4ème débriefing - Mission en Indochine - 1940
4ème débriefing - Mission en Indochine - 1940
#1Salut…
Et voici le débriefing d’une mission ayant pour cadre le conflit Franco-Thaïlandais de 1940. Le contexte est historique, les unités engagées le sont aussi, mais la mission est fictive.
Nous étions 12 pilotes ce soir-là…
Excellente ambiance et mission immersive à souhait. Trois heures de temps de mission !!
- - - - - - - - - - - - - -
Contexte
La situation se détériore avec le voisin thaïlandais, et il semble peu probable que les efforts diplomatiques engagés aboutissent.
La Thaïlande a des velléités de reconquête des territoires qu’elle a perdus plusieurs décennies auparavant, et qui sont actuellement aux mains des français.
La situation semble favorable à un déclenchement des hostilités, pour plusieurs raisons :
- La France a capitulé face à l’Allemagne en juin 40, et il parait évident que le pouvoir en place n’a pas les moyens de renforcer les forces françaises présentes en Indochine ;
- Contrairement à l’armée de l’air Thaï qui est relativement moderne et de bonne qualité car soutenue de manière à peine discrète par le Japon, l’armée de l’air française d’Indochine est considérablement affaiblie, manquant de tout et quasiment dépourvue d’appareils de combat modernes. Le meilleur chasseur de notre armée est le MS-406, dont environ 15 appareils sont présents dans toute l’Indochine !
- Le Japon, depuis l’affaire de LangSon 2 mois auparavant, exerce une pression toujours plus intense, politiquement et militairement (notamment à la frontière chinoise).
Bref : depuis plusieurs jours, des avions Thaïlandais survolent régulièrement les bases frontalières françaises situées sur la rive droite du Mékong… Des escarmouches ont lieu entre unités terrestres près des postes frontières.
La situation ne peut que dégénérer …
- - - - - - - - - - - - - - - -
Base aérienne de Tourane, Indochine – 22 novembre 1940 – 1500
Tôt dans la matinée, 2 appareils Thaïlandais ont survolé la base de Paksé, au Laos, située à 20 km de la frontière avec le Siam. Cet aérodrome est dépourvu d’avion capable de réaliser des interceptions.
Les six MS-406 du 2/596 et cinq Potez-25 (sur les 9 présents) du 1/596 ont reçu l’ordre de faire mouvement vers Paksé, afin d’organiser la défense des frontières dans cette partie du Laos.
Paksé ne dispose pratiquement pas de stock de munitions pour les appareils ; par contre, ses réserves de carburant semblent satisfaisantes. Les Potez-25 décolleront donc de Tourane avec un emport de bombes de 10kg. L’échelon roulant mettra plusieurs jours pour arriver sur place.
Deux missions sont donc planifiées ce jour ; les forces seront divisées en 2 groupes :
Groupe 1 : 5 Potez-25, escortés par 4 MS-406 feront route à travers les montagnes de l’Annam et du Laos afin de rejoindre le terrain de Paksé pour renforcer cette base qui ne comporte en tout et pour tout que d’un Potez en état de vol. Le ravitaillement sera effectué à l’arrivée, et les pilotes devront se tenir en alerte.
Composition du groupe 1 :
- MS-406 du 2/596 – Indicatif « Alouette » : Cpt Kart (n°302), Sgt Stan (n°306), Lt Narvi (n°476) et Sgt Shop (n°485)
- Potez-25 TOE du 1/596 – Indicatif « Cigogne » : Cpt Fox (n°2), S-Lt Rafale (n°4), Sgt Anatoli (n°9), Sgt Nash (n°8) et Sgt Mage (n°7).
Groupe 2 : 1 hydravion Loire-130 (5ème escadrille) devra effectuer une mission de reconnaissance sur un aérodrome Thaïlandais situé à 35km à l’Ouest de Paksé, afin d’évaluer les forces aériennes présentes. Il sera escorté par 2 MS-406 du 2/596. L’opportunité d’organiser une frappe contre cet aérodrome pourra être envisagée ; cela dépendra de la teneur du rapport.
Composition du groupe 2 :
- Loire-130 – Indicatif « Pélican » : EV Catsy
- MS-406 du 2/596 – Indicatif « Corbeau » : Lt Egon (n°502) et Sgt Rip (n°540).
- - - - - - - - - - - - - -
Le vol du pélican
A 16h30 ce 22 novembre, l’hydravion Loire-130 piloté par l’EV Catsy « Pélican » vient de décoller. Il a 30 km à parcourir pour rejoindre les 2 MS-406 « Corbeau » qui doivent l’escorter.
Ces derniers viennent de se mettre en position sur la piste de Tourane ; l’ordre de décollage est annoncé.
Les 2 appareils se mettent en formation aussitôt après le décollage, repèrent l’hydravion qui passe sur leur droite, et le rejoignent aussitôt.
