l3crusader a écrit : ↑sam. juil. 22, 2023 2:52 am
On ne peut pas attendre la fin des carburants fossiles. Il faudra en laisser sous la terre. Si on consomme les réserves actuelles, on est déja bien trop haut en carbone.
Il faut réduire le nombre de vol précisément parce que l'aviation ne sait pas exister sans carbone. On n'a pas d'alternatives techniquement viables.
Quant à la réduction, on peut le faire en augmentant les prix (seuls les très riches pourront y accéder) ; ou en imposant des quotas de vols pour tout le monde. Choisissez....
Alors en ce qui concerne la fin de l'exploitation des fossiles, il va falloir s'accrocher. Aujourd'hui tous les pays sans exceptions qui ont fait des découvertes sont partis pour les exploiter, faisant ainsi d'eux des nouveaux pays pétroliers/gaziers. Et il y en a un paquet: Papouasie-Nouvelle-Guinée, Guyana, Afrique du Sud, Namibie, Mozambique, Ouganda, Tanzanie etc. Sans compter ceux qui continuent à développer leurs réserves: Brésil, Angola, etc. C'est une occasion inespérée pour eux de se développer et d'augmenter le niveau de vie de leurs habitants (c'est à dire pour faire court santé/éducation).
Le cas de l'Ouganda est assez intéressant avec la polémique concernant l'exploitation d'HC qui se trouve dans une réserve naturelle... Il se trouve que j'ai personnellement formé des Ougandais qui vont travailler sur ce projet. Ils sont parfaitement conscients des risques/bénéfices pour leur pays mais s'il y a bien une chose dont ils ont horreur, c'est qu'on leur dise ce qu'il faut qu'ils fassent. Je me souviens d'une discussion entre plusieurs d'entre eux et un "écolo" français. A la fin, un des Ougandais lui a dit "OK, fais tes valises et viens vivre en Ouganda. Sinon, tu trouves les quelques milliards d'euros que le projet doit rapporter au pays." Fin de la discussion...
Le pb étant effectivement notre train de vie "occidental" auquel aspirent presque sans exception tous les habitants de cette planète (cf. le phénomène des migrants, je n'ai pas encore vu de migrants d'Europe vers l'Afrique de l'Ouest...), je pense qu'on pourrait facilement le réduire mais ce sera à la marge (et c'est le cas du transport aérien, c'est à la marge) mais ça ne suffira pas.
Pour bien faire, il faudrait effectivement vivre comme les habitants des pays qui émettent le moins sur la planète, c'est à dire qui consomment le moins d'énergie, c'est à dire les plus pauvres. Du genre Ouganda, Burundi ou Malawi (ou d'autres). Je connais l'Ouganda, je suis passé au Burundi, je ne connais pas du tout le Malawi. Mais je pense que pas grand monde ici en Europe (moi y compris) serait capable d'y vivre beaucoup plus de 6 mois et encore...
Le pire étant que, malgré leur faible niveau de vie, les habitants de ces pays consomment encore probablement plus d'énergie (et donc émettent plus de CO2) que quelqu'un qui vivait avant la révolution industrielle. Je dirais au minimum 3 à 4 fois plus. Le simple fait que beaucoup ont des téléphones portables (pas partout mais c'est quand même assez impressionnant, je n'ai toujours pas compris comment ils font dans certains coins pour y arriver...) est déjà rédhibitoire.
Bref, réduire le train de vie, c'est facile à dire mais en pratique c'est quasi impossible à mettre en oeuvre pour que ça ait un impact significatif à moins d'accepter une chute drastique du niveau de vie et de l'espérance de vie qui va avec et personne n'acceptera ça.
Je rappelle quand même que l'espérance de vie en France en 1750 était de 25 ans, 40 ans en 1850, 45 ans en 1900 et d'environ 65 ans en 1950. Aujourd'hui on est à environ 80 pour les hommes et 85 pour les femmes.
D'un autre côté il est certain que le changement climatique aura un impact sur l'espérance de vie, c'est d'ailleurs déjà le cas (cf. la surmortalité liée aux vagues de chaleur) mais, psychologiquement, ce n'est pas tout à fait la même chose et cela reste encore faible.
Pour revenir au sujet, l'aviation peut parfaitement exister sans carbone. Cela s'appelle les e-fuels ou les SAF (Sustainable Aviation Fuel), en clair les carburants liquides décarbonés. Cela marche très bien et c'est pour l'instant là-dessus que compte l'industrie aéro beaucoup plus que sur l'avion à hydrogène. Par contre, il est certain que ce sera plus cher et qu'il n'y en aura pas pour tout le monde. Ce qui devrait donc entrainer de facto la réduction du trafic.