La soirée commençait si bien ...

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Moutton
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#1

Message par Moutton »

La soirée battait son plein. Décidément, ce John savait recevoir. Les boissons coulaient à flot, les petits fours étaient succulents, et le service parfait. John venait d’emménager dans cet ancien château de la Renaissance et tenait à le faire savoir. Il avait été entièrement refait, le château pas John, lui donnant une seconde jeunesse, un souffle nouveau. Extérieurement, les murs étaient restés en l’état avec juste quelques consolidations ici et là, lui laissant son charme d’antan. C’est Jessica, la femme de John, qui avait craqué pour lui, le château et pas … ah si John aussi tiens, enfin bref, c’est elle qui l’avait acheté pour assouvir l’un de ses rêves de petite fille. Ils étaient tous les deux aux anges et ils le montraient bien, et nous le faisait partager. Une centaine d’invités étaient présents, très peu se connaissant les uns les autres, mais les conversations allaient bon train, allant des derniers résultats de foot aux cotations boursières en passant par les potins des stars et les derniers régimes à la mode. C’est dans ce climat festif que tout commença. Bob et Jack discutaient tranquillement à coté du bar-buffet.
« Dis donc Bob, ça te dirait d’aller visiter ce petit château ? »
« Pourquoi pas. J’ai bien besoin de marcher un peu. »
« Belle demeure dis donc, hein. »
« Ah si je pouvais avoir la même, c’est sur que si je pouvais avoir la même, ça me ferait bien plaisir. »
« Et puis c’est cher à l’entretien aussi. »
« Tu connais pas ma femme ! »

Ainsi ils se baladèrent un peu partout dans la grande maison. Au détour d’une vieille bibliothèque, Jack repéra une fine craquelure dans le mur.
« Hey Bob, regarde ça. Je croyais qu’ils avaient tout retapé. »
« C’est que John m’a dit, oui. Fais voir. »

En s’approchant, les deux compères découvrirent que la craquelure était particulièrement droite et semblait descendre jusqu’au plancher. Etrangement, cette partie de la pièce était très poussiéreuse, comme s’il fallait dissimuler quelque chose. Jack était de nature très curieux, voire trop par moments. Il commença par souffler la poussière, histoire de voir s’il ne pouvait pas dégager cette fissure et savoir si elle était naturelle ou non.
« Jack ! Tu fais quoi ? »
« Mais rien, laisse moi faire. »
« Arrête, qu’est-ce que tu comptes trouver ? Une porte secrète vers un trésor enfoui ou quoi ? »
« Et pourquoi pas, hé hé hé. Regarde. On dirait bien que c’est une porte dérobée. »
« Bon, moi je vais te laisser épiler le mur, je retourne à la fête. »
« Fais pas ta mijaurée. »

Petit à petit, Jack découvrait ce qui ressemblait de plus en plus à une porte. Il ne semblait pas y avoir de système d’ouverture ou de fermeture. Elle était juste close, appuyée contre le mur. Jack la poussa un peu. Non, elle ne bougea pas.
« Arrête je te dis ! »
« Attends. . . . Elle s’ouvre ! »

Effectivement, la porte s’entrebâilla doucement, Jack avait réussi à glisser une de ces clés dans l’ouverture et tirer la porte vers lui. Sitôt qu’il put y glisser un doigt, il s’empressa d’ouvrir la porte. Un léger vent frais vint frapper les deux visages des hommes, restés plantés devant l’ouverture béante. Etrangement, cet air ne sentait pas le renfermé et semblait les appeler à entrer. Ce qui s’offrait aux deux hommes n’était ni plus ni moins qu’un escalier qui descendait dans un tunnel sombre. La lumière n’éclairait qu’à cinq mètres après quoi la pénombre devançait le noir total. L’escalier était sculpté directement dans la roche, et le tunnel voûté, ce qui présageait une construction humaine.
« Tu n’entends pas comme un chant lointain ? »
« Non, je n’entends rien et je veux retourner à la fête. Tu as eu ce que tu voulais, non ? »
« Tu ne veux pas descendre ? »
« Tu rigoles ? On y voit rien, on est en tenue de soirée, et plus que tout, j’ai pas envie. »
« Mais si, écoute bien, il y a comme une mélodie mélancolique au fond. En plus, il n’a pas l’air d’être humide ce passage, on se salira pas. Je connais bien John, je sais où je peux trouver une lampe torche, au pire j’ai mon zippo. »
« Tiens, qu’est-ce qu’il y a de marqué derrière la porte ? »

Au dos de la porte, des inscriptions étaient gravées sur une petite plaque métallique, passablement effacées par le temps. On pouvait y lire, ou deviner plutôt : ‘Descendae Humani Nunc’.
« Hé bien Bob, toi qui t’y connais en linguistique, ça veut dire quoi ? »
« Aucune idée, mais ça me donne pas envie de rester ici ni de descendre. Ca doit sûrement être un avertissement. »
« Les avertissements, c’est à l’entrée qu’on les mets, pas à la sortie. »
« Bon, Bob, tu fais quoi ? »
« Ecoute, franchement, ça me tente pas trop là … on sait pas où ça mène, ce qu’il y a au fond, on a rien pour s’éclairer … franchement … »
« Regarde, j’ai mon Zippoooooooooooooo !! »

En même temps, Jack sorti de la poche de sa veste un magnifique Zippo finement gravé, dont le dessin représentait une vieille Cadillac des années 50 dont Jack était éperdument admiratif. C’était un cadeau de sa femme pour ses 30 ans, un cadeau qui le fit sauter au plafond de bonheur. Zippo qui, en plus d’être magnifique, était en parfait état de marche et utilisé avec la plus grande délicatesse. D’un coup de pouce, une petite flamme jailli.
« En voilà de la lumière ! Hé hé hé. »
« Super, au moindre coup de vent, il va s’éteindre et on va rester comme des ploucs dans le noir, perdus dans un souterrain. »
« Bon, tu m’énerves, je descends. »

Avant que Bob ne puisse répondre Jack avait commencé sa descente. Comme il était un brin sportif et surtout très curieux, c’est au pas de charge qu’il descendit l’escalier de pierre. Bob, resté à l’entrée, vit le halo de la flamme disparaître au bout de 10 secondes, quand l’escalier fit son premier virage. Maintenant seul, Bob décida de ne plus penser à cet escalier et retourner s’amuser à la fête. Afin de ne pas mettre Jack dans l’embarras, nul n’avait besoin de savoir qu’il était en train de fouiller les catacombes de la maison et ce, sans l’accord du propriétaire. S’il se faisait attraper, ça sera de sa faute, il l’aura assez prévenu.