La navigation préparée par l’EV Catsy doit les faire passer au-dessus des montagnes du centre Annam, vers le Laos. Le vol ne sera pas facile, car les nuages bas masquent les sommets. Il va falloir être vigilent ! De plus, les appareils risquent d’avoir soif à la fin de la mission. Les mauvaises langues diront que les pilotes aussi…
La petite formation s’enfonce vers les montagnes… Le paysage semble irréel…
Durant tout le trajet, les MS-406 « Corbeau » accompagnent l’hydravion. La faible vitesse de ce dernier oblige les chasseurs à voler dans un domaine qui n’est pas le leur…
Ils effectuent des évolutions autour du Loire-130…
Au bout de 50 minutes de vol, les 3 appareils arrivent en vue du Mékong… Le paysage change ; les montagnes finissent par laisser la place à des plaines jonchées de rizières.
Le groupe 1 s’élance
Pendant ce temps, les appareils du groupe 1 (MS-406 « Alouettes » et Potez-25 « Cigognes ») s’ébranlent sur la base de Tourane. Les Potez-25 montent sur la piste, tandis que les MS-406 attendent au seuil de celle-ci.
Dans un bruit infernal de moteurs ratatouillants, les Potez s’élancent, décollent et amorcent un virage vers la mer.
Les Morane en font autant, et se dirigent vers l’embouchure de la rivière située non loin de Tourane. Cette rivière s'enfonce dans des gorges qui mènent tout droit vers les montagnes.
Les Potez se sont déjà engouffrés dans le défilé.
Lentement, mais sûrement, les valeureux biplans se rassemblent.
La présence des Alouettes est réconfortante pour les équipages des biplans.
Les biplans montent très lentement ; ils sont en effet chargés de bombes. La vitesse de montée ne dépasse pas les 150km/h ! Et pourtant, ils doivent absolument grimper pour franchir la chaine montagne qui les sépare de Paksé et du Mékong…
Le Sgt. Anatoli annonce que son moteur a des ratées… Même s’il prend un peu de retard sur la formation, il estime qu’il peut continuer son vol.
Les paysages sont magnifiques… Les pilotes en ont le soufflé coupé ! Le passage dans un défilé restera un moment magique…
L’escorte profite, elle aussi, des paysages… La faible vitesse des Potez fait l’objet de plaisanteries pas toujours du goût des équipages de ces derniers…
Au bout d’une heure de vol, le Mékong est en vue… De nombreux villages apparaissent de part et d’autre du fleuve.
Le temps est très couvert ; la couche nuageuse est basse. Les équipages commencent à scruter intensivement le sol, à la recherche du terrain.
Les Potez-25 entament leur descente, l’un d’entre eux ayant annoncé visuel de l’aérodrome.
Les atterrissages se succèdent avec un accident à déplorer : 1 Potez percutera le Morane du Lt. Narvi ; les 2 pilotes s’en tireront, mais le Potez sera irrécupérable. Le MS-406 aura l’aile arrachée, mais le bloc moteur sera intact. Le Sgt. Nash et son mitrailleur en seront quittes pour « emprunter » le seul Potez-25 attaché à l’aérodrome de Paksé.
Le deuxième MS-406 se pose à son tour, sans encombre.
La deuxième paire des Alouettes reste en vol, afin de couvrir toute la procédure d’atterrissage. La prudence est de mise, vu la situation explosive dans ce coin de l’Indochine. La luminosité décroit assez rapidement…
Mission d’observation
Peu de temps avant l’arrivée des appareils du groupe 1, le Loire-130 et son escorte franchissent le Mékong, et pénètrent bientôt en territoire siamois…
La tension est perceptible, et tous les pilotes sont concentrés… Les mitrailleurs de l’hydravion scrutent le ciel à la recherche d’un éventuel ennemi.
Le Loire-130 s’engage dans un petit défilé pour tenter de dissimuler sa présence…
Soudain, après une approche tendue, la formation arrive au-dessus de l’aérodrome Thaï… La lenteur de réaction de la DCA montre que la surprise a été totale !
L’escorte précède le Loire, et commence à attirer vers elle la faible puissance de feu des Thaïlandais…
Le passage au-dessus de l’aérodrome est intense en émotions… Le Loire-130 est touché par de l’artillerie légère, et sa carcasse est criblée d’impacts de petit calibre… Les conversations radios captées par la base de Paksé indiquent que l’EV Catsy a eu une sacrée montée d’adrénaline…
Les Morane s’en sortent sans encombre en amorçant un passage TBA qui provoque un début de panique chez les Thaïs…
La formation s’extraie sans difficulté de la portée de la DCA légère, et amorce son retour vers le terrain de Paksé… Le soulagement est perceptible… Les courants d’air dans l’hydravion aussi !
