Decouvert ca ici: http://forum.biohazcentral.com/index.php?showtopic=5984
Et on pourrait dire avec eux: svp monsieur, nous voulons une simu WW1 :god:
Ca nous vient de Russie, encore? etonnant, non?!!!
La periode couverte devrait/parrait etre le conflit 14-18 et quelques episodes de la
guerre civile russe.
Il y a quelques screens de paysages en page gallery dont le plus interessant montre
une partie proche ligne de front. Certains autres autres detaillent jusqu'a la modelisation
de l'herbe!!!! On peut se demander l'interet de pinailler autant dans une simu aero
mais bon si ils arrivent a mener le projet au bout, promis je ne pleurerais pas la
dessus :lol:
J'allais oublier: tous les screens sont pris en oiseau :D : aucun avion n'apparait encore
Voila allez on espere fort :god: :god:
1° Guerre Dans Les Airs
#2
C'est magnifique, mais je préfère ne pas espérer... :(
Rcbrf, le seul motard qui préfère vous voir devant
-
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#4
Extrait des mémoires de mon grand père, Jean Dereck.
Il a combattu d'abord lors de la retraite de l'isère, puis est parti parmi les Auto-Canons comme sidecariste (Indian) en Gallicie. Des Belges, des Français, des Anglais, des Tchèques ... y ont combattu les Autrichiens. Les Français y étaient avec leur aviation.
Il était décoré de quatre médailles de St-Georges de 4ème Classe, une de 3ème Classe comme soldat puis une de seconde Classe pour officier de l'armée Blanche plus la croix de St Nicolas le Traumaturge. Il a aussi été décoré par la Belgique, chevalier de l'ordre de léopold II avec glaive, Chevalier de la couronne avec glaive, ...
ON SE BAT A KONIOUKI
Hourra ! ... Hourra ! ... Hourra ! ... Les troupes russes massées dans les tranchées sautent sur le parapet, traversent les fils de fer barbelés, courent vers les lignes autrichiennes, mais pareils aux champs de blé dans la tempête se couchent pour ne plus se relever. De nouvelles vagues d'assaut sont sorties de leurs abris ... le vide se fait à nouveau dans leurs rangs, mais ils sont si nombreux que, pour un homme qui tombe, dix viennent le remplacer. Le tir des mitrailleuses autrichiennes faiblit, nos ennemis sont débordés ; leurs troupes, décimées par une préparation d'artillerie de trois jours, sont démoralisées, jettent leurs armes à l'approche des Russes qui prennent leurs lignes et se mettent à la poursuite des fuyards. J'assiste peu après au défilé des prisonniers : des régiments entiers avec leurs officiers. Ces derniers n'ont pas l'air fier, ils savent que la Sibérie les attend... Un spectacle plus désolant s'offre à nos yeux : les blessés russes à la recherche d'un docteur ou d'une siestra ; bien souvent ils doivent faire des kilomètres en s'aidant l'un l'autre avant de rencontrer un poste de secours ; le front et si grand et il y a tant de blessés.
Avec le jour qui baisse, le calme revient sur le front ; mon lieutenant arrive avec son interprète et nous crie :
- “En route pour le cantonnement, les Russes viennent de prendre Koniouki dans la vallée et l'Etat-major nous réserve du travail pour demain matin."
De bonne heure, tous les hommes de la 2eme batterie sont sur pied et c'est en chantant les airs favoris du corps que la colonne se forme sur la route.
En attendant l'ordre de départ, on vérifie canons et mitrailleuses ; pour nous c'est un jour de fête ; n'allons-nous pas nous mettre à la poursuite des Autrichiens ? Et Constant-le-Marin pousse un cri de guerre :
- “On va leur couper la tête ! “
Les lieutenants Duffosset et Tanghe donnent les dernières instructions aux chefs de pièces.
