Naissance en plein vol...ce 1er janvier!
Publié : mer. janv. 04, 2006 11:23 am
(merci à Réunion-aviation d'avoir posté sur francesim : http://www.francesim.com/forum/topic.asp?TOPIC_ID=61429 )
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A une semaine près cela, aurait pu être un conte de Noël. Dans la nuit du nouvel an, quelque part au-dessus de l’Éthiopie, une jeune Mahoraise de 25 ans a accouché seule, tôt hier matin, dans les toilettes d’un Boeing 777 d’Air Austral. Prise en charge par l’équipage, un médecin et une infirmière qui se trouvaient à bord, la maman et le bébé prénommé Elfayed se portent bien. Ils ont été placés en observation au service de maternité du CHD de Bellepierre.
[2 janvier 2006]
En plus de vingt ans de carrière, Jean-Christophe Durieux, commandant de bord à Air Austral, reconnaissait hier matin n’avoir jamais été confronté en vol à une telle situation et, cerise sur le gâteau, au cours de la nuit de la Saint-Sylvestre. Ancien d’AOM et d’Air Lib, intégré il y a deux ans au sein de la compagnie réunionnaise, Jean-Christophe Durieux totalise plus de 13 000 heures de vol. Samedi, il embarque à Lyon Satolas avec son équipage à bord du Boeing 777 Marcel-Goulette à destination de la Réunion via Marseille. Un vol qui s’annonce sans histoire même si dans la nuit on va tourner la page de 2005 et ouvrir la première de 2006. Après l’escale de Marseille, ils sont 174 passagers répartis dans la cabine. Tous sont à cent lieues de se douter qu’à l’arrivée ils seront 175. A bord, personne ne fait particulièrement attention à une jeune Mahoraise de 25 ans, voyageant seule assise à la rangée 29. Vêtue d’un pantalon et d’un chemisier blanc, elle est de forte corpulence mais rien ne permet de penser a priori qu’elle est enceinte de neuf mois. La Réunion n’est pour la jeune femme qu’une escale. Elle doit retrouver sa mère à Dzaoudzi. En matière de voyage de femme enceinte, la réglementation des compagnies aériennes est draconienne. Au-delà de sept mois elles ne peuvent prendre l’avion. Elles doivent de toute façon produire un certificat médical attestant qu’elles peuvent voyager sans risque.
Elle avait dissimulé son état à l’embarquement
La jeune Mahoraise a semble-t-il dissimulé son état, sinon elle n’aurait pas pu franchir la barrière de l’enregistrement à Lyon Satolas. Elle a reconnu a posteriori que son accouchement était prévu aux alentours du 4 janvier. La première partie du vol se déroule sans histoires. Vers 22 h 10 TU (2 h 10 heure de la Réunion) le B 777 se trouve quelque part au dessus de l’Éthiopie. La cabine sommeille. La Réunion où l’atterrissage du UU 946 est prévu à 6 h 30 est encore à plus de quatre heures de vol lorsque la jeune Mahoraise se lève de son siège et gagne les toilettes. Elle referme la porte mais sans la condamner. Un peu plus tard, un passager assis non loin entend des bruits bizarres et alerte Cécile, l’une des hôtesses qui assure la veille. L’hôtesse découvre stupéfaite qu’une jeune femme est assise sur la cuvette l’air hébété. Sous elle, dans la cuvette, se trouve un nouveau-né avec le cordon ombilical autour du cou. De toute évidence, la jeune Mahoraise vient d’accoucher seule sans l’aide de personne. Elle est même parvenue à couper seule le cordon la reliant à son bébé. Le placenta se trouve également dans la cuvette, ce qui permet de penser que la maman dont c’était le premier enfant a passé un quart d’heure à vingt minutes dans les toilettes. Elle n’a pas utilisé le bouton d’appel qui permet d’alerter l’équipage en cas de malaise. Tous titulaires d’un certificat de sécurité sauvetage qui comprend notamment l’apprentissage des gestes de premiers secours et des techniques d’accouchement, les hôtesses et stewards réagissent professionnellement. Cécile alerte l’un de ses collègues, Alexandre et la chef de cabine Denise qui prévient le commandant Durieux. Celui-ci donne aussitôt l’autorisation de prendre la “trousse médecin” présente à bord qui contient le matériel indispensable à un accouchement et lance un appel afin de savoir si parmi les passagers se trouve un médecin. La chance veut que cette nuit-là il y ait non seulement un médecin, ce qui arrive très souvent, mais aussi une infirmière. Dans le poste de pilotage, le commandant Durieux doit trancher. “D’abord je ne savais pas dans quel état de santé se trouvaient la maman et son bébé, confie-t-il. J’ai commencé à réfléchir à un déroutement. Il nous fallait trouver un aéroport avec à proximité un hôpital bien équipé. Il n’y avait que Djibouti.”
