D'abord pourquoi diable suis-je allé acheter un quest pro alors que presque personne ne semble l'avoir considéré pour la simulation ? Et bien j'avais un Vive Pro 2 ... déjà un casque que presque personne ne considérait à l'époque car beaucoup plus cher et pas si mieux que le Reverb G2, mais mon Reverb G2 m'avait fait des misères en développant des taches noires sur les écrans, et je n'avais donc pas envie d'en acheter un deuxième. J'étais satisfait de mon Vive Pro 2, mais je venais de changer de config PC et je me disais que j'allais upgrader mon casque aussi (parce que je le vaux bien
).J'ai regardé du côté du Varjo Aero, mais quand même ... le prix ... ça pique, et quand on voit des retours de personnes qui disent que leur assurance qualité n'est pas bonne et que tu risques de te retrouver avec un casque avec des défauts ... à ce prix.
Bref, je suis ensuite tombé sur une vidéo de Lukas S. qui affirmait tout simplement que le quest pro était son choix pour DCS. Rien que ça ! J'avoue que j'ai été plus impressionné par le calme de sa voix, la technicité de son exposé et le fait qu'il ait acheté à un moment ou un autre la plupart des casques du marché que par des youtubeurs qui balancent leurs "amazing" en criant sur le dernier casque qui vient de sortir tout en avouant qu'ils n'y connaissent rien en VR. La vidéo est assez longue et en anglais, aussi laissez moi résumer son propos.
Lukas S. pense que la plupart des acheteurs de casques VR se focalisent sur peu de spécifications chiffrées comme la définition des écrans et le FOV horizontal, ce qui a poussé certains constructeurs à se focaliser là dessus au détriment de certaines caractéristiques plus difficiles à chiffrer ou qui semblent moins importantes. Il définit ainsi des caractéristiques "délaissées" qui sont :
- la qualité de la restitution des couleurs
- l'aberration chromatique (ces franges colorées qui apparaissent entre des plages de couleur différentes)
- la luminosité des écrans
- la profondeur des noirs
- le taux de recouvrement des FOV des deux écrans/lentilles (autrement dit la portion de l'image qui n'est pas en 3D car visible par un seul oeil)
- le vrai FOV horizontal (pas celui qui est annoncé par le constructeur)
- le FOV vertical
- la portion du FOV qui est réellement nette (le fameux sweet spot)
- la qualité technique de la reprojection
- la perception de la 3D (oui, il ne suffit pas le mettre deux écrans avec deux lentilles en face des deux yeux pour que la perception de la profondeur soit au rendez-vous)
Une fois cela posé vous vous dites qu'il annonce que le quest pro est le meilleur dans tous ces domaines ... et bien pas du tout ! Il affirme juste que le quest pro n'a aucun gros point faible dans aucun de ces domaines et qu'il est donc le casque le plus homogène. Dans une autre vidéo il teste le Varjo Aero et ose même dire à la fin que, bien sûr, la définition du varjo est inégalée et qu'il a beaucoup d'autres qualités et que dans l'absolu ceux qui recherchent avant tout cette définition auront raison de le choisir, mais que l'homogénéité du quest pro le rend quand même plus attractif à ses yeux.
Juste après que j'ai vu ces vidéos, le prix du quest pro est passé de 1800 € à 1200 € et Meta offre la possibilité de renvoyer le casque sous 30 jours sans conditions. En fait, ils ne prélèvent que 100 € sur la CB tant que les 30 jours ne sont pas écoulés. Vous allez probablement me dire que je suis fou : la résolution des écrans de ce casque est bien inférieure à celle de mon Vive Pro 2, à celle du pico 4, à celle du reverb G2 et même (légèrement) à celle du quest 2. En plus la liaison avec le PC se fait avec un câble USB-C ce qui implique la compression/décompression de l'image contrairement à une liaison displayport. J'allais avoir une image de m...e. Mais bon, j'étais hypnotisé par Lukas S. et je me disais que je pouvais toujours le renvoyer sans frais si j'étais déçu. Spoiler : aucune chance que je le renvoie
Voici donc mon retour d'expérience.