Jack, pendant ce temps, continuait de descendre, encore et encore. L’escalier semblait sans fin. Un virage à gauche, puis à droite, et encore à droite, de nouveau à gauche, Jack était complètement désorienté. Il finit par s’arrêter pour regarder où il en était. Bien entendu, il ne voyait pas à plus de 3 mètres avec sa maigre lumière, et évidemment, il ne voyait plus l’entrée, mais, plus embêtant, il ne voyait toujours pas où cela le menait. En se baissant, il remarqua que les marches étaient toutes en parfait état, découpées dans la roche et dans les règles de l’art, sans aucune marque d’usure visible. Aussi, il n’y avait aucune trace d’infiltration d’eau, ni d’humidité sur les murs. En un sens, tant mieux, le costume serait propre à la sortie pensait-il. Ce qui l’étonna c’est que l’escalier semblait être creusé dans une seule et même roche, il n’y avait aucun signe de cassure ou fissure, nulle part où il pouvait voir. La pierre était elle-même tiède, enfin, elle n’était pas froide comme elle devrait l’être, comme dans toutes les grottes. Depuis combien de temps s’était-il engagé ? Un bref coup d’œil à sa montre … 23h17. Superbe, comme il n’avait pas vérifié l’heure à laquelle il avait quitté la soirée, pas moyen de savoir depuis combien de temps il était dans ce tunnel.
« Ohéééééééééééééééééééééééééééé !!!! »

Peut-être Bob pourrait l’entendre, pour peu qu’il soit resté à l’entrée et qu’il crie assez fort. Non, pas de réponse. Pas d’écho non plus. Une petite peur lui pris à l’estomac. Allait-il remonter maintenant, au risque de se prendre la risée de Bob ? Non, il fallait qu’il descende plus bas, qu’il découvre ce qu’il y avait au fond. Au moins ramener un petit quelque chose, prouver qu’il est allé au bout. Courage ! Et c’est reparti, au pas de course dans l’obscurité. Le Zippo se mit à chauffer de plus en plus, jusqu’à présent la chaleur restait tolérable mais d’un coup elle fut telle que Jack laissa tomber le briquet par terre. Par chance, la flamme ne s’éteignit pas, mais le briquet était trop chaud pour que Jack puisse le reprendre. Qu’à cela ne tienne, il le prit avec son mouchoir. En se relevant, Jack s’aperçu que le mouchoir blanc était recouvert de plusieurs taches sombres. Tiens, qu’est-ce que ça peut bien être ? Le sol paraissait pourtant propre tout à l'heure et à l'entrée. Il mit la main à terre. Une sorte de liquide recouvrait les marches, un liquide tiède également. C’était un peu visqueux mais pas collant, une sorte de gélatine très diluée. Malheureusement pour Jack, l’essence dans son briquet était un mélange qui produisait une flamme verte. Très prisée par ses camarades cette flamme lui interdisait maintenant de connaître la véritable couleur du liquide sur le sol. Alors qu’il essayait de deviner sa nature, Jack cru entendre un chant, une complainte mélancolique, la même que tout à l’heure. Immédiatement, il oublia ce qu’il faisait, il y a bien quelque chose au fond ! Jack se remit sur sa route, et continua sa descente mais plus lentement que précédemment. Plus il descendait et plus le chant se faisait proche.

Au détour d’un virage, un halo de lumière se dessinait sur un mur. De la lumière ! Jack dévala les quelques marches qui restait et se retrouva dans une petite pièce, éclairée simplement par une torche, une main qui tenait une boule de bois, vraisemblablement, en feu. La pièce était globalement ronde, d’une trentaine de mètres carrés de surface, le plafond était plat et assez bas, à peine un mètre quatre vingt dix. Il n’y avait aucune inscription sur les murs, aucune indication de présence présente ou passée, mis à part la torche. Les murs et le sol, gris, étaient étrangement lisses, finement polis. Jack, dubitatif, entra lentement dans la pièce. La lumière, jusque là si calme, se mit à danser, elle réagissait aux mouvements de l’intrus, Jack. Il s’arrêta. Il n’y avait pas d’ombre sur les murs ! Il se rapprocha du mur et tenta en vain de faire une ombre de sa main sur le mur avec son Zippo. Impossible ! Mais où est-ce que je me suis embarqué ?! Qu’est-ce que c’est que cet endroit ?! Les questions arrivaient par dizaines dans sa tête. Inconsciemment, il jeta un coup d’œil à son mouchoir. Taché de rouge ! Du sang ? Non, c’est sûrement autre chose. Surtout ne pas paniquer. Garder son sang-froid, rester calme, oui, rester calme. Et cette pièce ? est-elle couverte de rouge ? Apparemment, non. Il retourna aux escaliers pour y inspecter les premières marches, seulement éclairées par la torche restée au mur. Elles semblaient non souillées. Jack resta accroupi quelques secondes, cherchant à comprendre ce qui se tramait ici bas. Il se releva et regarda autour de lui, et vit un escalier qui descendait.

Plus intrigué par la torche, il s’en approcha un peu plus. La torche était posée juste à l’entrée du deuxième escalier, comme une invitation à descendre. Lentement, Jack s’avança vers cette torche. En s’approchant, la flamme se mit à danser de plus en plus fort jusqu’à ce qu’elle se calme, subitement. Elle redevint sans vie, comme celle de son briquet. Il était maintenant juste devant celle-ci. Il découvrit une inscription juste en dessous, gravée à même la roche. Elle disait ‘Descendae Amunai Vilinue’. Encore du charabia, se dit-il, il n’y fit donc guère attention. La torche quant à elle, était finement sculptée, la main paraissait être une main de jeune femme, tenant une boule en feu. Elle était accrochée au mur par un simple chandelier en fer. Il n’osa la prendre, de peur de la briser mais contempla le travail exquis de cette œuvre d’art. Celui qui l’avait fabriquée devait être un maître en la matière. Le moindre petit détail était représenté, certains plus fins qu’un cheveux. On pouvait distinguer les veines qui effleuraient la surface, les pores de la peau, les plissures de celle-ci. La flamme qui dansait au-dessus augmentait le charme et la beauté de la main, les ombres jouaient sur les reliefs, rendant le tout encore plus vivant, plus réels. La torche se terminait en pommeau, d’une étonnante simplicité comparé au reste de la sculpture.