La colonne se met en marche ; nous soulevons un véritable nuage de poussière en passant dans les chemins de terre qui nous conduisent aux tranchées.
Au fur et à mesure que nous nous rapprochons de la ligne de feu, la route devient de plus en plus mauvaise; les obus qui sont tombés les jours précédents ont fait de grands entonnoirs que l'on est obligé de contourner. Nous voici arrivés aux tranchées russes ; le corps du génie a jeté des passerelles pour nous permettre de les franchir avec nos blindées. Il en est de même pour passer au-dessus des tranchées autrichiennes qui avaient été prises la veille ; celles-ci sont pleines de cadavres. A leur vue, nous avons cessé de chanter par respect pour eux ; morts, ils ne sont plus nos ennemis.
L'artillerie autrichienne nous a sans doute repérés ; les obus tombent à nos côtés, aussi nous forçons un peu la marche et entrons dans une petite vallée. Le chemin devient plus étroit et la voiture de Constant-le-Marin qui ouvre la marche de la colonne, glisse dans un trou d'obus ; impossible de l'en faire sortir. Je prends l'initiative d'aller avec mon side-car au village de Koniouki, dont on aperçoit quelques maisons, afin d'en rapporter quelques planches pour les glisser en dessous des roues de l'auto-blindée. Je suis bien vite au village et laisse ma moto à l'entrée ; je longe un gros ruisseau et essaie d'entrer dans les petites maisons qui le bordent, mais elles sont closes et les autres flambent ou achèvent de se consumer. Plus un habitant dans ce patelin, pas même une poule, aussi je me dis : -“Mauvaise journée pour les estomacs que l'on ne pourra ravitailler." Enfin, dans une maison démolie par l'artillerie, je trouve ce que je cherchais et les épaules chargées de planches, je me dirige pour rejoindre ma moto.
En cours de route je passe devant une fontaine où une vingtaine de soldats russes se désaltèrent hâtivement. J'entends le vrombissement d'un avion qui s'approche et qui passe à cinquante mètres au-dessus de ma tête: -“C'est un Taube.” Tout à coup une détonation formidable il a dû laisser tomber une bombe. Je suis projeté comme une balle contre le talus de la route. Je me relève dans un nuage de poussière et de fumée. Tout étourdi, je me mets à courir comme un fou et ce n'est qu'en revoyant ma moto à l'entrée du village que je reprends mes sens et comprends ce qui vient d'arriver. Je me dispose à revenir sur mes pas pour rechercher mes planches, lorsque je vois les autos blindées descendre dans le village. Une compagnie de soldats russes était passée et avait retiré la blindée.
Le lieutenant arrête la colonne et fait couvrir les blindées de feuillages, afin qu'elles ne puissent, être repérées par les avions ennemis qui maintenant sillonnent le ciel. Nous attendons le moment de pouvoir entrer en action. Pour ma part, je reste sur la route en liaison avec les cyclistes qui devront appuyer éventuellement notre offensive. Assis sur le bord du talus, je contemple la petite rivière qui coule toute limpide dans un lit de cailloux blancs. Un général russe est venu me tenir compagnie ; il est tout heureux de me montrer ses connaissances de la langue française et nous causons de la Belgique, tandis que les Autrichiens commencent à bombarder le village de shrapnells et obus de tous calibres. Nous ne sommes pas du tout en sécurité au bord de la route, à peine venions-nous de faire cette réflexion que six shrapnells éclatent au-dessus de nos têtes ; nous nous laissons tomber dans le fossé en nous faisant le plus petit possible ; les éclats tombés, nous nous relevons tout heureux d'y avoir encore échappé. Je regarde ma moto qui se trouve à mes pieds ; elle a son réservoir d'huile perforé et un morceau de la selle enlevé.
Mon lieutenant Tanghe vient me trouver et me demande de le conduire près des tranchées ; il a reçu l'ordre d'aider les Russes à refouler la contre-attaque autrichienne qui doit avoir lieu dans quelques minutes. Nous arrivons aux tranchées avec deux voitures: celle de Putseys et celle de Constant-le-Marin.
