Article OPEX 360, avec le titre : Le futur drone aérien de la Marine a été testé en configuration opérationnelle pour la première fois
https://www.opex360.com/2023/05/16/le-f ... iere-fois/
Lancé en 2017 avec la notification d’un contrat de levée de risques à Airbus Helicopters, associé à Naval Group, le programme SDAM [Système de drone aérien pour la Marine] repose sur le VSR-700, un appareil dérivé de l’hélicoptère civil Cabri G2 du constructeur français Guimbal. S’il a été confirmé à l’occasion du plan gouvernemental de soutien à la filière aéronautique dévoilé en juin 2020, avec la commande d’un second prototype, ce programme a récemment fait l’objet de rumeurs au sujet de son possible abandon par la Marine nationale. En effet, par rapport au drone aérien Serval [le S-100 Camcopter de Schiebel, ndlr] des porte-hélicoptères amphibies [PHA], le SDAM est trois fois plus lourd, avec une capacité d’emport « seulement » deux fois plus élevée. Et il n’est pas prévu, du moins pour le moment, qu’il soit armé. D’où les doutes qui ont pu être exprimés à son endroit… D’autant plus qu’il a été affecté par des complications techniques.
« Le programme SDAM est suivi par la Direction générale de l’armement [DGA]. Les essais réalisés sur une plateforme ont permis d’en montrer tout l’intérêt mais, au moment de passer sur une frégate, le système a connu des difficultés techniques », avait en effet indiqué l’amiral Pierre Vandier, le chef d’état-major de la Marine nationale, lors d’une audition parlementaire, en octobre 2022. « Ce programme sera examiné dans le cadre des travaux sur la Loi de programmation militaire en vue d’assurer une convergence coût-performance-délai », avait-il ajouté. Visiblement, des assurances au sujet de cette convergence « coût-performance-délai » ont été données… Puisque le SDAM figure dans le projet de Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30. Ainsi, huit systèmes devront avoir été livrés d’ici 2030. Et la Marine nationale en comptera « au moins quinze » à l’horizon 2035.
Quoi qu’il en soit, en janvier, la DGA a fait savoir qu’elle venait de valider les « capacités techniques en phase de survol maritime du démonstrateur de drone VSR-700, dans le cadre de l’étude de levée de risques ». Et d’ajouter : « Cette capacité technique représente une avancée majeure et une première mondiale pour un drone de cette catégorie ». En outre, la DGA a également laissé entendre que la phase d’essais à bord d’une frégate de la Marine nationale serait lancée sans tarder. Mais c’était sans doute aller trop vite en besogne…
En effet, le 15 mai, Airbus Helicopters a dit avoir testé pour la première fois le VSR700 en « configuration opérationnelle ». Ainsi, cet appareil « a effectué 80 décollages et atterrissages entièrement autonomes depuis un navire civil […] au large des côtes bretonnes. « Cette campagne d’essais en vol a été une étape importante pour le VSR700 car elle nous a permis de valider les excellentes performances du drone dans des conditions opérationnelles représentatives de ses futures missions », s’est félicité Nicolas Delmas, le responsable du programme SDAM chez Airbus Helicopters. « Le prototype VSR700 a ouvert son enveloppe de vol dans des vents supérieurs à 40 nœuds, a accumulé huit heures d’essais en 14 vols et a réussi des atterrissages [appontage? ndlr] dans plusieurs états de mer différents », a-t-il ajouté.
Pour rappel, construit avec des matériaux composite, le VSR700 a une endurance de 8 heures avec deux charges utiles. Il peut voler à 5000 mètres d’altitude, à la vitesse de 185 km/h. L’un des défi à relever est de pouvoir le faire décoller et apponter de manière autonome sur une plateforme en mouvement, dans une mer de niveau 5 [mer forte, avec des hauteurs de 2,5 à 4 mètres]. Ce qui est possible avec le système DeckFinder. Celui-ci permet « le lancement et la récupération autonomes de drones avec une précision de 10 à 20 cm dans conditions difficiles, indépendamment des systèmes de géolocalisation par satellite [GNSS/GPS] », souligne Airbus Helicopters. Au cours de ses précédents essais, poursuit l’industriel, le VSR700 a ainsi « démontré sa capacité à opérer en milieu maritime » tandis que ses capteurs [radar de surveillance maritime, optronique, récepteur AIS] et son système de mission ont été éprouvés.
Désormais, la prochaine étape verra la mise en oeuvre d’un VSR700 depuis une frégate multimissions [au cours de second semestre 2023, ndlr] et le vol inaugural du second prototype commandé en 2020.