Il ne l’avait pas remarqué mais dès qu’il est rentré dans cette pièce le chant avait cessé, et le voilà qui avait repris. Le chant venait de là, d’en bas. Quand il fut à moins de deux mètres de la première marche, le chant s’arrêta. Jack tendit l’oreille, mais non, c’était redevenant le silence total. Il pouvait seulement entendre le battement de son cœur. Il resta de longues secondes ainsi, à regarder ces escaliers. Seules les premières marches étaient éclairées, un virage à droite empêchait de voir plus loin.

Jack resta plusieurs secondes à contempler l’obscurité devant lui. Il voulait que ses yeux s’habituent au noir pour essayer d’y voir, mais rien à faire, passés les deux premiers mètres, tout était noir. Il n’avait pas les idées claires non plus. Cet escalier le tracassait. Qu’y avait-il au fond ? Etait-il vraiment creusé dans une seule roche, pour qu’il n’y ait aucune fissure visible ? Serait-ce un artifice pour cacher autre chose ? Qui aurait pu réaliser ceci ? Mais surtout, pourquoi ? Il regardait dans le vide à présent, ses yeux fixés dans les ténèbres. Un vertige le prit, lorsqu’une petite brise vint lui souffler au visage. C’était un air frais, accueillant. Jack ferma les yeux pour mieux apprécier et pris plusieurs grosses inspirations pour se détendre, et essayer de se remettre les idées en place. Jusque là, l’air était resté plus que respirable, il n’y avait pas d’odeur de renfermé, ou toute autre odeur néfaste, mais quel bonheur d’être rafraîchi par ce vent.

En fait, tout l’attirait pour descendre dans cet inconnu. Mais cette excitation n’arrivait pas à cacher son inquiétude. Pour se libérer de son stress, Jack prit son briquet et se mit à jouer avec, le faisant passer d’une main à l’autre, le faisant glisser entre ses doigts et sur ses paumes afin de se calmer et tenter de réfléchir rationnellement. Il fallait qu’il ne se pose plus de questions, juste agir. Descendre ou remonter ? Descendre … ou remonter ? … Desc- ! Hé ! Mais ! Mon briquet !

A force de jouer avec, il arriva ce qu’il devait arriver, le briquet s’échappa des mains de Jack pour aller ricocher sur la première marche de l’escalier et disparaître. Jack l’entendit rebondir une dizaine de fois avant qu’il ne s’arrête. Il n’y avait plus aucune hésitation, il fallait descendre, au moins pour récupérer le briquet. Jack s’approcha de la torche et tenta de l’enlever. Mais elle résista, coincée dans le mur. Elle résista aux trois premiers assauts de Jack avant de finalement se laisser prendre. Jack pris la torche dans la main droite et descendit dans le noir.

Après avoir descendu les cinq premières marches, un premier virage se dessina. L’escalier changeait de forme et la pente devenait plus forte, certainement qu’après ce virage, il ne verrait plus la petite salle d’où il venait. Mais dans quel pétrin je me suis encore mis moi ? se demandait-il sans cesse. En regardant derrière lui, il vit la salle, et remarqua qu’elle semblait toujours éclairée, malgré le fait qu’il n’y ait plus aucune source lumineuse. Bah, il n’était plus à ça près. Je verrais ça au retour, se dit-il. En descendant les premières marches, Jack fit très attention aux marches, afin de retrouver son briquet au plus vite. Les marches étaient identiques au premier escalier, très carrées, parfaitement lisses, aucune fissure ni usure apparente, toujours aussi mystérieusement creusées dans la roche. La seule différence notable était qu’elles étaient légèrement plus étroites et plus hautes. Rien de significatif et d’insurmontable. Jack retrouva son briquet rapidement, ce dernier étant la seule bosse, le seul défaut sur la perfection des marches. En le ramassant, Jack aperçu quelques éraillures et éclats sur une des faces. Il regarda attentivement les dégâts et soupira un grand coup. Plus que la colère, il était fâché contre lui-même d’avoir laissé tomber son briquet fétiche, l’abîmant ainsi. Avec de la chance, il serait réparable assez facilement, ce n’était que quelques éraflures après tout.

Machinalement, alors qu’il le tournait sous tous les angles, il l’alluma. Le briquet à lui seul faisait au moins autant de lumière que la torche ! La flamme de cette dernière n’avait pas changé, mais il était moins ébloui quand il la regardait, et la lumière qu’elle projetait au mur n’était pas conforme à sa puissance apparente. Une flamme de la taille d’un poing ne peut pas faire moins de lumière qu’un gros cierge d’église. Il éteignit son Zippo. Effectivement, la torche éclairait peu. A peine plus que son briquet. Par contre, Jack n’avait toujours pas d’ombre. Quand le briquet était éteint, chose qu’il n’avait pas remarqué jusqu’alors, il n’avait pas d’ombre sur les murs, comme si la lumière de la torche passait au travers de son corps. Un essai avec son briquet lui confirma que seule la torche produisait cet effet, comme dans la salle précédente. Il faudra qu’il tire ça au clair une fois remonté à la surface. Après son briquet à flamme verte, il avait trouvé la torche qui ne fait pas d’ombre.

Bien décidé à descendre jusqu’au fond, Jack se remit en route, à la lumière de la torche. Celle-ci, jusque là calme, se mit à osciller en puissance, presque imperceptiblement. Mais qu’est-ce que … Jack s’arrêta pour observer ce phénomène. C’est alors qu’il se rendit compte que la flamme ne réagissait pas à la petite brise venant des profondeurs. Décidément, cette flamme était bien étrange. Jack ressorti son Zippo et l’alluma. Oui, la flamme était bercée par le léger vent. Il l’éteignit. Il resta à regarder les mouvements de la flamme avant de se rendre compte qu’elle battait au rythme de son cœur ! Jack abaissa la torche pour observer plus attentivement la boule en feu. Ce n’était visiblement pas une torche ordinaire ça. Tiens, on dirait que la main a changé de position. Tout à l’heure, sa paume était vers le haut, maintenant la main est verticale. Je rêve ou … ? Mais non. Les doigts quant à eux n’ont pas bougé, comme si le poignet seul avait fait une rotation. Mais c’est bien de la pierre pourtant ! En essayant de comprendre ce qu’il s’était passé, Jack nota un petit détail qui lui avait échappé auparavant. La main était une main gauche et portait une bague, ou un anneau, sur l’annulaire. Cette bague, il l’avait déjà vue. Oui, ce dessin, cette petite pierre fine entourée d’un liseré de … c’est la bague de ma femme ! Mais oui, cette main ! C’est celle de Mary !