Je laisse ma moto derrière une petite maison et nous attendons les dernières instructions. Le lieutenant donne l'ordre à la voiture de Putseys de rouler vers les tranchées autrichiennes ; une belle route de terre au milieu d'un bois y conduit ; les voilà partis en ouvrant le feu sur les Autrichiens qui se montrent. La voiture de Constant-le-Marin est prête, mais le lieutenant a peur de l’engager, c'est une voiture de construction russe dont le blindage n'a pas fait ses preuves. Constant voyant l'hésitation du lieutenant, le supplie de pouvoir prendre part au combat ; sur son insistance, le lieutenant le laisse partir tout en dégageant sa responsabilité. Constant pousse son cri de guerre et :
- “En avant ! “, dit-il.
En un bond la voiture a traversé les tranchées russes et va se poster à cinq mètres des tranchées autrichiennes. Mon lieutenant et moi courrons derrière pour observer le tir et le rectifier s'il y a lieu. Nous nous couchons dans le bois entre les tranchées russes et autrichiennes, protégés par de gros arbres. De là, nous pouvons observer tout à notre aise.
La mitrailleuse de Constant crache tout ce qu'elle peut, tandis que l'autre voiture tire au canon sans arrêt. Les Autrichiens n'osent plus se montrer. Tout à coup la mitrailleuse de Constant ne marche plus, intrigué, je fixe la blindée. Je remarque qu'il y a de l’eau qui coule de la voiture et je le fais observer à mon lieutenant :
- “Il y a de la casse ! dis-je ; Les balles autrichiennes ont dû traverser le blindage et perforer le radiateur."
Par malheur, la voiture de Putseys revient à l'arrière par petits bonds, son embrayage patine. Elle ne peut donc pas porter secours à la voiture de Constant, dont la porte s'ouvre et je vois quelqu'un qui se laisse tomber de l'auto et saute dans le bois. En quelques enjambées, il est près de nous. C'est Vallée qui, affolé nous crie :
- “Tout le monde est tué ou blessé dans la voiture, car les balles autrichiennes traversent le blindage."
Mon lieutenant se trouve devant une tâche bien difficile : Organiser le sauvetage des hommes de la voiture et empêcher que l'autre ne subisse le même sort ; il oublie qu’il est une cible, se croit invulnérable, court entre les tranchées pour donner des instructions. Il m'a à peine quitté que Guillot et Constant sortent à leur tour ; Guillot, quoique blessé à la jambe, est bien vite près de moi. Il me montre sa blessure et tandis que je le soigne , Vallée revient avec trois cyclistes. Lust, Dey et un autre sont venus me rejoindre, envoyés par le lieutenant. Je leur montre Constant qui est à une trentaine de mètres et qui appelle au secours. N’écoutant que leur courage, les voilà partis en rampant pour lui venir en aide.
La blessure de Guillot, sommairement nettoyée et pansée, je vais aussitôt au secours de Constant ; celui-ci couché sur le dos, dans le bois, est mal arrangé ; il a reçu deux balles dans la jambe, une dans l'épaule, une dans le bras. Il n'a même plus la force de se traîner. Nous sommes couchés à plat-ventre à côté de ce colosse de cent vingt kilos. Nous ne pouvons pas lever la tête, car les balles sifflent, les obus tombent par rafales en soulevant une terre noire qui nous retombe sur le dos. Constant voyant le danger que nous courons pour lui, nous demande de l'abandonner. Il me vient alors à l’idée de le traîner et lui, s'aidant d’une jambe, Lust et Dey le tirant par le pantalon, deux autres camarades et moi par la tunique, nous combinerons nos efforts. A chaque traction, nous avançons de dix à quinze centimètres vers les tranchées russes. Après une demi-heure de travail nous y arrivons, nous le déposons sur une civière et allons le conduire dans la Torpédo de Just, qui fait le service d'ambulance et qui n'a pas craint, malgré l'intense fusillade, de venir chercher notre blessé. Revenu au village, mon lieutenant m'envoie alors chercher un mécanicien à une cinquantaine de kilomètres du front.
