Article A&C, avec le titre : Aerorozvidka : Les drones qui ont permis la reprise d'Hostomel et l'arrêt de la colonne de 60 km en Ukraine
https://air-cosmos.com/article/aerorozv ... aine-29017
Une petite unité ukrainienne semble s'être distinguée lors de la reprise de l'aéroport d'Hostomel le 25 février et lors de l'arrêt de la "colonne de 60 km" au Nord-Ouest de Kiev. Cette unité dispose de quads, de snipers, de personnels entrainés à l'utilisation de jumelles de vision nocturne et surtout, de drones très légers modifiés pour la reconnaissance et le bombardement.
AEROROZVIDKA
En 2014, alors que la Russie effectue un coup de main sur une partie du Donbass et la Crimée, plusieurs passionnés d'informatiques et de drones ukrainiens se regroupent dans le but de développer des drones de petite taille pour l'Armée ukrainienne. Ils sont conçus pour le combat et la reconnaissance et ce, en se basant sur des drones disponibles sur le marché civil. Le groupe est dissout en 2019 car l'état-major ukrainien ne voit pas l'utilité de ces drones en cas de combats de haute intensité. Le collectif ne se sépare pas et lance un financement participatif. Cela lui permet de continuer ses recherches et développement en matière de drones.
Fin 2021, face à la montée des tensions, le groupe est réactivé [les sources varient entre milice et unité d'active] et commandé par le Lieutenant Colonel Yaroslav Honchar. Les drones n'ont cependant plus rien à voir avec les petits drones commerciaux car ils confectionnent désormais leurs propres drones, certains pouvant transporter deux bombes de 1,5 kg et disposent d'un système de visée intégré à la caméra.
Le groupe s'apparente comme une unité commando ; petit nombre (environ une trentaine), mouvement en quad, les membres sont formés à l'utilisation de jumelles de vision nocturne, il y a aussi des snipers et des personnels formés à l'utilisation d'explosifs. Le nom Aerorozvidka signifie en Ukrainien "reconnaissance aérienne".
PREMIERE ACTION : LA CONTRE-ATTAQUE SUR L'AEROPORT ANTONOV
Le 24 février dans l'après-midi, les Russes lancent un assaut héliporté sur l'aéroport d'Hostomel/Antonov. Après avoir subi plusieurs pertes avant l'arrivée sur l'aéroport, les parachutistes russes parviennent à sécuriser la zone. L'unité Aerorozvidka est alors déployée sur le terrain pour soutenir la contre-offensive ukrainienne. Les drones permettent ainsi de localiser les différents points d'appui russes, de diriger des tirs d'artillerie ou encore de bombarder directement les Russes grâce aux drones. L'aéroport sera repris le lendemain matin et les parachutistes russes seront même poursuivis dans leur retraite par les drones.
SECOND COUP D'ECLAT : LES RAIDS SUR LA COLONNE DE 60 KM
Les 25-26 février, les combats commencent dans les faubourgs de la capitale qui semble tenir. Le 28 février, des images satellites d'une colonne qui s'étire sur 60 km de long commencent à émerger. Elle semble se diriger vers Kiev mais son itinéraire n'est pas direct. En effet, les Ukrainiens, durant leur retraite sur Kiev, ont construit de nombreux obstacles, pièges anti-chars et surtout, détruit plusieurs ponts stratégiques. Cela n'empêche pas à la colonne d'avancer petit à petit.
Quelques jours après cette découverte, la colonne semble totalement à l'arrêt. Les Ukrainiens ont réussi à détruire plusieurs véhicules à l'avant de celle-ci grâce à une combinaison d'armes anti-char et de drones de l'unité Aerorozvidka. Cette unité ne va pas s'arrêter là car elle va remonter de nuit la colonne et effectuer des raids de harcèlement : des cibles d'intérêts, des véhicules spéciaux et même un dépôt logistique vont être détruits.
La colonne va alors accumuler d'autres problèmes ; elle sera coupée de son flux logistique (manque d'eau, de nourriture et de carburant), la mauvaise qualité des pneus achetés en Chine va augmenter considérablement le besoin en pneus de rechange, la rasputitsa qui va empêcher tout mouvement à travers champs, etc. La colonne sera finalement séparée en plusieurs convois de petite taille.
UN POINT FAIBLE DE TAILLE : LA LIAISON PILOTE-DRONE
Depuis le début de l'invasion, le réseau internet en Ukraine n'est pas coupé mais est fortement perturbé. Le Vice-premier ministre et Ministre de la transition digitale Mykhailo Fedorov va alors envoyer à Elon Musk un tweet (...) pour pouvoir utiliser la constellation de satellites Starlink. Le soir même, Elon Musk répondait à ce tweet en annonçant que Starlink était disponible partout en Ukraine. On apprendra qu'à la mi-mars, environ 6.000 stations avaient été livrées en Ukraine. Elles ont ainsi été distribuées auprès des civils mais également dans des unités militaires nécessitant des communication longue distance comme l'artillerie. L'unité Aerorozvidka a aussi reçu des stations Starlink car les drones communiquent avec le pilote via une liaison internet.
Les Russes ont bien essayé de brouiller directement le sysème Starlink mais la cybersécurité du réseau a été grandement augmentée. Les Russes ont alors décidé de brouiller les drones utilisés par l'unité Aerorozvidka. Ces derniers ne sont pas prévus pour effectuer des vols dans une zone brouillée et sont donc perdus. Toutefois, l'unité reçoit également de nouveaux drones et modifie, comme à ses début, des drones commerciaux. Enfin, les systèmes de brouillages russes ne sont pas disséminés au sein de toutes les unités déployées, permettant ainsi le redéploiement de l'unité Aerorozvidka vers une autre zone.