Voilà pourquoi cette main lui semblait si familière. Il reconnaissait maintenant tous les détails présents, la petite boule sur l’articulation du pouce, les ongles taillés en ellipse, oui était conforme à la réalité. Mais qu’est-ce qu’elle faisait là ? Qui l’avait reproduite ? Dans quel but ? Cent questions à la seconde fusaient dans sa tête. Tout était désormais trouble. Il ne comprenait plus, il ne savait plus où il était. Il finit par s’asseoir pour reprendre ses esprits. La torche était là, devant lui. Il la tenait toujours par le pommeau, ses yeux fixés sur la main, la parcourant de part en part. Il n’en croyait pas ses yeux. Il approcha ses doigts, il la toucha, oui c’était bien de la pierre. Il mit la main sur le mur, oui c’était bien de la pierre. Il mit l’autre main par terre, oui c’était bien de la pierre. De la pierre ? Il tâtonna, ne lâchant pas du regard la torche, pour s’apercevoir que le sol était nu. Le liquide rouge avait disparu. Etait-il présent dans cet escalier ? Il ne le savait pas, il n’y avait pas fait attention depuis le départ. Peu importe. Tout ce qui comptait à présent était de savoir comment la main de sa femme s’était retrouvée en statue. Il jeta un coup d’œil à sa montre. 1h41. Cela faisait donc plus d’une heure, sûrement deux, qu’il était dans ce couloir, ou tunnel, ou souterrain, peu importe le nom qu’on peut lui donner.

Un bruissement se fit entendre, plus bas. Puis le chant se fit de nouveau entendre. Ce chant ! Tellement proche maintenant ! Il s’agissait de vocalises, allant du plus grave au plus aigu, selon une mélodie divine, envoûtante même. Tiens, c’est marrant, à chaque fois que j’ai envie de remonter, ce chant apparaît et me force à descendre, se dit Jack à lui-même. Mais je vais quand même y aller.

Et Jack se remit en route. Il remarqua que les murs étaient soudainement devenus tortueux. Des plissures apparaissaient, des excroissances sortaient de la surface, des creux se formaient, mais tout ceci sans aucune fissure, aucune éraflure, toujours le même bloc de pierre. Plus il avançait, plus les murs devenaient déchaînés. Il s’arrêta brusquement. Une ombre. Une excroissance du mur avait une ombre projetée au sol. Il sorti son briquet et tenta de faire de même. Bien évidemment, il réussit. La torche semblait l’ignorer lui, et uniquement lui. A cet instant, plus rien ne pouvait vraiment l’impressionner. Seule consolation, les ombres dansantes des murs lui apportait un peu de compagnie, visuelle tout du moins.

Alors qu’il jouait avec les ombres, sauf la sienne, Jack cru voir un scintillement au fond du couloir. Intrigué, il s’en approcha avec prudence. En descendant, les murs devenaient de plus en plus sinueux, torturés, laissant toujours le passage aisé. Alors qu’il n’était plus qu’à trois mètres de la source du scintillement, Jack reconnu une petite dague, juste posée à même le sol. Elle paraissait intacte. Délicatement, il la prit. Elle n’était pas recouverte de poussière, elle était en parfait état de conservation, le fourreau était très finement ciselé, le pommeau en feuille d’or et d’argent tressées, une œuvre d’art de collection certainement. Il la sorti du fourreau et la lame se révéla d’une pureté éclatante. Elle était en or blanc, polie comme un miroir et visiblement tranchante comme une lame de rasoir. Jack contempla sa découverte avec bonheur et émerveillement. Il fit même quelques gestes de ce qui se rapprocherait de l’escrime, bien entendu, il prit grand soin de ne cogner aucun mur lors de ces mouvements.

Jack descendit quelques marches de plus et découvrit sur le sol une trace noire. Tiens, une trace sur ces marches immaculées ? La trace semblait grossièrement ronde puis plus large. Jack descendit un peu plus. Tiens, ça se divise en trois partie, comme si c’était … une forme humaine. Après l’avoir regardé sous plusieurs angles, malgré le faible espace disponible, Jack se rendit compte que ce qu’il avait prit pour une tache était la reproduction d’une ombre d’un homme, ou d’une femme, tombée dans les escaliers. En analysant rapidement la position, l’ombre était manifestement en train de remonter ces escaliers. Jack remonta quelques marches et reposa la dague approximativement à l’endroit où il l’avait trouvée. Ca coordonnait parfaitement. La dague était là où elle aurait pu se trouver si cette ‘ombre’ l’avait lâché lors de sa remontée vers la surface. Cette idée lui fit froid dans le dos. Et si c’était ‘son’ ombre ? Celle que la torche ne veut pas générer ? Non, ça n’est pas possible ! C’est ridicule, c’est complètement irrationnel, c’est … En fait, ça n’est pas plus irrationnel que de ne pas avoir d’ombre du tout, si ?
Prudemment, Jack se baissa et tenta de se positionner sur les marches pour voir si cette ombre pouvait lui correspondre. Il commença par s’asseoir, puis allonger ses jambes, puis … Non, c’était trop dur. Ca ne pouvait pas être ça ! C’est impossible ! Il regarda de nouveau sa montre. 2h07. Bon allez, je me donne encore dix minutes pour trouver une explication à ça ou je remonte. Avec tout ce qui lui restait de courage, Jack reprit le chemin, laissant derrière lui l’ombre figée.

2h10.
Et cette satanée torche qui bat de plus en plus vite. Oui je sais, mon cœur s’emballe. Oui, J’ai un peu peur. Pas la peine de me le rappeler.

2h12.
Il ne pouvait plus quitter sa montre des yeux, il ne tenait plus vraiment à s’aventurer plus bas, mais il s’était donné dix minutes, il devait s’y tenir.

2h14.