La route qui nous ramène à Koniouki est violemment bombardée. Pitou 12bis trouve cela très amusant ; il tâche de compter les obus qui tombent et pince-sans-rire, me demande s'il ne va pas être cité à l’ordre du jour. Je lui enlève vite ses illusions en lui rappelant qu’au corps des Auto-Canons on fait son devoir pour la satisfaction personnelle de rendre service à son pays. Un obus tombe à nos côtés. Pitou la trouve mauvaise, aussi je donne tous les gaz et comme un bolide nous rentrons dans le village de Koniouki, où notre mécano se met en devoir de réparer la blindée dont l'embrayage ne fonctionne plus.
On me dit que Godefroid le chauffeur de Constant-le-Marin, est tué dans l'auto-blindée ; on ne l’a plus revu. Malgré tout, je me dirige vers l'endroit où eut lieu le combat du matin, je voudrais encore revoir la blindée tragique. Un tas de questions se posent à mon esprit : - “Godefroid, est-il bien mort ? - N'était-il pas simplement blessé ? - N'appelle-t-il pas au secours ? - N'est-il pas sorti de la voiture comme les autres ? - N'est-il pas couché dans le bois comme Constant en attendant qu'un de ses amis viennent le chercher ? - Mais comment aller là bas ? “ Le lieutenant peut avoir besoin de moi, aussi je me mets à sa recherche pour lui demander l'autorisation d'aller aux tranchées. A ce moment un autre motocycliste vient vers moi et m'en donne l'occasion.
Très ennuyé, il me confie que, le matin, il a laissé sa moto à proximité des tranchées russes ; il prétend avoir essayé plusieurs fois de la rechercher, mais chaque fois il avait été obligé de se retirer, tellement le feu des Autrichiens était nourri. Aussi n’ose-t-il pas avouer au lieutenant la perte de sa moto. Je lui promets que j’irai la chercher, à condition qu’il m'accompagne et nous nous mettons aussitôt en route. Arrivés au dernier carrefour, il me montre une petite maison incendiée dont il ne reste que quelques murs :
- “Elle est là ma moto.” dit-il, dans la maison.”
A plat ventre - car il s'agit de ne pas me faire repérer par les Autrichiens - je rampe jusqu'à la petite isba ; la moto est là intacte, mais la veste de cuir qu'il avait pendue au mur en face de la fenêtre a été criblée de balles, les Autrichiens l'ayant sans doute prise pour cible.
La baie de la fenêtre est située vers les tranchées autrichiennes et de cet observatoire je regarde à mon aise le lieu du combat où l'on aperçoit encore la blindée désemparée qui se trouve entre les lignes. A part quelques balles qui sifflent, le calme est revenu sur le front. Mes yeux tâchent de découvrir une forme humaine dans le bois. A certains moments, il me semble voir quelque chose qui bouge. Je crois entendre une voix qui appelle et qui gémit, mais je dois me rendre à l'évidence, c'est une illusion. Mon désir d'entendre un appel de Godefroid est si grand que je crois l'entendre. Hélas ! Ce que je vois bouger dans le bois, ce ne sont que des feuilles mortes soulevées par la brise du soir qui gémit. La blindée a été bombardée toute la journée par l'artillerie russe, afin de ne pas abandonner du matériel aux Autrichiens. Un obus de gros calibre est tombé à côté, formant ainsi un grand entonnoir. La voiture a glissé dans ce trou ; elle semble vouloir entrer dans le sol comme pour préserver et servir de sépulture à notre brave compagnon.
