Article OPEX 360, avec le titre : Avec une activité en forte hausse, la DGA « Essais de Missiles » risque la surchauffe, prévient la Cour des comptes
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Dans le cadre de la Révision générale des politiques publiques [RGPP], le Centre d’essais de lancement de missiles et le Centre d’achèvement et d’essais propulsion et engins, tous deux relevant de la Direction générale de l’armement [DGA], se regroupèrent pour former la « DGA Essais de missiles ». Ce qui se traduisit par une mutualisation de leurs moyens, répartis sur trois sites [Biscarosse dans les Landes, Île du Levant dans le Var et Saint-Médard-en-Jalles en Gironde], et une réduction de leurs effectifs, ceux-ci passant de 1224 à 1007 ETPE [Équivalents temps plein emploi] entre 2008 et 2013.
En 2014, la Cour des comptes contrôla les neuf centre d’essais de la DGA… Et, elle estima que l’un des enjeux majeurs pour la DGA EM allait être de gérer la « sous-activité de certains moyens d’essais » compte tenu de la « réduction des programmes d’armement ». Depuis, le contexte a évolué… Et la question qui se pose désormais est de savoir comment la DGA EM fera face à une activité de plus en plus soutenue, « sous l’effet de l’effort de réarmement engagé par la loi de programmation militaire [LPM] 2019-25 ». Tel est l’un des enseignements du dernier rapport de la Cour des Comptes à son sujet, publié le 14 avril dernier. Et cela, alors que ses effectifs ont encore diminué, avec en 2021, « seulement » 935 ETPE [soit une déflation de 25% par rapport à 2008], et que ses moyens sont vieillissants, en plus d’être désormais de plus en plus « saturés ».
Ainsi, selon la Cour des comptes, l’activité de DGA EM est nettement repartie à la hausse depuis 2020, avec plus de 600’000 heures d’activité en 2022 [contre 400.000 heures en 2019]. Et ce niveau devrait se maintenir dans les années à venir, alors que son personnel sera mobilisé par « renouvellement de certains moyens d’essais vieillissants qui impliquera des travaux de qualification des nouveaux moyens d’essais » ainsi qu’un effort « particulier » en matière de formation. Ces activités portent sur les essais d’armements, qu’ils soient nouveaux ou modernisés, et la préparation opérationnelle des forces. Celles-ci, note la Cour des comptes, ont en effet « des besoins croissants pour réaliser des exercices […], allant jusqu’au tir des missiles, ce qui nécessite le recours aux moyens d’essais de DGA EM ».
Et d’ajouter : « Le retour d’expérience de la campagne de tirs de Missiles de croisière navals [MdCN] à partir des frégates multi missions [FREMM] lors des frappes contre la Syrie en 2018 [opération Hamilton, nldr] a montré, si cela était nécessaire, la nécessité de prévoir une préparation opérationnelle qui aille jusqu’au tir des missiles ». Or, selon le rapport, avec un tel niveau d’activité, « il peut arriver, à certains moments, que les capacités d’essais de DGA EM soient saturées, indépendamment des efforts effectués par ailleurs pour augmenter les heures productives et améliorer les méthodes de travail, tandis qu’à d’autres moments, des créneaux peuvent être disponibles ».
Aussi, DGA EM mène ses activités selon ses priorités, la première étant les essais réalisés au profit des grands programmes d’armement [à commencer par ceux relevant de la dissuasion]. La préparation opérationnelle des forces vient en second… Et cela « laisse peu de place pour les créneaux d’essais qui peuvent être alloués aux industriels pour leurs besoins propres », souligne la Cour des comptes. Cependant, poursuit-elle, DGA EM essaie « de dégager des créneaux d’essais au profit de l’industrie, notamment pour les projets stratégiques pour l’exportation sans pour autant chercher à développer cette activité, car le plan de charges qui résulte des besoins des programmes d’armement et de l’entraînement des forces est suffisant pour nourrir ses capacités d’essais ».
Or, les prestations facturées par DGA EM aux industriels ont rapporté 128,4 millions d’euros au ministère des Armées en 2021… Développer de telles activités permettrait d’augmenter les « recettes exceptionnelles » qui risquent de faire défaut pour la LPM 2024-30. Parmi ses recommandations, la Cour des comptes préconise ainsi de « programmer 24 mois à l’avance les activités de préparation opérationnelle nécessitant de recourir aux moyens d’essais de DGA EM » et de « prévoir une instance formelle d’arbitrage, pour éviter que ces besoins n’entrent en conflit avec ceux des programmes d’armement ». Cette solution a au moins un mérite : celui de ne rien coûter…