De la lumière ! Une faible lueur se dessinait dans le fond. Allez, courage ! La solution doit être là. Il arriva finalement devant la source de la lumière. C’était une petite pièce, identique à la précédente en tout point, à l’exception d’un puits en son centre et d’un petit caillou vert. La lumière semblait venir des murs eux-mêmes, il n’y avait pas de torche, ampoule, néon ou quoique ce soit qui puisse produire de la lumière. Jack s’approcha du puits, timidement. C’était un vulgaire puits en pierre comme on pouvait en trouver partout dans tous les villages de France et de Navarre. Il faisait environ deux mètres de diamètre pour un mètre cinquante de hauteur. A ce puits, était accrochée une pancarte, encastrée dans une pierre. Elle disait : « Nunc Humani Caligan Nin Istrahir ‘Ghyhyster’ ». Encore du charabia. Il jeta un regard timide dans le puits, et évidemment n’y vit rien sinon les ténèbres. Super, encore du rien, se dit-il. Il profita d’être dans la lumière pour regarder autour de lui, et inspecter un peu plus cette pièce. Tiens, apparemment, il n’y a pas d’escalier. Je suis donc au fond de ce trou, et évidemment, il n’y a rien, superbe. Il tourna autour de puits plusieurs fois, faisant les cent pas et cherchant quoi faire maintenant qu’il était en bas, et devant un puits. Sur le mur du puits, en se baissant, il vit une petite ouverture. S'agenouillant devant, il s'aperçu qu'il s'agissait d'un petit receptacle pour acceuillir parfaitement la dague qu'il tenait dans sa main gauche. Il se releva, dubitatif sur ce qu'il venait de découvrir. Tout ceci était trop bien préparé. Il s'appuya sur le puits pour se reposer et réfléchir un peu. Il remarqua alors un petit objet dans un recoin d’un mur, posé à terre. Un petit objet blanc et rouge. Un objet qui ressemble étrangement à son mouchoir. Il s’en approcha, et le ramassa. Mais oui, c’est mon mouchoir ! Il fouilla rapidement dans ses poches. Il n’y était plus ! Comment s’était-il retrouvé ici ? Par quelle magie ? Mais quel est cet endroit à la fin ? Jack se retourna, non, il était seul.

Jack regarda autour de lui, il n’y avait rien à voir à part ce puits. Par mesure de précaution, il refit le tour de la salle plusieurs fois pour s’assurer qu’il n’y avait aucun passage caché ou quelque détail pouvant révéler un piège. Il ne pouvait dire pourquoi, mais il sentait que quelque chose allait mal se passer. Il se rapprocha du puits. Qu’est ce que ce puits faisait là ? Qu’y avait-il au fond ? Ce qui l’intriguait le plus, c’était cette petite niche pour la dague. Qui serait assez dingue pour faire ça ? La gravure dans la roche ressemblait très précisément à tous les détails de la dague, la moindre ligne, même la plus petite inscription était là, dans la pierre, comme si c’était un moule parfait. Juste sous la niche, des marques étaient faites, fortement érodées et devenues illisibles, mais étaient-ce des lettres ? Pour la première fois depuis qu’il était rentré dans ce tunnel, Jack vit la marque du temps.

Il réfléchit quelques secondes puis se décida à déposer la dague là où elle semblait devoir être. Redoutant un quelconque piège, il tâtonna les parois pour déceler tout mécanisme ou fissure suspecte. Il rapprocha également la torche pour faire jouer les ombres. Non, tout semblait sans danger. La torche elle-même était redevenue normale, ne battant plus au gré du cœur de Jack. Mais, tiens …

« La torche semble avoir légèrement changé de couleur, elle paraît plus blanche maintenant… A moins que ça ne soit mon imagination… oui, c’est sûrement la fatigue. » Jack se surprit à se parler tout seul. « Bah, il y a personne qui me regarde, je peux bien parler tout seul à voix haute, non ? » Silence. « Je prends ce silence pour un oui, hé hé hé. »

Délicatement, il posa la dague sur son socle. A peine avait-il lâché cette dernière qu’un flash de mille soleils sorti du puits, aveuglant immédiatement Jack sans qu’il puisse se protéger les yeux. Il hurla de douleur en se mettant les mains sur les yeux, lâchant la torche et son mouchoir. Malgré les paupières fermées et ses mains, il voyait toujours la lumière blanche du flash. Jack se mit à reculer pour tenter d’échapper à cette lumière et se cogna sur le mur. A tâtons, il se mit à chercher l’escalier mais ne le trouva pas, désespéré, il s’assit et pria pour que tout s’arrête. Il mit sa tête entre ses genoux et se recroquevilla autant que possible, il était pétrifié. Alors qu’il avait toujours la tête baissée, il cru voir passer une ombre, et se senti frôlé par quelque chose. Non, il n’était plus seul, mais il n’osa rien faire sinon qu’attendre que tout se termine.

D’un coup, comme elle était arrivée, la lumière cessa. Jack n’osa toujours pas ouvrir ses yeux, de peur que cela recommence. Il attendit plusieurs longues dizaines de secondes, voire des minutes. Mais rien ne se passa, pas un bruit. Tout c’était passé dans un silence des plus total seulement troublé par les cris et gémissements de Jack. Timidement, Jack ouvra un œil, puis l’autre et releva la tête. C’était le noir complet, plus aucune source de lumière. Il n’arrivait même pas à voir ses propres mains. Il fouilla rapidement ses poches à la recherche de son Zippo qu’il trouva et alluma immédiatement. Sa maigre lumière permettait à peine d’éclairer toute la pièce, cela était bien suffisant pour l’instant.

Rapidement, il chercha à se repérer. Le puits était toujours devant lui, une tache blanche à coté devait être son mouchoir et la torche était par terre, éteinte. Il se releva lentement, tachant de rester aussi discret que possible, respirant en silence. Il se rapprocha du puits, il tourna autour jusqu’à retrouver la niche et la dague. Elle était là, incrustée dans la pierre. Avec ses ongles, il tenta de la ressortir mais c’était impossible, une fine pellicule de pierre la recouvrait, l’emprisonnait. C’est comme si la pierre avait été moulée autour de la dague. « Ca devient n’importe quoi !! J’avais cette dague dans les mains il y a pas trois minutes !! » Après quelques maigres tentatives, il se résolu à laisser la dague dans la pierre.

Il s’accouda sur le rebord du puits, se faisant, il senti un souffle venant du fond. C’était la source de la brise qui remontait dans le tunnel. Mais ce souffle n’était pas continu, il était régulièrement entrecoupé de quelques secondes de calme. Jack ne l’avait pas remarqué quand il était arrivé dans la pièce, mais maintenant, le silence précédent le flash était remplacé par le souffle du puits. Jack regarda vers le fond mais sans conviction car il savait qu’il n’y verrait toujours rien, et effectivement, son briquet n’éclairait pas au delà de la sixième pierre. Il tenta vainement de balancer son briquet de gauche à droite en espérant découvrir quelque indice mais rien n’y fit.