Les larmes me montent aux yeux en jetant un dernier regard sur cette vision funèbre et un cri s'échappe de ma poitrine :
- “Adieu ! Godefroid nous te vengerons."
Seul l'écho répond au loin ...
Il a combattu d'abord lors de la retraite de l'isère, puis est parti parmi les Auto-Canons comme sidecariste (Indian) en Gallicie. Des Belges, des Français, des Anglais, des Tchèques ... y ont combattu les Autrichiens. Les Français y étaient avec leur aviation.
Il était décoré de quatre médailles de St-Georges de 4ème Classe, une de 3ème Classe comme soldat puis une de seconde Classe pour officier de l'armée Blanche plus la croix de St Nicolas le Traumaturge. Il a aussi été décoré par la Belgique, chevalier de l'ordre de léopold II avec glaive, Chevalier de la couronne avec glaive, ...
ON SE BAT A KONIOUKI
Hourra ! ... Hourra ! ... Hourra ! ... Les troupes russes massées dans les tranchées sautent sur le parapet, traversent les fils de fer barbelés, courent vers les lignes autrichiennes, mais pareils aux champs de blé dans la tempête se couchent pour ne plus se relever. De nouvelles vagues d'assaut sont sorties de leurs abris ... le vide se fait à nouveau dans leurs rangs, mais ils sont si nombreux que, pour un homme qui tombe, dix viennent le remplacer. Le tir des mitrailleuses autrichiennes faiblit, nos ennemis sont débordés ; leurs troupes, décimées par une préparation d'artillerie de trois jours, sont démoralisées, jettent leurs armes à l'approche des Russes qui prennent leurs lignes et se mettent à la poursuite des fuyards. J'assiste peu après au défilé des prisonniers : des régiments entiers avec leurs officiers. Ces derniers n'ont pas l'air fier, ils savent que la Sibérie les attend... Un spectacle plus désolant s'offre à nos yeux : les blessés russes à la recherche d'un docteur ou d'une siestra ; bien souvent ils doivent faire des kilomètres en s'aidant l'un l'autre avant de rencontrer un poste de secours ; le front et si grand et il y a tant de blessés.
Avec le jour qui baisse, le calme revient sur le front ; mon lieutenant arrive avec son interprète et nous crie :
- “En route pour le cantonnement, les Russes viennent de prendre Koniouki dans la vallée et l'Etat-major nous réserve du travail pour demain matin."
De bonne heure, tous les hommes de la 2eme batterie sont sur pied et c'est en chantant les airs favoris du corps que la colonne se forme sur la route.
En attendant l'ordre de départ, on vérifie canons et mitrailleuses ; pour nous c'est un jour de fête ; n'allons-nous pas nous mettre à la poursuite des Autrichiens ? Et Constant-le-Marin pousse un cri de guerre :
- “On va leur couper la tête ! “
Les lieutenants Duffosset et Tanghe donnent les dernières instructions aux chefs de pièces.
La colonne se met en marche ; nous soulevons un véritable nuage de poussière en passant dans les chemins de terre qui nous conduisent aux tranchées.
Au fur et à mesure que nous nous rapprochons de la ligne de feu, la route devient de plus en plus mauvaise; les obus qui sont tombés les jours précédents ont fait de grands entonnoirs que l'on est obligé de contourner. Nous voici arrivés aux tranchées russes ; le corps du génie a jeté des passerelles pour nous permettre de les franchir avec nos blindées. Il en est de même pour passer au-dessus des tranchées autrichiennes qui avaient été prises la veille ; celles-ci sont pleines de cadavres. A leur vue, nous avons cessé de chanter par respect pour eux ; morts, ils ne sont plus nos ennemis.
