre le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue iranien, Ebrahim Raïssi, au Kremlin, au début de cette année.
Seulement, aucune annonce ne fut faite par la suite. Cela étant, en septembre dernier, le général Hamid Vahedi, le chef des forces aériennes iraniennes, affirma qu’il espérait obtenir des « chasseurs de génération 4+ » auprès de la Russie. Ce qui était référence à peine voilée au Su-35 Flanker E russe. « La décision de les acquérir reviendrait à l’état-major des forces armées iraniennes », avait-il cependant précisé.
Cela étant, les jeux étaient a priori déjà faits… En août, un compte Twitter spécialisé dans le renseignement en sources ouvertes avança en effet que des pilotes et des techniciens iraniens se trouvaient en Russie pour prendre en main le Su-35. Mais il ne fut pas possible de confirmer cette information de manière indépendante, aussi cohérente fût elle, comme le souligna l’Institute for the Study of War.
Puis, le renseignement américain affirmé que Moscou s’apprêtait à se procurer plusieurs types de drones auprès de Téhéran, dont des Shahed-129, des Shahed-191 [copie d’un RQ-170 Sentinel américain qui s’était écrasé en Iran, ndlr] et des Shahed-136, des munitions téléopérées. Et les Su-35 initialement destinés à l’Égypte devaient faire partie de l’accord.
Depuis, des Shahed-136, rebaptisés Geran-2, ont été utilisés par les forces russes en Ukraine… Et d’autres armes iraniennes pourraient faire leur apparition prochainement. Ainsi, selon le renseignement américain, la Russie et l’Iran envisageraient une production commune de « drones tueurs ». Et, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale, à la Maison Blanche, John Kirby, a rappelé que Téhéran a l’intention de vendre des « centaines » de missiles balistiques à Moscou.
Mais cette « aide va dans les deux sens », a souligné M.Kirby. « La Russie offre à l’Iran un niveau sans précédent de soutien militaire et technique », au point de transformer « leur relation en partenariat de défense plein et entier », a-t-il soutenu, le 9 décembre. Et il a confirmé que la formation des pilotes iraniens sur des Su-35 avait débuté au printemps. Selon lui, ces avions pourraient être livrés à Téhéran « l’an prochain », ce qui « augmenterait significativement [ses] capacités aériennes ».
Quoi qu’il en soit, pour Washington, ce partenariat militaire constitue une « menace non seulement pour l’Ukraine, mais aussi pour les voisins de l’Iran dans la région ». Aussi, « nous utiliserons tous les moyens à notre disposition pour dévoiler et perturber ces activités et nous sommes prêts à en faire plus », a assuré John Kirby.