Article OPEX 360, avec le titre : SCAF : Le Délégué général pour l’armement n’est pas convaincu par le concept de jumeau numérique
http://www.opex360.com/2020/11/08/scaf- ... numerique/
Outre-Atlantique, on attend beaucoup des nouvelles technologies liées à l’ingénierie numérique pour accélérer la mise au point de nouveaux avions de combat afin de coller au mieux à l’évolution des menaces. Au point que l’on parle de revenir à l’ère des « Century Series Fighters », époque marquée par un foisonnement de prototypes et d’appareils entrés en service en l’espace de quelques années seulement.
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Ces technologies reposent notamment sur le concept de « jumeau numérique », c’est à dire, selon la définition donnée par l’Alliance Industrie du Futur, sur un « clone virtuel d’un système physique ou d’un processus » qui « implique systématiquement l’existence d’un couple ‘modèle numérique’ avec l’objet qu’il copie. »
En clair, en couplant simulation et toutes les données utiles à la conception et à la production, il est possible de développer un nouvel objet en peu de temps, à moindre coût et en sautant la phase de prototypage.
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cette technologie aurait été utilisée pour mettre au point le nouvel avion de combat de 6e génération qui, développé en secret [probablement par Lockeed-Martin] aurait récemment effectué son premier vol.
Et, désormais, tous les avions conçus grâce à l’ingénierie numérique auront le préfixe « e » à la place du « X » qui désignait jusqu’alors les appareils expérimentaux. C’est ainsi que le prochain avion d’entraînement de l’US Air Force, le T-7A Red Hawk, aura l’appellation « eT-7A Red Hawk ». D’après le responsables du Pentagone, seulement 36 mois auraient été necessaire pour passer de l’idée sur un écran d’ordinateur au premuer vol de cet appareil développé conjointement par Boeing et Saab.
Au Royaume-Uni, on mise également beaucoup sur l’ingéniérie numérique pour le développement du Tempest, le futur avion de combat de la Royal Air Force. Ce qui éviterait de passer par la case « démonstrateur », ce qui permettrait de réduire les coûts et les délais.
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Cette approche peut-elle être adoptée pour le New Generation Fighter [NGF], l’avion de combat que développe la France, l’Allemagne et l’Espagne pour le Système de combat aérien du futur [SCAF]? La question a été posée à Joël Barre, le Délégué général pour l’armement [DGA], lors de sa dernière audition au Sénat. Et, visiblement, les annonces britanniques le laissent sceptiques.
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cela n’a pas l’air d’impressionner M. Barre. « J’ai lu […] les travaux sur les jumeaux numériques et l’usine 4.0. Encore faudrait-il s’assurer de ce que recouvrent les annonces », a-t-il dit. « Les Britanniques ont déclaré avoir investi 2 milliards de livres sterling ; nous avons déjà investi 150 millions d’euros sur les études préalables du SCAF et prévoyons d’investir 2,5 milliards d’euros sur la tranche 2021-2026. Cela est donc tout à fait comparable », a-t-il ensuite fait remarquer.
Mais s’agissant plus particulièrement des avancées en matière d’ingénierie numérique, le DGA est très circonspect. « Je ne suis pas convaincu par les théories affirmant que les jumeaux numériques remplaceront les démonstrateurs. Les jumeaux numériques sont des maquettes numériques, la démonstration en vol est incomparable », a-t-il affirmé.
En outre, a-t-il ajouté, « il n’est pas exact d’affirmer que nous ne réaliserions pas, contrairement à eux, un ‘système de systèmes’. Le démonstrateur de 2026 est bien un démonstrateur du ‘système de systèmes’, pas seulement un démonstrateur de l’avion. »
Justement, à ce sujet, M. Barre a indiqué que « cinq architectures de systèmes » pour le SCAF ont été « identifiées par les études préalables », dont « trois modèles d’avion différents et trois types de drones, y compris le Loyal Wingman ».
« Ces études s’affineront encore et, en 2026, nous réaliserons une démonstration en vol, non pas uniquement de l’avion mais de l’avion et des drones retenus dans la configuration système » et « ainsi, nous aboutirons en 2027 à une définition du système de combat aérien du futur à l’horizon 2035-2040 », a expliqué le DGA.
Dans le domaine aéronautique, Dassault Aviation a déjà recours au concept de jumeau numérique pour assurer le Maitien en condition opérationnel [MCO] des Rafale, dans le cadre du contrat RAVEL [Rafale Verticalisé] que lui a confié la Direction de la maintenance aéronautique [DMAé].