Applaudissements dans la cabine
Entre-temps, Denise, la chef de cabine, prend les choses en main. Elle sort le bébé de la cuvette et l’enveloppe dans une couverture. Elle le retourne et là, alors que tous les témoins de la scène sont persuadés que l’enfant n’a pas pu résister à un tel traitement, il se met soudain à crier. La jeune maman et son bébé sont isolés dans le galley arrière de l’appareil. Le médecin, le docteur de Boisvilliers, débarrasse l’enfant du cordon ombilical. Avec l’infirmière, Béatrice Friedman, ils s’assurent de l’état de la bonne santé de la mère et du bébé. C’est un solide petit garçon arrivé parfaitement à terme et qui, en dépit des conditions rocambolesques dans lesquelles il est venu au monde, est en parfaite santé. Finalement, le Marcel-Goulette peut donc poursuivre sa route. A minuit, le commandant Durieux peut à la fois souhaiter la bonne année à ses passagers et leur annoncer qu’ils ont un nouveau compagnon de voyage. L’annonce est accueillie par des applaudissements nourris. Remise de ses émotions, la jeune Mahoraise regagne son siège. Le bébé nettoyé, enveloppé dans une couverture, est placé sur elle. La mère et son enfant sommeillent jusqu’à l’atterrissage à la Réunion, entourés de l’attention de nombreux Mahorais présents sur le vol. Ils sont attendus par les pompiers et le SAMU. Leur état respectif n’inspire pas d’inquiétude mais, à titre de précaution, ils sont placés en observation au service de maternité du CHD de Bellepierre.
De quelle nationalité sera le bébé ?
Deux points restent à éclaircir. De quelle nationalité sera le bébé ? En tout cas, ce ne sera pas un petit Éthiopien ! Il semble que perdure une règle datant de l’époque des paquebots français qui voulait qu’un enfant né d’une mère française à bord soit déclaré dans le premier arrondissement de Paris. Quel nom portera-t-il. “Nous avions proposé en plaisantant Marcel”, indique Jean-Christophe Durieux, commandant de bord du Marcel-Goulette. En fait, le petit bout de chou sera baptisé Elfayed.
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A une semaine près cela, aurait pu être un conte de Noël. Dans la nuit du nouvel an, quelque part au-dessus de l’Éthiopie, une jeune Mahoraise de 25 ans a accouché seule, tôt hier matin, dans les toilettes d’un Boeing 777 d’Air Austral. Prise en charge par l’équipage, un médecin et une infirmière qui se trouvaient à bord, la maman et le bébé prénommé Elfayed se portent bien. Ils ont été placés en observation au service de maternité du CHD de Bellepierre.
[2 janvier 2006]
En plus de vingt ans de carrière, Jean-Christophe Durieux, commandant de bord à Air Austral, reconnaissait hier matin n’avoir jamais été confronté en vol à une telle situation et, cerise sur le gâteau, au cours de la nuit de la Saint-Sylvestre. Ancien d’AOM et d’Air Lib, intégré il y a deux ans au sein de la compagnie réunionnaise, Jean-Christophe Durieux totalise plus de 13 000 heures de vol. Samedi, il embarque à Lyon Satolas avec son équipage à bord du Boeing 777 Marcel-Goulette à destination de la Réunion via Marseille. Un vol qui s’annonce sans histoire même si dans la nuit on va tourner la page de 2005 et ouvrir la première de 2006. Après l’escale de Marseille, ils sont 174 passagers répartis dans la cabine. Tous sont à cent lieues de se douter qu’à l’arrivée ils seront 175. A bord, personne ne fait particulièrement attention à une jeune Mahoraise de 25 ans, voyageant seule assise à la rangée 29. Vêtue d’un pantalon et d’un chemisier blanc, elle est de forte corpulence mais rien ne permet de penser a priori qu’elle est enceinte de neuf mois. La Réunion n’est pour la jeune femme qu’une escale. Elle doit retrouver sa mère à Dzaoudzi. En matière de voyage de femme enceinte, la réglementation des compagnies aériennes est draconienne. Au-delà de sept mois elles ne peuvent prendre l’avion. Elles doivent de toute façon produire un certificat médical attestant qu’elles peuvent voyager sans risque.
