Lors de son audition au Sénat à l’occasion des discussions budgétaires de fin d’année [le compte-rendu vient d’être publié… deux mois après], le chef d’état-major de l’armée de l’Air & de l’Espace [CEMAAE], le général Stéphane Mille, a d’abord évoqué la guerre en Ukraine
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Au passage, il a réaffirmé que la réappropriation d’une capacité de suppression des défense aériennes [SEAD – Suppression of Enemy Air Defences], abandonée à la fin des années 1990, est « nécessaire ».
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Quoi qu’il en soit, et cela sera toujours vrai quelle que soit la nature d’un conflit, la préparation opérationnelle est un élément clé. Or, en 2023, « l’activité chasse devrait toucher un point bas à la suite du retrait de service des Mirage 2000C et des 24 Rafale prélevés […] pour l’export », a prévenu le CEMAAE. « C’est un effet conjoncturel », a-t-il ajouté.
Ainsi, l’an prochain, « l’activité des pilotes de chasse devrait être ramenée à 150 heures par pilote » [la norme Otan est de 180 heures, ndlr], a-t-il encore précisé, confirmant ainsi les prévisions avancées dans les documents budgétaires. « Cela est soutenable dès lors que cela ne dure qu’une année. Cependant, l’activité devrait repartir à la hausse grâce en partie au re-complètement de la flotte Rafale avec la reprise des livraisons pour l’AAE », a continué le général Mille. Pour rappel, 13 Rafale F3R seront livrés en 2023… Et 42 exemplaires de plus seront commandés.
En tout cas, a-t-il insisté, « 2023 [sera] donc un point bas, très compliqué pour l’armée de l’Air et de l’Espace », d’autant plus que les engagements opérationnels demeurent élevés. D’où le recours, pour y remédier en partie, à la simulation.
« Faute d’un nombre de Rafale suffisants, des pilotes sur 2000 C n’ont pas pu basculer sur Rafale. Cela est gérable dans un temps court, compte tenu des progrès réalisés en matière de simulation », a en effet souligné le CEMAAE. « À Mont-de-Marsan,
nous réalisons des expériences de simulation massive en réseaux
ou encore d’insertion d’aspects simulés dans des missions réelles. Cela nous permettra de passer les échéances difficiles de 2023 et de 2024 », a-t-il conclu sur ce sujet.
Par ailleurs, et au-delà des perspectives qu’elle a pu ouvrir [interopérabilité, influence, etc], la vente de ces 24 Rafale d’occasion [à la Grèce et la Croatie, ndlr] va aussi permettre de compléter le nombre de radars à antenne active [AESA] en dotation au sein de l’AEE. « 20 % des appareils sont aujourd’hui dotés de radars AESA. Nous aurons des livraisons en 2023, avec pour objectif de passer à 50 % à la fin de l’année 2023. C’est un des bénéfices de nos exportations de Rafale. Nous avons en effet investi une partie des recettes de ces exportations sur les radars AESA », a expliqué le général Mille.