L'artillerie autrichienne nous a sans doute repérés ; les obus tombent à nos côtés, aussi nous forçons un peu la marche et entrons dans une petite vallée. Le chemin devient plus étroit et la voiture de Constant-le-Marin qui ouvre la marche de la colonne, glisse dans un trou d'obus ; impossible de l'en faire sortir. Je prends l'initiative d'aller avec mon side-car au village de Koniouki, dont on aperçoit quelques maisons, afin d'en rapporter quelques planches pour les glisser en dessous des roues de l'auto-blindée. Je suis bien vite au village et laisse ma moto à l'entrée ; je longe un gros ruisseau et essaie d'entrer dans les petites maisons qui le bordent, mais elles sont closes et les autres flambent ou achèvent de se consumer. Plus un habitant dans ce patelin, pas même une poule, aussi je me dis : -“Mauvaise journée pour les estomacs que l'on ne pourra ravitailler." Enfin, dans une maison démolie par l'artillerie, je trouve ce que je cherchais et les épaules chargées de planches, je me dirige pour rejoindre ma moto.
En cours de route je passe devant une fontaine où une vingtaine de soldats russes se désaltèrent hâtivement. J'entends le vrombissement d'un avion qui s'approche et qui passe à cinquante mètres au-dessus de ma tête: -“C'est un Taube.” Tout à coup une détonation formidable il a dû laisser tomber une bombe. Je suis projeté comme une balle contre le talus de la route. Je me relève dans un nuage de poussière et de fumée. Tout étourdi, je me mets à courir comme un fou et ce n'est qu'en revoyant ma moto à l'entrée du village que je reprends mes sens et comprends ce qui vient d'arriver. Je me dispose à revenir sur mes pas pour rechercher mes planches, lorsque je vois les autos blindées descendre dans le village. Une compagnie de soldats russes était passée et avait retiré la blindée.
Le lieutenant arrête la colonne et fait couvrir les blindées de feuillages, afin qu'elles ne puissent, être repérées par les avions ennemis qui maintenant sillonnent le ciel. Nous attendons le moment de pouvoir entrer en action. Pour ma part, je reste sur la route en liaison avec les cyclistes qui devront appuyer éventuellement notre offensive. Assis sur le bord du talus, je contemple la petite rivière qui coule toute limpide dans un lit de cailloux blancs. Un général russe est venu me tenir compagnie ; il est tout heureux de me montrer ses connaissances de la langue française et nous causons de la Belgique, tandis que les Autrichiens commencent à bombarder le village de shrapnells et obus de tous calibres. Nous ne sommes pas du tout en sécurité au bord de la route, à peine venions-nous de faire cette réflexion que six shrapnells éclatent au-dessus de nos têtes ; nous nous laissons tomber dans le fossé en nous faisant le plus petit possible ; les éclats tombés, nous nous relevons tout heureux d'y avoir encore échappé. Je regarde ma moto qui se trouve à mes pieds ; elle a son réservoir d'huile perforé et un morceau de la selle enlevé.
Mon lieutenant Tanghe vient me trouver et me demande de le conduire près des tranchées ; il a reçu l'ordre d'aider les Russes à refouler la contre-attaque autrichienne qui doit avoir lieu dans quelques minutes. Nous arrivons aux tranchées avec deux voitures: celle de Putseys et celle de Constant-le-Marin.
Je laisse ma moto derrière une petite maison et nous attendons les dernières instructions. Le lieutenant donne l'ordre à la voiture de Putseys de rouler vers les tranchées autrichiennes ; une belle route de terre au milieu d'un bois y conduit ; les voilà partis en ouvrant le feu sur les Autrichiens qui se montrent. La voiture de Constant-le-Marin est prête, mais le lieutenant a peur de l’engager, c'est une voiture de construction russe dont le blindage n'a pas fait ses preuves. Constant voyant l'hésitation du lieutenant, le supplie de pouvoir prendre part au combat ; sur son insistance, le lieutenant le laisse partir tout en dégageant sa responsabilité. Constant pousse son cri de guerre et :
- “En avant ! “, dit-il.