Bientôt, l’aérodrome est en vue… Les Morane le survolent et atterrissent dans la foulée pour se ravitailler en carburant.
L’hydravion se pose à son tour…
L’EV Catsy monte dans un canot qui va l’emmener sur la base de Paksé pour un débriefing photo avec les officiers des autres groupes. Ces derniers sont au mess où des bières fraiches les attendaient…
Ce qui n’était, vu le climat, franchement pas du luxe !
Premiers combats
Les 2 Morane restés en couverture, alors qu’ils amorçaient leur descente, aperçoivent tout à coup un biplan, beaucoup plus haut au-dessus de la base…
Alors qu’ils donnent l’alerte tout en grimpant vers l’intrus, au sol, les pilotes se précipitent vers les Potez pour les disséminer sur le terrain…
La peur du bombardement donne du cœur à l’ouvrage aux équipages…
Les moteurs crachent de la fumée, et les appareils s’éparpillent rapidement sur l’aérodrome.
Les 3 MS-406 au sol décollent immédiatement, leur ravitaillement pas encore effectué… C’est un total de 5 MS-406 qui se retrouve dans les airs en quelques minutes…
Les 2 Morane déjà en l’air finissent par rattraper l’intrus, et un combat tournoyant s’engage…
Le biplan Thaïlandais, un Vought V-93S Corsair de fabrication américaine, se défend avec l’énergie du désespoir ; mais très vite, il se retrouve dans le collimateur d’un MS-406…
Celui-ci fait cracher ses 3 mitrailleuses Mac sur le biplan…
Le résultat est immédiat : le Corsair commence à perdre des morceaux de sa structure…
L’issue du combat est sans appel… L’équipage Thaï s’éjecte et sera fait prisonnier dans les minutes suivant son arrivée au sol.
Pendant l’escarmouche, un des MS-406 a annoncé à la radio la présence de 2 appareils à train fixe plus au dessus de la mélée.
Immédiatement, une des paires de Morane se précipite à la rencontre des chasseurs Curtiss Hawk-75N siamois.
Un combat assez intense se déroule au-dessus de l’aérodrome : les Potez, restés au sol, peuvent voir les différents protagonistes virevolter dans les airs…
Rapidement, un Hawk-75 est pris à parti par un Morane. Le combats tournoyant est brutal…
Le Hawk ne s’en tirera pas… Son pilote finit par sauter, et sera, comme l’équipage du Corsair, capturé à son tour.
L’ailier de celui-ci connaît un sort identique, et les observateurs au sol aperçoivent une boule de feu qui fend l’air au-dessus du terrain…
Après 10 minutes supplémentaires de patrouille, les Morane, à sec, se regroupent et amorcent leur descente en vue d’atterrir…
L’obscurité commence à être gênante pour les pilotes ; le terrain est mal éclairé. L’atterrissage s’annonce délicat.
Le retour se passe cependant sans problème. Tous les Morane se posent, et se dirigent vers les hangars où les attendent les mécanos.
Un des Morane a été légèrement endommagé pendant le combat. Sa dérive droite est en lambeaux. Il sera immobilisé pour 24 heures ; son pilote a été légèrement blessé.
Le Loire-130 a été straffé à son mouillage pendant l'attaque. L’appareil a été fortement endommagé. Il sera inutilisable pendant un long moment.
Il sera probablement impératif de demander à Saïgon le détachement d’un Loire à Paksé…
Le réapprovisionnement des appareils peut alors commencer, amenant un peu de répit aux pilotes qui viennent déjà d’effectuer un long vol…
Débriefing & décision
Les photos prises par l’EV Catsy révèlent que de nombreux chasseurs biplans à train rentrant de type Curtiss Hawk-III sont alignés sur le terrain Thaï. Des bombardiers ont aussi été aperçus, camouflés et éparpillés. La DCA a semblé aussi être assez peu dense.
La discussion est intense au mess ; il est urgent de prendre une décision, car la nuit tombe…
Après 20 minutes, et après avoir pesé le pour et le contre, les leaders de groupes et l’officier commandant la base décident qu’il faut lancer un raid contre ce terrain, ceci dès le ravitaillement des appareils effectués.
Le raid
L’alerte est donnée. Les pilotes se précipitent vers leurs avions… Les moteurs démarrent en faisant un véritable capharnaüm.
Les avions se déplacent vers le taxiway qui n’est pas en très bon état. Après quelques minutes de roulage un peu chaotique, la force de frappe se positionne sur la piste.
Les cinq Potez-25 « Cigognes », chargés de bombes de 10kg, sont accompagnés par 4 Morane.
Lors du roulage, les pilotes ont pu apercevoir un grand nombre de mécaniciens à pied d’œuvre sur le MS-406 sévèrement endommagé lors de la collision (épisode relaté plus haut) : cet appareil sera remis sur pied d’une manière ou d’une autre, ça ne fait aucun doute ! Et ça non plus, ce n’est pas du luxe !