Commençant à être fatigué de ne trouver plus de questions que de réponses, Jack était sur le point de remonter et retourner à la fête, peut-être allaient-ils commencer à s’apercevoir de son absence. Il était déjà 2h32 à sa montre. En regardant sa montre, il s’aperçu qu’il était au dessus de la plaque du puits. « Bon, on va peut-être se pencher sur ce charabia » se dit-il. « Alors, qu’est-ce que c’était déjà ? ». La plaque lisait : Sabiy Guheil ‘Ghyhyster’ Jupita. « C’est bizarre ça, on dirait que c’est pas la même chose que tout à l’heure. » Il se pencha sur la plaque et la gratta un peu avec ses ongles, non, il n’y en avait pas une autre cachée, et les lettres gravées semblaient être d’origine. « Ca commence à m’énerver passablement cette histoire ! » Jack ne s’énervait que très rarement, mais la fatigue et la faim commençaient à avoir raison de son calme.

Décidé à remonter, Jack ramassa son mouchoir. « Allons bon, le voilà qui est devenu blanc de nouveau ! » Ne s’étonnant plus de ces phénomènes, Jack le remit dans sa poche et se tourna pour prendre l’escalier vers la surface. Il se retourna pour partir mais … ! Il y avait deux sorties maintenant ! En voulant s’en approcher, Jack buta sur quelque chose. La torche ! Elle était restée par terre, toujours éteinte. Jack la ramassa. A première vue, la main n’avait pas changé. Seul un doigt pointait dans une direction que Jack n’identifia pas tout de suite. C’est en avançant avec la torche dans sa main, la faisant aller et venir de gauche à droite que Jack se rendit compte que le doigt pointait une direction constante, quelque soit la position de la torche ! La torche indiquait à Jack de prendre la sortie de droite, apparemment. Une fois devant les deux sorties, Jack s’arrêta. Celle de gauche semblait celle par laquelle Jack était arrivé, c’était un escalier qui montait. Celle de droite, au contraire, n’était pas là quand il était arrivé, et c’était un couloir qui descendait légèrement. Jack fit un pas à l’intérieur de ce couloir pour être sûr que ce n’était pas une hallucination. Non, il y avait bien un deuxième couloir. Jack recula légèrement, méfiant. Inconsciemment, il éteignit son briquet, et c’est alors qu’une très faible lueur apparu au fond du couloir, du moins jusqu’où pouvait voir Jack et un chant très faible se fit entendre, le même qui avait forcé Jack à descendre jusqu’ici. Jack recula encore. Il était de nouveau seul, dans le noir, et ce chant qui résonnait dans sa tête…

Bloqué dans l’obscurité, Jack n’osait bouger. Il resta ainsi de longues minutes, hypnotisé par ce chant mélodieux, divin. Plusieurs fois, il fut tenté de rentrer dans ce couloir, de s’aventurer encore plus profondément, d’aller vers ce qui l’attirait, mais à chaque fois, il résista à cette envie. Son esprit voulait s’engager dans ce couloir, mais son corps refusait d’avancer. Quelque part, il sentait que quelque chose de mauvais allait se passer s’il entrait, une sorte d’intuition qui lui interdisait d’aller plus en avant. Les yeux de Jack s’étaient maintenant habitués au noir total, mais rien ne se dessinait sur ses pupilles, juste le couloir faiblement éclairé, au fond. Ce couloir était comme les premiers, parfaitement lisse, aucune imperfection ne semblait apparaître sur la maigre portion qu’il pouvait voir. Et ce chant ! Ce chant ! D’où venait-il ? Pourquoi l’attirait-il encore plus vers le fond ? Qui est derrière tout ça ? Face à ces questions, Jack prit de plus en plus peur. Pas une peur physique, mais un mal à l’aise qui se généralisait, toute l’atmosphère paraissait étrangère, hostile. Plus qu’effrayé, Jack ne se sentait plus en sécurité. Il recula de nouveau.

Il jeta un regard autour de lui, non, il n’était plus en sécurité. Rapidement, il alluma son briquet. Cette lumière familière le rassura un peu, maintenant qu’il pouvait distinguer à nouveau son environnement proche. Il se rendit également compte qu’il n’avait rien pour se défendre. « Et si quelque chose m’attaque ? » se dit-il. Pourtant jusque là, rien n’avait laissé supposer qu’il y avait une forme de vie hostile ici bas. Pour se rassurer Jack se dit que le chant qu’il entendait n’était que le vent qui soufflait dans les couloirs, comme les bruissements de feuilles en forêt qui peuvent être assimilés à des chuchotements. Oui, c’était certainement ça, il n’y avait personne d’autre que lui. Jack brandit la torche devant lui. Ce n’était que de la pierre finement taillée, au moindre coup, elle se briserait. Il lui fallait quelque chose d’autre. Mais quoi ? La dague ! Il avait trouvé une dague ! Bien sûr ! Voilà une arme de défense qu’il pourrait utiliser. Jack s’en retourna au puits et s’agenouilla devant la niche où était posée la dague. Il posa la torche à terre et commença à frapper sur la roche qui entourait la dague. Malgré sa faible épaisseur, la pierre résistait à ces assauts. Jack se releva.
« Bon, faut que je trouve un moyen de la sortir de là. »
Il essaya de donner des coups de pieds, mais la puissance de ceux-ci était insuffisante, il n’arrivait pas à avoir un angle de frappe correct.
« Aouch ! »
Le briquet devenait brûlant. Jack le posa sur le puits.

