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Arabie Saoudite - Etats-Unis

Publié : ven. févr. 26, 2021 12:54 pm
par Deltafan
Article Meta Defense, avec le titre : Su-35, S-400… L’Arabie saoudite met la pression sur Washington

https://www.meta-defense.fr/2021/02/25/ ... ashington/
Le 28 janvier dernier, quelques jours à peine aprés sa prestation de serment, le président américain Joe Biden annonçait suspendre le soutien des Etats-Unis à l’intervention militaire au Yemen menée par la coalition dirigée par l’Arabie saoudite et des Emirats Arabes Unis. Concomitamment, plusieurs contrats d’armement, notamment concernent des bombes guidées pour Riad et l’acquisition de F35 et de MQ9B Gardian par Abu Dabi, étaient également suspendus. Même si la décision présidentielle a été entourée d’un contexte diplomatique, expliquant qu’il s’agissait pour la nouvelle administration d’examiner ces contrats, dont certains ont été signés une heure à peine avant la fin de son Mandat présidentiel par Donald Trump, elle marquait une défiance certaine entre Washington et ses alliés du Moyen-Orient.

La réponse des autorités émiriennes a, jusqu’à présent, été mesurée, ne cherchant pas à attiser certaines divergences, notamment sur l’acquisition récente par Abu Dabi de drones auprés de Pékin, et de systèmes de défense anti-aérienne Pantsir auprés de Moscou. Pour Riad, en revanche, l’agacement comme visiblement à poindre. En effet, selon le CEO du géant de l’armement russe Rostec, Sergei Chemezov,, s’exprimant lors d’une interview donnée à la chaine russe Russia Today, l’entreprise serait en négociation avec les autorités saoudiennes concernant l’acquisition de systèmes anti-aériens et anti-missiles S-400, mais également de chasseurs lourds Su-35s, même si ces négociations sont discrètes et que rien ne sera détaillé avant qu’un contrat ne soit signé.
(...)
le Président Trump (...) autorisa l’exportation de 15 Md$ de contrats d’armement vers l’Arabie saoudite, y compris le très sensible système THAAD, faisant suite à la très médiatique visite du président américain à Riad en Mai 2017. En outre, Washington acceptait d’intensifier le soutien à l’intervention de la coalition sunnite au Yemen contre les rebelles Houthis, soutenus et équipés par Téhéran, qui à plusieurs reprises avaient déjà envoyés des drones et des missiles balistiques de facture iranienne sur le territoire saoudien. Donald Trump dût user son veto présidentiel pour neutraliser l’opposition du Sénat américain à ces contrats d’exportation.
En laissant filtrer l’existence de négociations avec la Russie concernant les deux « bêtes noires » pour les américains des systèmes d’armes russes sur le marché de l’exportation, le S-400 et le Su-35, l’Arabie saoudite veut donc, de toute évidence, mettre la pression sur Washington, pour lever au plus vite les sanctions imposées par le nouveau président, et probablement pour continuer à bénéficier du soutien discret mais stratégique des drones de renseignement et des tankers américains au dessus du Yemen. Le message est d’une limpidité cristalline » Si vous persévérez dans cette voie, nous chercherons d’autres partenaires », avec à la clé une possible détérioration très importante des relations entre les Etats-Unis et leur principal allié au Moyen-Orient.
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Enfin, Riad est en total désaccord avec la nouvelle administration américaine concernant la volonté présidentielle de redonner corps aux accords de Vienne concernant le programme nucléaire iranien. Pour Riad, qui arbore pour l’occasion une position en parfaite harmonie avec Jerusalem, un régime de sanctions très sévères, et le recours à des frappes préventives ciblées, constituent les seuls alternatives efficaces pour empêcher l’Iran de se doter de l’arme nucléaire, et donc de menacer directement tout le moyen-orient. Le prince héritier saoudien avait d’ailleurs prévenu que si Téhéran venait à se doter de l’arme nucléaire, Riad ferait de même, quelqu’en soient les conséquences.
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(mais) il reste peu probable de voir prochainement un su-35 voler effectivement sous cocarde saoudienne, ni même des S-400 protégeant Riad.
Au delà des postures, les Etats-Unis restent le principal partenaire militaire et diplomatique du Royaume, et défier Washington comme l’a fait Ankara reste trés peu probable, pour ne pas dire potentiellement destructeur. Il faudra toutefois que la nouvelle administration américaine prene des précautions importantes dans leurs relations avec l’Arabie saoudite, et plus globalement avec de nombreux pays au Moyen-Orient, tant les situations créées par son prédécesseur peuvent être complexes et tendues. Dans ce contexte, la « Diplomatie du F35 » pourrait donner de bons résultats, flattant l’égo du dirigeant saoudien tout en renforçant la main mise américaine sur l’outil de défense saoudien.
A suivre...