Le cpt. Fox lance son Potez sur la piste, et l’ensemble du groupe décolle… La visibilité n’est pas bonne. Le vol en formation serrée reste la seule option pour ne pas se perdre. D’autant plus que l’alerte ayant été donnée par la patrouille d’observation quelques heures plus tôt, il est à craindre que l’aviation siamoise soit sur les dents ! Un avion isolé est une proie facile…
Le Mékong franchi, les pilotes observent un silence pesant… Tout le monde est concentré sur l’appareil qui se trouve devant lui. La présence des Morane est, cette fois-ci, encore plus réconfortante qu’à l’accoutumée…
Le Mékong s’éloigne derrière les pilotes. Il fait de plus en plus sombre.
Soudain, un cri retentit à la radio. Quatre biplans (probablement des Hawk-III) plongent dans la formation des Potez, qui réussissent cependant à ne pas paniquer. Les Morane sont très réactifs, et engagent aussitôt l’ennemi…
Le cpt. Fox donne l’ordre aux Cigogne de former le cercle défensif. Cet ordre sauve probablement la vie à de nombreux équipages. En effet, la puissance de feu des Potez consiste en 2 mitrailleuses Mac montées sur trépied à l’arrière de l’avion. A partir de ce moment-là, les Hawk-III siamois ne peuvent engager efficacement les Potez.
Les MS-406 accomplissent un énorme travail en fixant les chasseurs ennemis, permettant ainsi aux Potez-25 de se dégager, et de se diriger vers leur objectif : l’aérodrome.
Le combat tournoyant prend des dimensions épiques…
Un biplan siamois est rapidement expédié au tapis…
Profitant de l’action héroïque des Morane, les Cigognes se dirigent vers le terrain ennemi.
Un MS-406, voyant cette fois-ci que la DCA ennemie se déchaine contre les assaillants, plonge et neutralise 2 pièces d’artillerie légère, permettant ainsi aux Potez de passer.
Le cpt. Fox ordonne le largage des bombinettes de 10kg sur la rangée de chasseurs biplans qui se présente devant lui.
Trois chasseurs partent en fumée…
Au moment où le sgt. Anatoli s’apprête à larguer ses bombes, une mitrailleuse fait feu sur son appareil, et le touche à mort.
Son avion prend immédiatement feu, et ses compagnons ne peuvent qu’assister, impuissants, à sa fin tragique. L’équipage ne s’en sortira pas...
Les dégâts provoqués par le raid surprise français sont importants. Les Thaïlandais viennent de perdre plusieurs appareils dans l’attaque. L’ordre de retour est lancé, et les appareils parviennent à rentrer par petits groupes.
L’appareil du sgt. Mage perd du carburant ; il a été touché par un Hawk-III au moment de l’attaque de la base. Son mitrailleur a été tué.
Les biplans se posent les uns après les autres…
… suivis par les Morane. Aucun ne manque à l’appel !
Les pilotes sortent de leurs appareils ; certains allument une cigarette froissée… La tension retombe… Un seul équipage de Potez n’est pas rentré.
Demain sera une autre journée.
- - - - - - - - - - - - - - - - - - -
Merci à tous les pilotes qui ont participé à ce vol… Ce fut intense et riche en émotions !!
Et voici le débriefing d’une mission ayant pour cadre le conflit Franco-Thaïlandais de 1940. Le contexte est historique, les unités engagées le sont aussi, mais la mission est fictive.
Nous étions 12 pilotes ce soir-là…
Excellente ambiance et mission immersive à souhait. Trois heures de temps de mission !!
- - - - - - - - - - - - - -
Contexte
La situation se détériore avec le voisin thaïlandais, et il semble peu probable que les efforts diplomatiques engagés aboutissent.
La Thaïlande a des velléités de reconquête des territoires qu’elle a perdus plusieurs décennies auparavant, et qui sont actuellement aux mains des français.
La situation semble favorable à un déclenchement des hostilités, pour plusieurs raisons :
- La France a capitulé face à l’Allemagne en juin 40, et il parait évident que le pouvoir en place n’a pas les moyens de renforcer les forces françaises présentes en Indochine ;
- Contrairement à l’armée de l’air Thaï qui est relativement moderne et de bonne qualité car soutenue de manière à peine discrète par le Japon, l’armée de l’air française d’Indochine est considérablement affaiblie, manquant de tout et quasiment dépourvue d’appareils de combat modernes. Le meilleur chasseur de notre armée est le MS-406, dont environ 15 appareils sont présents dans toute l’Indochine !
- Le Japon, depuis l’affaire de LangSon 2 mois auparavant, exerce une pression toujours plus intense, politiquement et militairement (notamment à la frontière chinoise).