C’est alors qu’il se rendit compte que la petite flamme commençait à vaciller. Il ne restait presque plus d’essence. Il fallait maintenant agir vite. Bientôt il n’y aura plus de lumière. Jack s’agenouilla de nouveau, et son genou buta contre la torche. Mais oui ! Il pouvait l’utiliser pour briser cette roche. Il la prit par le pommeau et cogna, dans un premier temps, doucement sur la dague. Il ne voulait pas briser ni l’une ni l’autre de ces œuvres d’art. Jack aperçu des petits fragments de pierre. Il retourna le pommeau. Il était intact. C’est la protection de la dague qui se brisait sous ses coups. Maintenant confiant sur sa technique, Jack donna des coups de plus en plus violents. Jack s’arrêta, quelque chose avait changé. Le chant avait cessé. Il redonna un coup et un seul. Il tendit l’oreille et oui, il y avait bien un bruit sourd remontait du puits, en plus du souffle discontinu. Il redonna quelques coups et à chaque coup porté, la même réponse, le même bruit sourd. « Bah, c’est sûrement l’écho qui fait ça. » se dit-il. Il n’y fit guère attention et continua de cogner pour libérer la dague. Il venait de briser la protection sur un coté de la lame quand la flamme du briquet se fit très faible. Il ne lui restait plus que quelques secondes de lumière.

Afin d’avoir une meilleure préhension et donc une plus grande efficacité, Jack changea sa prise en main de la torche. Il posa une main sur le pommeau et l’autre directement sur la partie sculptée. A sa surprise, la pierre n’était plus lisse. Il fit glisser sa main sur toute la partie sculptée de la torche et effectivement, sa texture était devenue légèrement rugueuse. Il passa plusieurs fois sa main sur cette nouvelle texture. Ca lui rappelait une sensation qu’il connaissait bien. Mais oui ! C’est de la peau ! Non, c’est pas possible, c’est du délire total maintenant. Plus lentement, il effleura la torche. Ce qui n’était auparavant qu’un dessin lisse et plat commençait à prendre du relief, chaque plissement de peau, chaque pore était maintenant palpable. Il approcha la torche de son briquet pour mieux observer ce nouveau changement, et s’aperçut que la position des doigts avait encore changée. L’index n’indiquait plus la direction du couloir mais se croisait avec le majeur. Les autres doigts, quant à eux, maintenaient la boule en position. Que voulait dire cette position ? Pourquoi les doigts se sont-ils croisés ? C’était peut-être un signe de chance à la ‘je croise les doigts pour toi’, ou peut-être un avertissement, la main voulant faire une croix indiquant qu’il faille cesser l’action en cours. Impossible à dire, mais cette torche réagissait maintenant directement à ses actions et semblait se transformer progressivement, devenir de plus en plus humaine. Malheureusement pour Jack, la flamme verte du briquet empêchait de voir l’évolution de la coloration de la pierre.

Alors qu’il contemplait la torche, la flamme du briquet s’éteignit. Jack était de nouveau plongé dans le noir. S’il rallumait le briquet, il n’aurait que quelques secondes de lumière, une dizaine maximum, il le savait. Il fallait donc conserver ces dernières secondes précieusement. Son attention s’était détachée de la torche maintenant, tout son esprit était focalisé sur la dague et comment la sortir de là dans le noir. A tâtons, il retrouva la position de la dague et donna des coups avec la torche. A chaque coup porté, il passait sa main pour sentir le résultat. Oui, il progressait. Mais plus la dague était dégagée, plus les bruits sourds s’amplifiaient et ressemblaient à un cri rauque. Ca y est, la lame était complètement dégagée, il ne restait plus que le pommeau.

Il s’arrêta une seconde pour essuyer la sueur qui coulait sur son front. De la lumière attira son regard vers le couloir. La lueur qui en ressortait était devenue plus intense et le chant, qui avait reprit, semblait se rapprocher. Quoique c’était, ça se rapprochait de lui.

( A Suivre ... )
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Oxitom
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#2

Message par Oxitom »

He bien.... Pas rassurant comme histoire
Ce n'est peut être pas un war report mais c'est écrit de main de maître...
Superbe!
La suite!
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Tugais
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#3

Message par Tugais »

Absolument énorme, ne serait-on pas dans un monde Lovecraftien ?

J'attends la suite avec impatience !!
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Εις ανηρ ουδεις ανηρ

CyBeRPuNK
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#4

Message par CyBeRPuNK »

Ma foi prenant comme récit ...

Très bien !
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Knell
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#5

Message par Knell »

Pffff, il ecrit plus et mieux que moi ...... :/
#avionmoche : Mais le F35 reste moche ...
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Don Diego 2000
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#6

Message par Don Diego 2000 »

j'adore ;)
Chat collé au plafond, tires le manche à fond !
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hellflyer
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#7

Message par hellflyer »

superbe on va se retrouver dans le monde du seigneur des anneaux si ca continue :jumpy: :jumpy: :D :D
Regle C6 N° 24"pas de citations, sauf si l'auteur est mort"
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galevsky
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#8

Message par galevsky »

AHHHHHHHHHHHHHH !! c'est criminel de nous laisser là !!!! C'est génial, la suite :D :D :D
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Mobius
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#9

Message par Mobius »

Chapeau Moutton
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<F=A=F>Gargoll
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#10

Message par <F=A=F>Gargoll »

Super! :god:
J'adore ce genre d'histoire :wub:

Mais c'est horrible de couper à ce moment :lol:
J'attends la suite avec une franche impassiance
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Gerfaut
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#11

Message par Gerfaut »

Top moumoute, si le récit est perso, Moutton !
Bonne gestion du suspens et du rythme du récit... Juste une remarque : l'utilisation du présent de narration renforcerait l'actualité du récit en le rendant plus réel, puisque le lecteur est invité à suivre le déroulement de l'action.
L'usage de l'imparfait "ralentit" l'action, or ici les ressorts du suspens portent plus sur l'atmosphère, l'ambiance, que sur l'action véritable. Par conséquent utiliser le présent "accélère" la progression du récit vers les événements surnaturels...

Très Lovecraftien comme style, on s'attend à ce qu'un "dieu fou et informe hurlant dans le noir" apparaisse !!!