En un bond la voiture a traversé les tranchées russes et va se poster à cinq mètres des tranchées autrichiennes. Mon lieutenant et moi courrons derrière pour observer le tir et le rectifier s'il y a lieu. Nous nous couchons dans le bois entre les tranchées russes et autrichiennes, protégés par de gros arbres. De là, nous pouvons observer tout à notre aise.
La mitrailleuse de Constant crache tout ce qu'elle peut, tandis que l'autre voiture tire au canon sans arrêt. Les Autrichiens n'osent plus se montrer. Tout à coup la mitrailleuse de Constant ne marche plus, intrigué, je fixe la blindée. Je remarque qu'il y a de l’eau qui coule de la voiture et je le fais observer à mon lieutenant :
- “Il y a de la casse ! dis-je ; Les balles autrichiennes ont dû traverser le blindage et perforer le radiateur."
Par malheur, la voiture de Putseys revient à l'arrière par petits bonds, son embrayage patine. Elle ne peut donc pas porter secours à la voiture de Constant, dont la porte s'ouvre et je vois quelqu'un qui se laisse tomber de l'auto et saute dans le bois. En quelques enjambées, il est près de nous. C'est Vallée qui, affolé nous crie :
- “Tout le monde est tué ou blessé dans la voiture, car les balles autrichiennes traversent le blindage."
Mon lieutenant se trouve devant une tâche bien difficile : Organiser le sauvetage des hommes de la voiture et empêcher que l'autre ne subisse le même sort ; il oublie qu’il est une cible, se croit invulnérable, court entre les tranchées pour donner des instructions. Il m'a à peine quitté que Guillot et Constant sortent à leur tour ; Guillot, quoique blessé à la jambe, est bien vite près de moi. Il me montre sa blessure et tandis que je le soigne , Vallée revient avec trois cyclistes. Lust, Dey et un autre sont venus me rejoindre, envoyés par le lieutenant. Je leur montre Constant qui est à une trentaine de mètres et qui appelle au secours. N’écoutant que leur courage, les voilà partis en rampant pour lui venir en aide.
La blessure de Guillot, sommairement nettoyée et pansée, je vais aussitôt au secours de Constant ; celui-ci couché sur le dos, dans le bois, est mal arrangé ; il a reçu deux balles dans la jambe, une dans l'épaule, une dans le bras. Il n'a même plus la force de se traîner. Nous sommes couchés à plat-ventre à côté de ce colosse de cent vingt kilos. Nous ne pouvons pas lever la tête, car les balles sifflent, les obus tombent par rafales en soulevant une terre noire qui nous retombe sur le dos. Constant voyant le danger que nous courons pour lui, nous demande de l'abandonner. Il me vient alors à l’idée de le traîner et lui, s'aidant d’une jambe, Lust et Dey le tirant par le pantalon, deux autres camarades et moi par la tunique, nous combinerons nos efforts. A chaque traction, nous avançons de dix à quinze centimètres vers les tranchées russes. Après une demi-heure de travail nous y arrivons, nous le déposons sur une civière et allons le conduire dans la Torpédo de Just, qui fait le service d'ambulance et qui n'a pas craint, malgré l'intense fusillade, de venir chercher notre blessé. Revenu au village, mon lieutenant m'envoie alors chercher un mécanicien à une cinquantaine de kilomètres du front.
La route qui nous ramène à Koniouki est violemment bombardée. Pitou 12bis trouve cela très amusant ; il tâche de compter les obus qui tombent et pince-sans-rire, me demande s'il ne va pas être cité à l’ordre du jour. Je lui enlève vite ses illusions en lui rappelant qu’au corps des Auto-Canons on fait son devoir pour la satisfaction personnelle de rendre service à son pays. Un obus tombe à nos côtés. Pitou la trouve mauvaise, aussi je donne tous les gaz et comme un bolide nous rentrons dans le village de Koniouki, où notre mécano se met en devoir de réparer la blindée dont l'embrayage ne fonctionne plus.