Bref : depuis plusieurs jours, des avions Thaïlandais survolent régulièrement les bases frontalières françaises situées sur la rive droite du Mékong… Des escarmouches ont lieu entre unités terrestres près des postes frontières.
La situation ne peut que dégénérer …
- - - - - - - - - - - - - - - -
Base aérienne de Tourane, Indochine – 22 novembre 1940 – 1500
Tôt dans la matinée, 2 appareils Thaïlandais ont survolé la base de Paksé, au Laos, située à 20 km de la frontière avec le Siam. Cet aérodrome est dépourvu d’avion capable de réaliser des interceptions.
Les six MS-406 du 2/596 et cinq Potez-25 (sur les 9 présents) du 1/596 ont reçu l’ordre de faire mouvement vers Paksé, afin d’organiser la défense des frontières dans cette partie du Laos.
Paksé ne dispose pratiquement pas de stock de munitions pour les appareils ; par contre, ses réserves de carburant semblent satisfaisantes. Les Potez-25 décolleront donc de Tourane avec un emport de bombes de 10kg. L’échelon roulant mettra plusieurs jours pour arriver sur place.
Deux missions sont donc planifiées ce jour ; les forces seront divisées en 2 groupes :
Groupe 1 : 5 Potez-25, escortés par 4 MS-406 feront route à travers les montagnes de l’Annam et du Laos afin de rejoindre le terrain de Paksé pour renforcer cette base qui ne comporte en tout et pour tout que d’un Potez en état de vol. Le ravitaillement sera effectué à l’arrivée, et les pilotes devront se tenir en alerte.
Composition du groupe 1 :
- MS-406 du 2/596 – Indicatif « Alouette » : Cpt Kart (n°302), Sgt Stan (n°306), Lt Narvi (n°476) et Sgt Shop (n°485)
- Potez-25 TOE du 1/596 – Indicatif « Cigogne » : Cpt Fox (n°2), S-Lt Rafale (n°4), Sgt Anatoli (n°9), Sgt Nash (n°8) et Sgt Mage (n°7).
Groupe 2 : 1 hydravion Loire-130 (5ème escadrille) devra effectuer une mission de reconnaissance sur un aérodrome Thaïlandais situé à 35km à l’Ouest de Paksé, afin d’évaluer les forces aériennes présentes. Il sera escorté par 2 MS-406 du 2/596. L’opportunité d’organiser une frappe contre cet aérodrome pourra être envisagée ; cela dépendra de la teneur du rapport.
Composition du groupe 2 :
- Loire-130 – Indicatif « Pélican » : EV Catsy
- MS-406 du 2/596 – Indicatif « Corbeau » : Lt Egon (n°502) et Sgt Rip (n°540).
- - - - - - - - - - - - - -
Le vol du pélican
A 16h30 ce 22 novembre, l’hydravion Loire-130 piloté par l’EV Catsy « Pélican » vient de décoller. Il a 30 km à parcourir pour rejoindre les 2 MS-406 « Corbeau » qui doivent l’escorter.
Ces derniers viennent de se mettre en position sur la piste de Tourane ; l’ordre de décollage est annoncé.
Les 2 appareils se mettent en formation aussitôt après le décollage, repèrent l’hydravion qui passe sur leur droite, et le rejoignent aussitôt.
La navigation préparée par l’EV Catsy doit les faire passer au-dessus des montagnes du centre Annam, vers le Laos. Le vol ne sera pas facile, car les nuages bas masquent les sommets. Il va falloir être vigilent ! De plus, les appareils risquent d’avoir soif à la fin de la mission. Les mauvaises langues diront que les pilotes aussi…
La petite formation s’enfonce vers les montagnes… Le paysage semble irréel…
Durant tout le trajet, les MS-406 « Corbeau » accompagnent l’hydravion. La faible vitesse de ce dernier oblige les chasseurs à voler dans un domaine qui n’est pas le leur…
Ils effectuent des évolutions autour du Loire-130…
Au bout de 50 minutes de vol, les 3 appareils arrivent en vue du Mékong… Le paysage change ; les montagnes finissent par laisser la place à des plaines jonchées de rizières.
Le groupe 1 s’élance
Pendant ce temps, les appareils du groupe 1 (MS-406 « Alouettes » et Potez-25 « Cigognes ») s’ébranlent sur la base de Tourane. Les Potez-25 montent sur la piste, tandis que les MS-406 attendent au seuil de celle-ci.
Dans un bruit infernal de moteurs ratatouillants, les Potez s’élancent, décollent et amorcent un virage vers la mer.
Les Morane en font autant, et se dirigent vers l’embouchure de la rivière située non loin de Tourane. Cette rivière s'enfonce dans des gorges qui mènent tout droit vers les montagnes.
Les Potez se sont déjà engouffrés dans le défilé.
Lentement, mais sûrement, les valeureux biplans se rassemblent.