C'est une partie de "Call of Cthulhu" ???
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Moutton
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#12

Message par Moutton »

1/ Merci de vos commentaires nombreux, ça me manquait par ici
2/ C'est quoi LoveCraft ?
3/ C'est quoi "Call of Chtututul" ?
4/ El Knell > Ca n'est vrai que sur la longueur, t'as plus de succès dans les vrais War Reports.
5/ J'écris naturellement au passé, je ne sais pas pourquoi, à chaque fois que je tente le présent des formes en imparfait et passé simple apparaissent. Promis, la prochaine histoire sera au présent.
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#13

Message par Moutton »

En fait, j'écris cette histoire par petits bouts sur un autre Forum. C'est une histoire dont les Forumeurs décident de la suite. L'épisode en cours est ici : http://www.posse-press.com/forum/showth ... adid=25298
( il ne reste qu'un jour pour voter )

Si vous voulez décider de la suite de Jack, allez voter !!
La suite sera mise ici, bien entendu, vu votre engouement.
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Gerfaut
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#14

Message par Gerfaut »

Originally posted by Moutton@31 Aug 2004, 18:34
1/ Merci de vos commentaires nombreux, ça me manquait par ici
2/ C'est quoi LoveCraft ?
3/ C'est quoi "Call of Chtututul" ?
4/ El Knell > Ca n'est vrai que sur la longueur, t'as plus de succès dans les vrais War Reports.
5/ J'écris naturellement au passé, je ne sais pas pourquoi, à chaque fois que je tente le présent des formes en imparfait et passé simple apparaissent. Promis, la prochaine histoire sera au présent.
http://www.hplovecraft.com/

"Call of Cthulhu" est un JDR genre "Fantastique" directement inspiré par l'univers d'HP Lovecraft, très flippant si l'ambiance s'y prête. Un frangin a failli avoir une crise cardiaque un soir en y jouant avec des potes : même tension qu'une partie d'Alien vs Predator ou Alone in the dark...
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Moos_tachu
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#15

Message par Moos_tachu »

Originally posted by Gerfaut@31 Aug 2004, 19:00
même tension qu'une partie d'Alien vs Predator
Hé hé... :devil: Quelqu'un a essayé Doom 3 ? Là aussi y'a du sursaut de 2m au détour des couloirs :wub:

Sinon Moumout', excellent comme d'hab, j'adore :D

PS : s'toi comme d'hab ;)
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galevsky
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#16

Message par galevsky »

AH non !!!!!!!!!!!!! je ne veux surtotu pas décider de la suite, alors que tous les éléments s'imposent à moi !!!! je suis tenu en haleine, un suspens monstrueux, je ne tiens vraiment pas à faire la suite !!!!! Après chacun fait ce qui veux, mais je préfère découvrir au moment où je lis......... juste pour dire ce que je ressentais ;)
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<F=A=F>Gargoll
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#17

Message par <F=A=F>Gargoll »

+1

C'est comme quand un con te raconte mal un super grand moment dans un film.

Je veux rien savoir, je me bouche les oreilles et ferme les yeux jusqu'à ce que la version finale de la suite soit publiée :)

Mobius
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#18

Message par Mobius »

Originally posted by Gerfaut+31 Aug 2004, 19:00--></div><table border='0' align='center' width='95%' cellpadding='3' cellspacing='1'><tr><td>QUOTE (Gerfaut @ 31 Aug 2004, 19:00)</td></tr><tr><td id='QUOTE'> <!--QuoteBegin-Moutton@31 Aug 2004, 18:34
1/ Merci de vos commentaires nombreux, ça me manquait par ici
2/ C'est quoi LoveCraft ?
3/ C'est quoi "Call of Chtututul" ?
4/ El Knell > Ca n'est vrai que sur la longueur, t'as plus de succès dans les vrais War Reports.
5/ J'écris naturellement au passé, je ne sais pas pourquoi, à chaque fois que je tente le présent des formes en imparfait et passé simple apparaissent. Promis, la prochaine histoire sera au présent.
http://www.hplovecraft.com/

"Call of Cthulhu" est un JDR genre "Fantastique" directement inspiré par l'univers d'HP Lovecraft, très flippant si l'ambiance s'y prête. Un frangin a failli avoir une crise cardiaque un soir en y jouant avec des potes : même tension qu'une partie d'Alien vs Predator ou Alone in the dark... [/b][/quote]
au fait y sort quand CoC:DCotE?
quoi c'est pas clair que c'est Call of Cthulu: Dark Corners of the Earth :P
Lui il va faire Peur c'est sur
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Gerfaut
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#19

Message par Gerfaut »

Héhé ! Tu as pensé à te procurer le Nécronomicon, pour te mettre bien avec Yog-Sothoth et ne pas trop perdre de points de "sanity" ?!?!
:god:

http://www.mystae.com/restricted/stream ... micon.html
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Mobius
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#20

Message par Mobius »

à vrai dire je joue surtout à Delta Green quand j'ai le temps.


Tiens et voir Moutton? c'est combien en perte de SAN?

1D6/3D6+3 :lol:
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Gerfaut
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#21

Message par Gerfaut »

Euhhhhh... je suppose que cela dépend du moment : sous sa forme humaine, tu dois pas trop en perdre !!
:exit:
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Mobius
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#22

Message par Mobius »

Moutton serait Nyarlathotep? :D
intérêt à me faire bien voir de l'émissaire des Outers Gods :exit:
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Gerfaut
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#23

Message par Gerfaut »

Quoi ??!! Moutton serait Nyarlathotep ?! :wacko: ^_^ Le Chaos Rampant en personne, l'Ether qui sert de médiateur entre les différents aspects des Vénérables anciens, le réceptacle de leur volonté combinée, pouvant exister sous n'importe quelle forme à n'importe quel endroit et à n'importe quelle époque ?? Trop puissant, le gars ! :god:

Cela expliquerait donc l'origine de la formidable capacité de survie des Jabos en FW190, lors d'engagements avec des rapports de force très défavorables... :rolleyes:

Nan nan, si c'était vrai, tu penses bien que le serveur C6 aurait déjà été vaporisé par la seule évocation du vrai nom de Moutton... :shutup!: je pensais plutôt à Shub-Niggurath, La Grande Chèvre Noire des Bois avec un millier de petits. Dieu du sabbat des sorcières et manifestation terrestre de la Puissance des Vénérables Anciens, cela cadre bien mieux avec l'étrange fascination de notre ami pour les bergeries...


:rolleyes: :exit:

Voici notre Vénérable Ancien surpris au saut de son lit interdimensionel par nos reporters spatio-temporels :

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Adorable, non ? :wub:

Mais jetons un voile pudique sur sa tenue quelque peu désordonnée : il n'avait pas encore eu le temps de faire sa toilette, comme chacun peut le constater... :blushing:
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Mobius
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#24

Message par Mobius »

Je vois trop Moutton entouré de sombres rejetons :lol:
Et les journalistes?
à l'asile d'Arkham?
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Gerfaut
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#25

Message par Gerfaut »

C'est une probabilité qu'il nous faut malheureusement envisager ...
:modob:


Ceci dit, Moutton, on est plusieurs à attendre avec impatience la suite !
;)

Bon courage, camarade.
:D
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