Article OPEX 360, avec le titre : Selon Berlin, des problèmes entre Airbus et Dassault Aviation retardent la conception de l’EuroDrone
https://www.opex360.com/2024/01/31/selo ... eurodrone/
Lors de l’édition 2019 du salon de l’aéronautique et de l’espace du Bourget, Florence Parly, alors ministre des Armées, avait été très ferme à l’endroit des trois industriels impliqués dans le programme de drone MALE [Moyenne Altitude Longue Endurance] européen « EuroMale » [ou MALE RPAS], à savoir Airbus Defence & Space, Dassault Aviation et Leonardo. « Nous considérons que nous ne pouvons pas accepter qu’un drone soit plus cher que ce que nous pourrions trouver sur le marché et soit moins opérationnel car ne disposant pas de l’ensemble des capacités dont nous souhaitons disposer », avait-elle en effet lancé, alors que les négociations entre les quatre États clients [France, Allemagne, Italie et Espagne] étaient dans l’impasse.
Finalement, en février 2022, les difficultés étant apparemment aplanies, et malgré les réserves du ministère allemand des Finances, qui s’inquiétait d’un possible dérapage financer, l’Organisation Conjointe de Coopération en matière d’Armement [OCCAr] notifia à Airbus Defence & Space le contrat relatif au développement et à la production de l’Eurodrone. Par rapport aux appareils de ce type, ce drone sera particulièrement imposant, avec une masse de plus de 10 tonnes, pour une envergure de 26 mètres, une longueur de 16 mètres et une hauteur de 6 mètres. Il aura d’ailleurs besoin de deux turbopropulseurs pour voler. Sera-t-il pertinent à l’heure où l’on ne parle que d’engagement de haute intensité? À cette question, l’ex-Délégué général pour l’armement, Joël Barre, avait répondu qu’il le serait, grâce notamment aux performances des capteurs de nouvelle génération dont il serait équipé.
Depuis maintenant deux ans, le programme EuroMale est rythmé par les annonces faites par Airbus au sujet des industriels retenus pour fournir certains composants de ce futur drone. Et seul le choix du turbopropulseur Catalyst, proposé par Avio Aero, la filiale italienne de l’américain General Electric [GE], aux dépens de l’Ardiden TP3 du français Safran, donna matière à polémique. Faudrait-il en déduire que ce projet vole dans un ciel par temps calme? Ce n’est pas ce que suggère le dernier rapport du ministère allemand de la Défense sur ses programme d’armement en cours.
Selon l’OCCAr, la construction du premier prototype de l’EuroMale doit commencer après un examen de conception préliminaire [PDR – Preliminary Design Review] et une revue critique de conception [CDR – Critical Design Review]. Il était prévu d’achever ce processus en 2024. Or, ce ne sera probablement pas le cas. En effet, selon le rapport allemand, le PDR aurait dû être lancé en 2023… Ce qui n’a pas été le cas. Et d’expliquer que ce retard est dû à « des problèmes persistants de coordination entre le maître d’œuvre allemand Airbus D&S et le sous-traitant français Dassault Aviation ». Cela risque de retarder le lancement de la revue critique de conception qui doit débuter en septembre 2024, au plus tard. Manquer ce rendez-vous pourrait se traduire par une résiliation du contrat. Du moins, c’est ce qu’on peut lire dans ce document.
« Airbus D&S tente de résoudre de manière globale et rapide les problèmes concernant le travail de Dassault », relève toutefois le rapport. Celui-ci ne donne pas plus de précision sur la nature de ces « bisbilles » entre le maître d’oeuvre et son sous-traitant… Pour rappel, l’industriel français s’occupe des commandes de vol et des communications de mission dans ce programme. De son côté, le journal Die Welt indique qu’Airbus avait informé l’OCCAr de ces retards, en les mettant sur le compte de travaux de conception « qui prennent plus de temps que prévu ». « Fin 2023, Airbus et ses partenaires industriels ont confirmé un calendrier actualisé. L’étape PDR devrait donc être franchie avec succès cette année. Tous les partenaires impliqués travaillent dur pour le succès du programme », a rapporté le quotidien allemand.
Quoi qu’il en soit, le vol inaugural du prototype de l’Eurodrone est toujours prévu pour janvier 2027, la Bundeswehr devant recevoir son premier appareil [avec une station au sol] en avril 2030.