La présence des Alouettes est réconfortante pour les équipages des biplans.
Les biplans montent très lentement ; ils sont en effet chargés de bombes. La vitesse de montée ne dépasse pas les 150km/h ! Et pourtant, ils doivent absolument grimper pour franchir la chaine montagne qui les sépare de Paksé et du Mékong…
Le Sgt. Anatoli annonce que son moteur a des ratées… Même s’il prend un peu de retard sur la formation, il estime qu’il peut continuer son vol.
Les paysages sont magnifiques… Les pilotes en ont le soufflé coupé ! Le passage dans un défilé restera un moment magique…
L’escorte profite, elle aussi, des paysages… La faible vitesse des Potez fait l’objet de plaisanteries pas toujours du goût des équipages de ces derniers…
Au bout d’une heure de vol, le Mékong est en vue… De nombreux villages apparaissent de part et d’autre du fleuve.
Le temps est très couvert ; la couche nuageuse est basse. Les équipages commencent à scruter intensivement le sol, à la recherche du terrain.
Les Potez-25 entament leur descente, l’un d’entre eux ayant annoncé visuel de l’aérodrome.
Les atterrissages se succèdent avec un accident à déplorer : 1 Potez percutera le Morane du Lt. Narvi ; les 2 pilotes s’en tireront, mais le Potez sera irrécupérable. Le MS-406 aura l’aile arrachée, mais le bloc moteur sera intact. Le Sgt. Nash et son mitrailleur en seront quittes pour « emprunter » le seul Potez-25 attaché à l’aérodrome de Paksé.
Le deuxième MS-406 se pose à son tour, sans encombre.
La deuxième paire des Alouettes reste en vol, afin de couvrir toute la procédure d’atterrissage. La prudence est de mise, vu la situation explosive dans ce coin de l’Indochine. La luminosité décroit assez rapidement…
Mission d’observation
Peu de temps avant l’arrivée des appareils du groupe 1, le Loire-130 et son escorte franchissent le Mékong, et pénètrent bientôt en territoire siamois…
La tension est perceptible, et tous les pilotes sont concentrés… Les mitrailleurs de l’hydravion scrutent le ciel à la recherche d’un éventuel ennemi.
Le Loire-130 s’engage dans un petit défilé pour tenter de dissimuler sa présence…
Soudain, après une approche tendue, la formation arrive au-dessus de l’aérodrome Thaï… La lenteur de réaction de la DCA montre que la surprise a été totale !
L’escorte précède le Loire, et commence à attirer vers elle la faible puissance de feu des Thaïlandais…
Le passage au-dessus de l’aérodrome est intense en émotions… Le Loire-130 est touché par de l’artillerie légère, et sa carcasse est criblée d’impacts de petit calibre… Les conversations radios captées par la base de Paksé indiquent que l’EV Catsy a eu une sacrée montée d’adrénaline…
Les Morane s’en sortent sans encombre en amorçant un passage TBA qui provoque un début de panique chez les Thaïs…
La formation s’extraie sans difficulté de la portée de la DCA légère, et amorce son retour vers le terrain de Paksé… Le soulagement est perceptible… Les courants d’air dans l’hydravion aussi !
Bientôt, l’aérodrome est en vue… Les Morane le survolent et atterrissent dans la foulée pour se ravitailler en carburant.
L’hydravion se pose à son tour…
L’EV Catsy monte dans un canot qui va l’emmener sur la base de Paksé pour un débriefing photo avec les officiers des autres groupes. Ces derniers sont au mess où des bières fraiches les attendaient…
Ce qui n’était, vu le climat, franchement pas du luxe !
Premiers combats
Les 2 Morane restés en couverture, alors qu’ils amorçaient leur descente, aperçoivent tout à coup un biplan, beaucoup plus haut au-dessus de la base…
Alors qu’ils donnent l’alerte tout en grimpant vers l’intrus, au sol, les pilotes se précipitent vers les Potez pour les disséminer sur le terrain…
La peur du bombardement donne du cœur à l’ouvrage aux équipages…
Les moteurs crachent de la fumée, et les appareils s’éparpillent rapidement sur l’aérodrome.
Les 3 MS-406 au sol décollent immédiatement, leur ravitaillement pas encore effectué… C’est un total de 5 MS-406 qui se retrouve dans les airs en quelques minutes…
Les 2 Morane déjà en l’air finissent par rattraper l’intrus, et un combat tournoyant s’engage…
Le biplan Thaïlandais, un Vought V-93S Corsair de fabrication américaine, se défend avec l’énergie du désespoir ; mais très vite, il se retrouve dans le collimateur d’un MS-406…
Celui-ci fait cracher ses 3 mitrailleuses Mac sur le biplan…
Le résultat est immédiat : le Corsair commence à perdre des morceaux de sa structure…
L’issue du combat est sans appel… L’équipage Thaï s’éjecte et sera fait prisonnier dans les minutes suivant son arrivée au sol.