On me dit que Godefroid le chauffeur de Constant-le-Marin, est tué dans l'auto-blindée ; on ne l’a plus revu. Malgré tout, je me dirige vers l'endroit où eut lieu le combat du matin, je voudrais encore revoir la blindée tragique. Un tas de questions se posent à mon esprit : - “Godefroid, est-il bien mort ? - N'était-il pas simplement blessé ? - N'appelle-t-il pas au secours ? - N'est-il pas sorti de la voiture comme les autres ? - N'est-il pas couché dans le bois comme Constant en attendant qu'un de ses amis viennent le chercher ? - Mais comment aller là bas ? “ Le lieutenant peut avoir besoin de moi, aussi je me mets à sa recherche pour lui demander l'autorisation d'aller aux tranchées. A ce moment un autre motocycliste vient vers moi et m'en donne l'occasion.
Très ennuyé, il me confie que, le matin, il a laissé sa moto à proximité des tranchées russes ; il prétend avoir essayé plusieurs fois de la rechercher, mais chaque fois il avait été obligé de se retirer, tellement le feu des Autrichiens était nourri. Aussi n’ose-t-il pas avouer au lieutenant la perte de sa moto. Je lui promets que j’irai la chercher, à condition qu’il m'accompagne et nous nous mettons aussitôt en route. Arrivés au dernier carrefour, il me montre une petite maison incendiée dont il ne reste que quelques murs :
- “Elle est là ma moto.” dit-il, dans la maison.”
A plat ventre - car il s'agit de ne pas me faire repérer par les Autrichiens - je rampe jusqu'à la petite isba ; la moto est là intacte, mais la veste de cuir qu'il avait pendue au mur en face de la fenêtre a été criblée de balles, les Autrichiens l'ayant sans doute prise pour cible.
La baie de la fenêtre est située vers les tranchées autrichiennes et de cet observatoire je regarde à mon aise le lieu du combat où l'on aperçoit encore la blindée désemparée qui se trouve entre les lignes. A part quelques balles qui sifflent, le calme est revenu sur le front. Mes yeux tâchent de découvrir une forme humaine dans le bois. A certains moments, il me semble voir quelque chose qui bouge. Je crois entendre une voix qui appelle et qui gémit, mais je dois me rendre à l'évidence, c'est une illusion. Mon désir d'entendre un appel de Godefroid est si grand que je crois l'entendre. Hélas ! Ce que je vois bouger dans le bois, ce ne sont que des feuilles mortes soulevées par la brise du soir qui gémit. La blindée a été bombardée toute la journée par l'artillerie russe, afin de ne pas abandonner du matériel aux Autrichiens. Un obus de gros calibre est tombé à côté, formant ainsi un grand entonnoir. La voiture a glissé dans ce trou ; elle semble vouloir entrer dans le sol comme pour préserver et servir de sépulture à notre brave compagnon.
Les larmes me montent aux yeux en jetant un dernier regard sur cette vision funèbre et un cri s'échappe de ma poitrine :
- “Adieu ! Godefroid nous te vengerons."
Seul l'écho répond au loin ...
Yves eXcalibur Desmet
Vieux motard que jamais
Vieux motard que jamais
#5
Bah Rcbrf: pourquoi ne pas esperer???
En attendant on a toujours RB 3D et le FCJ qu'il faudra bien que je me decice a
commander
Merci Excalibur pour ton recit. Un simu, meme aerien, serait une facon ce rendre hommage
aux millions de jeunes qui ont "anime" ces annees de misere sans nom
En attendant on a toujours RB 3D et le FCJ qu'il faudra bien que je me decice a
commander
Merci Excalibur pour ton recit. Un simu, meme aerien, serait une facon ce rendre hommage
aux millions de jeunes qui ont "anime" ces annees de misere sans nom