La boite contient le casque et les deux manettes, un socle de charge pour le casque et les deux manettes et des caches-lumière latéraux. La forme du casque est un peu particulière puisqu'il n'y a pas de masque qui s'applique sur la face comme pour les autres casques. Il y a un coussinet qui se place sur le haut du front et un autre à l'arrière. Le casque "repose" sur la tête grâce à ces deux coussinets. La tête est donc plus libre qu'avec d'autres casques. Au début c'est très confortable, mais au bout d'un certain temps cela finit par faire mal sur le haut du front. Des kits pour ajouter des sangles supérieures et répartir la charge sont proposés sur Etsy, et je vais explorer cela. Le casque est "ouvert" c'est à dire que l'on voit l'environnement physique sur les côtés et en bas. Ce n'est pas aussi pire que l'on pourrait croire et cela a ses avantages (éviter de tâtonner pour trouver les boutons de ma throttle Thrusmaster par exemple
). Mais si on vole de nuit il vaut quand même mieux mettre les cache lumière latéraux inclus qui s'attachent par aimantation. Ils sont en silicone et pas vraiment prévus pour les porteurs de lunettes comme moi, mais avec un peu d'entraînement ça va. Il y a aussi un cache-lumière intégral qui fonctionne sur le même principe et qui est à acheter en supplément (50 € quand même). Il faut absolument acheter un câble USB-C pour relier le PC et le casque et fonctionner en mode "link" filaire. Celui de Meta coûte 100 € mais il y a des tierces parties moins chers. Le casque fonctionne sur batterie même quand il est relié à un PC par un câble USB-C. Le câble ralentit la décharge de la batterie mais n'est pas suffisant pour empêcher cette décharge. Le casque tiendra 2 heures sans fil et 5 heures avec câble USB-C. Pour l'instant c'est suffisant pour moi, mais j'ai vu un câble tiers qui ferait l'alimentation aussi bien que le transfert de données. A creuser. Il n'y a pas d'écouteurs sur le casque (en fait si, mais en supplément) car de petits haut parleurs sont insérés dans la tranche du cerclage qui fait le tour de la tête. Étonnamment ça marche bien, et ça évite l'échauffement des oreilles. En parlant d'échauffement, le casque est suffisamment aéré pour qu'il n'y en ait pas. Le tracking est très bon également.La mise en œuvre est très facile, c'est vraiment un casque prêt à l'emploi. On lance Oculus sur le PC, on retire le casque et les manettes du support de chargement, on connecte le câble USB-C, on met le casque et on l'allume. On entre dans l'environnement Meta et aussitôt on nous demande si l'on veut activer le mode Link car le câble est détecté. On répond oui et on se retrouve dans l'environnement Link où une icône nous permet d'afficher l'écran du PC. Là on peut lancer les utilitaires dont on a besoin (Target par exemple, pour un HOTAS Thrustmaster) et la simu. DCS se lance direct en VR avec Open XR (pas besoin de la ligne de commande) et Il-2 lance automatiquement Open VR avec Steam VR. Voilà, c'est tout.
La qualité dans la Simu est ... super. Ne me demandez pas comment fait le quest pro pour me permettre de voir des inscriptions dans le cockpit que je ne voyais pas avec le Vive Pro 2 qui a une meilleure définition et un câble displayport, mais c'est le cas. Lukas S. avait bien raison : la qualité de la vision dans un casque ce n'est pas juste des écrans avec leur résolution, c'est aussi la qualité des lentilles et de leur montage. J'ai essayé le supersampling mais ça n'apporte rien, alors retour à 100 %. Je n'ai pas forcé non plus la fréquence qui est à 72 hz par défaut mais qui peut aller à 90 hz : cela génère du stuttering. Les seules "améliorations" que j'ai faites dans DCS sont l'activation de la reprojection (mais potentiellement annulé par le mode turbo) dans "Outils Open XR pour WMR" plus CAS avec sharpen 70% et mode Turbo ON dans Open XR Toolkit Companion. Le résultat est fluide, très peu de stutters. Ce qui est vraiment impressionnant, c'est que non seulement l'image est nette, mais grâce aux lentilles "pancake" elle est nette d'un bord à l'autre ! Fini de bouger la tête pour regarder les instruments (et du coup perdre de vue un avion ou un objet au sol) on peut juste rapidement bouger les yeux et ça change tout.
A part ça les points cités par Lukas S. sont bien là : belles couleurs et pas d'aberration chromatique, hautes lumières très lumineuses (on a presque l'impression d'être ébloui par le soleil dans Il-2), noirs ... noirs ;-) (en fait, même si les écrans sont des LCD rétroéclairés, le casque utilise la technique du "local dimming" pour éteindre les LED de rétroéclairage aux endroits où du noir est affiché), bon recouvrement des FOV gauche et droit, FOV pas extraordinaire mais la netteté de bord à bord l'est et la perception 3D est effectivement bonne (les boutons "sortent" des consoles plus qu'avec le Vive).
Le quest pro a aussi des caractéristiques intéressantes et qui marchent très bien mais qui ne servent à rien ou pas grand chose dans le cadre d'une simu PC car pas implémentées par ces simus : détection des mains, détection du mouvement des yeux, détection des mouvements faciaux, manettes avec un système de tracking indépendant du casque (on peut les mettre dans sont dos et elles sont toujours tracées), vue "passthrough" pour voir son environnement réel. Cette dernière option est sympa pour attraper quelque chose sans enlever le casque et il suffit d'un double tap sur le casque ou de sortir de la zone sûre définie (assis ou roomscale) pour la déclencher. Apparemment, le suivi des yeux permet le foveated rendering avec DCS et MSFS mais c'est une toute nouvelle fonction en beta et je n'ai pas encore réussi à trouver où l'activer.
Voilà, donc au bilan un casque dont je suis très content et qui est sans aucun doute mon nouveau casque pour la simu (et plus si affinités).