Pendant l’escarmouche, un des MS-406 a annoncé à la radio la présence de 2 appareils à train fixe plus au dessus de la mélée.
Immédiatement, une des paires de Morane se précipite à la rencontre des chasseurs Curtiss Hawk-75N siamois.
Un combat assez intense se déroule au-dessus de l’aérodrome : les Potez, restés au sol, peuvent voir les différents protagonistes virevolter dans les airs…
Rapidement, un Hawk-75 est pris à parti par un Morane. Le combats tournoyant est brutal…
Le Hawk ne s’en tirera pas… Son pilote finit par sauter, et sera, comme l’équipage du Corsair, capturé à son tour.
L’ailier de celui-ci connaît un sort identique, et les observateurs au sol aperçoivent une boule de feu qui fend l’air au-dessus du terrain…
Après 10 minutes supplémentaires de patrouille, les Morane, à sec, se regroupent et amorcent leur descente en vue d’atterrir…
L’obscurité commence à être gênante pour les pilotes ; le terrain est mal éclairé. L’atterrissage s’annonce délicat.
Le retour se passe cependant sans problème. Tous les Morane se posent, et se dirigent vers les hangars où les attendent les mécanos.
Un des Morane a été légèrement endommagé pendant le combat. Sa dérive droite est en lambeaux. Il sera immobilisé pour 24 heures ; son pilote a été légèrement blessé.
Le Loire-130 a été straffé à son mouillage pendant l'attaque. L’appareil a été fortement endommagé. Il sera inutilisable pendant un long moment.
Il sera probablement impératif de demander à Saïgon le détachement d’un Loire à Paksé…
Le réapprovisionnement des appareils peut alors commencer, amenant un peu de répit aux pilotes qui viennent déjà d’effectuer un long vol…
Débriefing & décision
Les photos prises par l’EV Catsy révèlent que de nombreux chasseurs biplans à train rentrant de type Curtiss Hawk-III sont alignés sur le terrain Thaï. Des bombardiers ont aussi été aperçus, camouflés et éparpillés. La DCA a semblé aussi être assez peu dense.
La discussion est intense au mess ; il est urgent de prendre une décision, car la nuit tombe…
Après 20 minutes, et après avoir pesé le pour et le contre, les leaders de groupes et l’officier commandant la base décident qu’il faut lancer un raid contre ce terrain, ceci dès le ravitaillement des appareils effectués.
Le raid
L’alerte est donnée. Les pilotes se précipitent vers leurs avions… Les moteurs démarrent en faisant un véritable capharnaüm.
Les avions se déplacent vers le taxiway qui n’est pas en très bon état. Après quelques minutes de roulage un peu chaotique, la force de frappe se positionne sur la piste.
Les cinq Potez-25 « Cigognes », chargés de bombes de 10kg, sont accompagnés par 4 Morane.
Lors du roulage, les pilotes ont pu apercevoir un grand nombre de mécaniciens à pied d’œuvre sur le MS-406 sévèrement endommagé lors de la collision (épisode relaté plus haut) : cet appareil sera remis sur pied d’une manière ou d’une autre, ça ne fait aucun doute ! Et ça non plus, ce n’est pas du luxe !
Le cpt. Fox lance son Potez sur la piste, et l’ensemble du groupe décolle… La visibilité n’est pas bonne. Le vol en formation serrée reste la seule option pour ne pas se perdre. D’autant plus que l’alerte ayant été donnée par la patrouille d’observation quelques heures plus tôt, il est à craindre que l’aviation siamoise soit sur les dents ! Un avion isolé est une proie facile…
Le Mékong franchi, les pilotes observent un silence pesant… Tout le monde est concentré sur l’appareil qui se trouve devant lui. La présence des Morane est, cette fois-ci, encore plus réconfortante qu’à l’accoutumée…
Le Mékong s’éloigne derrière les pilotes. Il fait de plus en plus sombre.
Soudain, un cri retentit à la radio. Quatre biplans (probablement des Hawk-III) plongent dans la formation des Potez, qui réussissent cependant à ne pas paniquer. Les Morane sont très réactifs, et engagent aussitôt l’ennemi…
Le cpt. Fox donne l’ordre aux Cigogne de former le cercle défensif. Cet ordre sauve probablement la vie à de nombreux équipages. En effet, la puissance de feu des Potez consiste en 2 mitrailleuses Mac montées sur trépied à l’arrière de l’avion. A partir de ce moment-là, les Hawk-III siamois ne peuvent engager efficacement les Potez.
Les MS-406 accomplissent un énorme travail en fixant les chasseurs ennemis, permettant ainsi aux Potez-25 de se dégager, et de se diriger vers leur objectif : l’aérodrome.