Elle avait dissimulé son état à l’embarquement
La jeune Mahoraise a semble-t-il dissimulé son état, sinon elle n’aurait pas pu franchir la barrière de l’enregistrement à Lyon Satolas. Elle a reconnu a posteriori que son accouchement était prévu aux alentours du 4 janvier. La première partie du vol se déroule sans histoires. Vers 22 h 10 TU (2 h 10 heure de la Réunion) le B 777 se trouve quelque part au dessus de l’Éthiopie. La cabine sommeille. La Réunion où l’atterrissage du UU 946 est prévu à 6 h 30 est encore à plus de quatre heures de vol lorsque la jeune Mahoraise se lève de son siège et gagne les toilettes. Elle referme la porte mais sans la condamner. Un peu plus tard, un passager assis non loin entend des bruits bizarres et alerte Cécile, l’une des hôtesses qui assure la veille. L’hôtesse découvre stupéfaite qu’une jeune femme est assise sur la cuvette l’air hébété. Sous elle, dans la cuvette, se trouve un nouveau-né avec le cordon ombilical autour du cou. De toute évidence, la jeune Mahoraise vient d’accoucher seule sans l’aide de personne. Elle est même parvenue à couper seule le cordon la reliant à son bébé. Le placenta se trouve également dans la cuvette, ce qui permet de penser que la maman dont c’était le premier enfant a passé un quart d’heure à vingt minutes dans les toilettes. Elle n’a pas utilisé le bouton d’appel qui permet d’alerter l’équipage en cas de malaise. Tous titulaires d’un certificat de sécurité sauvetage qui comprend notamment l’apprentissage des gestes de premiers secours et des techniques d’accouchement, les hôtesses et stewards réagissent professionnellement. Cécile alerte l’un de ses collègues, Alexandre et la chef de cabine Denise qui prévient le commandant Durieux. Celui-ci donne aussitôt l’autorisation de prendre la “trousse médecin” présente à bord qui contient le matériel indispensable à un accouchement et lance un appel afin de savoir si parmi les passagers se trouve un médecin. La chance veut que cette nuit-là il y ait non seulement un médecin, ce qui arrive très souvent, mais aussi une infirmière. Dans le poste de pilotage, le commandant Durieux doit trancher. “D’abord je ne savais pas dans quel état de santé se trouvaient la maman et son bébé, confie-t-il. J’ai commencé à réfléchir à un déroutement. Il nous fallait trouver un aéroport avec à proximité un hôpital bien équipé. Il n’y avait que Djibouti.”
Applaudissements dans la cabine
Entre-temps, Denise, la chef de cabine, prend les choses en main. Elle sort le bébé de la cuvette et l’enveloppe dans une couverture. Elle le retourne et là, alors que tous les témoins de la scène sont persuadés que l’enfant n’a pas pu résister à un tel traitement, il se met soudain à crier. La jeune maman et son bébé sont isolés dans le galley arrière de l’appareil. Le médecin, le docteur de Boisvilliers, débarrasse l’enfant du cordon ombilical. Avec l’infirmière, Béatrice Friedman, ils s’assurent de l’état de la bonne santé de la mère et du bébé. C’est un solide petit garçon arrivé parfaitement à terme et qui, en dépit des conditions rocambolesques dans lesquelles il est venu au monde, est en parfaite santé. Finalement, le Marcel-Goulette peut donc poursuivre sa route. A minuit, le commandant Durieux peut à la fois souhaiter la bonne année à ses passagers et leur annoncer qu’ils ont un nouveau compagnon de voyage. L’annonce est accueillie par des applaudissements nourris. Remise de ses émotions, la jeune Mahoraise regagne son siège. Le bébé nettoyé, enveloppé dans une couverture, est placé sur elle. La mère et son enfant sommeillent jusqu’à l’atterrissage à la Réunion, entourés de l’attention de nombreux Mahorais présents sur le vol. Ils sont attendus par les pompiers et le SAMU. Leur état respectif n’inspire pas d’inquiétude mais, à titre de précaution, ils sont placés en observation au service de maternité du CHD de Bellepierre.
De quelle nationalité sera le bébé ?
Deux points restent à éclaircir. De quelle nationalité sera le bébé ? En tout cas, ce ne sera pas un petit Éthiopien ! Il semble que perdure une règle datant de l’époque des paquebots français qui voulait qu’un enfant né d’une mère française à bord soit déclaré dans le premier arrondissement de Paris. Quel nom portera-t-il. “Nous avions proposé en plaisantant Marcel”, indique Jean-Christophe Durieux, commandant de bord du Marcel-Goulette. En fait, le petit bout de chou sera baptisé Elfayed.