Le combat tournoyant prend des dimensions épiques…
Un biplan siamois est rapidement expédié au tapis…
Profitant de l’action héroïque des Morane, les Cigognes se dirigent vers le terrain ennemi.
Un MS-406, voyant cette fois-ci que la DCA ennemie se déchaine contre les assaillants, plonge et neutralise 2 pièces d’artillerie légère, permettant ainsi aux Potez de passer.
Le cpt. Fox ordonne le largage des bombinettes de 10kg sur la rangée de chasseurs biplans qui se présente devant lui.
Trois chasseurs partent en fumée…
Au moment où le sgt. Anatoli s’apprête à larguer ses bombes, une mitrailleuse fait feu sur son appareil, et le touche à mort.
Son avion prend immédiatement feu, et ses compagnons ne peuvent qu’assister, impuissants, à sa fin tragique. L’équipage ne s’en sortira pas...
Les dégâts provoqués par le raid surprise français sont importants. Les Thaïlandais viennent de perdre plusieurs appareils dans l’attaque. L’ordre de retour est lancé, et les appareils parviennent à rentrer par petits groupes.
L’appareil du sgt. Mage perd du carburant ; il a été touché par un Hawk-III au moment de l’attaque de la base. Son mitrailleur a été tué.
Les biplans se posent les uns après les autres…
… suivis par les Morane. Aucun ne manque à l’appel !
Les pilotes sortent de leurs appareils ; certains allument une cigarette froissée… La tension retombe… Un seul équipage de Potez n’est pas rentré.
Demain sera une autre journée.
- - - - - - - - - - - - - - - - - - -
Merci à tous les pilotes qui ont participé à ce vol… Ce fut intense et riche en émotions !!
"Un foie? Deux reins? Trois bonnes raisons d'utiliser la baïonnette!"
#2
waw, franchement bravo, tres agréable à lire et à contempler, j'aurai aimé participer, faut-il faire partie d'un squadron pour faire ces missions
la théorie, c'est quand on sait comment cela marche mais que rien ne fonctionne
la pratique, c'est quand tout fonctionne mais que personne ne sait pourquoi
ici nous avons reuni la theorie et la pratique, rien ne fonctionne et personne ne sait pourquoi
René Fournier
la pratique, c'est quand tout fonctionne mais que personne ne sait pourquoi
ici nous avons reuni la theorie et la pratique, rien ne fonctionne et personne ne sait pourquoi
René Fournier
#3
Non...
Pour te dire, il y a un joueur "indépendant", et le reste des pilotes vole dans plusieurs escadrilles différentes (I/JG2 - 611_Sqn, 132_Sqn...)
On vole sur ce théâtre de manière très occasionnelle, histoire de varier les plaisirs...
Pour te dire, il y a un joueur "indépendant", et le reste des pilotes vole dans plusieurs escadrilles différentes (I/JG2 - 611_Sqn, 132_Sqn...)
On vole sur ce théâtre de manière très occasionnelle, histoire de varier les plaisirs...
"Un foie? Deux reins? Trois bonnes raisons d'utiliser la baïonnette!"
#4
Merci pour cette campagne indo Anato, comme d'habitude, je me suis régalé de bout en bout. 2h30 de vol sur mon Potez et en plus on a ramené les machines au nid !
-
- Pilote Confirmé
- Messages : 3194
- Inscription : 31 janvier 2002
#5
excellent comme toujours Anatoli
"les cons cela osent tout et c'est d'ailleurs à cela qu'on les reconnait" M.AUDIARD
-
- Nouvelle Recrue
- Messages : 102
- Inscription : 31 mars 2005
#8
Du bien bel ouvrage, merci...
Site perso IL2:
http://klaus.cmonfofo.com/
Site perso Aviation moderne:
http://aviationmilitaireclaudio.centerblog.net/
Blog Photo:
http://lemondedeclo.centerblog.net/
http://klaus.cmonfofo.com/
Site perso Aviation moderne:
http://aviationmilitaireclaudio.centerblog.net/
Blog Photo:
http://lemondedeclo.centerblog.net/
#9
Quelle bonne ambiance ce soir-là !
Atmosphère chaude et humide au-dessus des montagnes boisées d'Indochine baignant dans des nappes de brumes vaporeuses. Le Mékong légendaire, la jungle, les terrains délaissés au crépuscule...
Reproduire les conditions visuelles d'une phase méconnue de cette guerre mondiale n'était pas facile: Anatoli l'a réussi à merveille, bravo l'artiste !
Atmosphère chaude et humide au-dessus des montagnes boisées d'Indochine baignant dans des nappes de brumes vaporeuses. Le Mékong légendaire, la jungle, les terrains délaissés au crépuscule...
Reproduire les conditions visuelles d'une phase méconnue de cette guerre mondiale n'était pas facile: Anatoli l'a réussi à merveille, bravo l'artiste !