Article Trust my science, avec le titre : La clé du moteur à distorsion (Warp drive) se trouverait dans… de l’antigel !
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Le moteur à distorsion, ou Warp drive, nous permettrait en théorie de voyager à des vitesses supraluminiques dans le cosmos, en déformant localement l’espace-temps. Le concept fait rêver et depuis quelques décennies, un nombre croissant de scientifiques planchent sur le sujet. Un ingénieur de l’Université de Houston-Victoria affirme aujourd’hui être presque prêt à tester sa propre théorie.
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en 1994, le physicien mexicain Miguel Alcubierre a proposé « la métrique d’Alcubierre », un moyen théorique de transport supraluminique qui soit cohérent avec les équations d’Einstein. Le voyage supraluminique devenait dès lors « envisageable » et une poignée de scientifiques ont commencé à s’intéresser au sujet, notamment le Dr Harold G. « Sonny » White, un ancien ingénieur de la NASA. Depuis 2018, il travaille au sein du Limitless Space Institute, qui regroupe des scientifiques et des ingénieurs dont l’objectif est de trouver le moyen de voyager dans l’espace lointain.
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Un moteur à distorsion nécessite (...) une quantité colossale de matière « exotique », à énergie négative, difficile à produire avec les technologies actuelles… Une équipe a proposé en 2021 une approche qui permet de s’affranchir en partie du problème, mais le moteur résultant ne pourrait pas voyager plus vite que la lumière. Un professeur de l’Université de Houston-Victoria, le Dr Chance Glenn, affirme aujourd’hui, dans une interview accordée à The Debrief, que ses recherches pourraient enfin permettre de développer un véritable moteur à distorsion.
Un moteur à distorsion n’est pas un moteur au sens propre du terme : il faut le voir comme un dispositif capable de créer une « bulle d’espace-temps », au sein de laquelle les propriétés fondamentales seraient différentes de celles de l’extérieur. Un vaisseau spatial protégé par une telle bulle de distorsion se déplacerait, plus rapidement que la lumière, via une suite d’étirements et compressions du tissu de l’espace-temps autour de lui.
Pour le moment, le Dr Glenn — titulaire de plusieurs diplômes d’ingénierie électrique, dont une maîtrise et un doctorat de l’Université Johns Hopkins — focalise ses recherches non pas sur les moyens de créer une bulle de distorsion, mais sur les moyens de courber le temps et l’espace. Il a ré-examiné les modèles précédents, y compris ceux d’Alcubierre et de White, et a réussi à développer un modèle théorique reposant cette fois sur des densités d’énergie positive. Il souhaite à présent mettre sa théorie en pratique.
Pour ce faire, il envisage d’exploiter des matériaux diélectriques. « La différence [entre son modèle et les autres] est que j’ai identifié un matériau qui, selon moi, peut nous y conduire, et qui correspond mathématiquement à ce que disent les équations. Un grand nombre des théories de distorsion existantes n’ont pas spéculé sur la manière dont elles pouvaient être appliquées », a déclaré Glenn à The Debrief.
Il se trouve qu’il a trouvé un matériau possédant les propriétés exactes dont il aurait besoin : l’éthylène glycol, fréquemment employé en tant qu’antigel — un matériau courant et étonnamment basique pour une expérience plutôt complexe. « L’expérience que j’envisage consiste à faire pulser un faisceau laser à travers une chambre à radiofréquence (RF), et si d’une manière ou d’une autre, même légèrement, l’espace-temps est déformé, cela pourrait être détecté », a-t-il déclaré au magazine.
Concrètement, Glenn prévoit de remplir la chambre avec de l’éthylène glycol. En pulsant un laser dans cette chambre, il espère détecter, à l’aide d’un interféromètre, des traces d’ondes gravitationnelles — autrement dit des ondulations de l’espace-temps. « S’il est possible de concentrer [l’énergie radiofréquence] en un point particulier – ce que la chambre que je suis en train de concevoir nous permet de faire – cela pourrait suffire, au niveau atomique, je ne fais que spéculer, à déformer réellement l’espace-le temps », explique-t-il.
La pulsation du signal permet non seulement de régler et de mettre en forme la RF pour améliorer les performances et réduire l’énergie globale requise, mais elle constitue également une méthode pour s’assurer que toute perturbation de l’espace-temps qui sera (éventuellement) détectée est bien le résultat de la RF et non d’une force extérieure, résume le magazine.
Le premier objectif du scientifique est donc d’observer cette déformation de l’espace-temps et non pas de construire un véritable vaisseau à distorsion. Les résultats de cette expérience pourraient néanmoins avoir des implications importantes sur les futurs efforts visant à mettre au point un moteur de type Warp drive. À savoir que ce projet s’inscrit par ailleurs dans un plan beaucoup plus large, qui vise à rendre l’espace « accessible à tous » : « Je représente un groupe appelé la Morningbird Foundation. Notre objectif est de faire en sorte que tout le monde bénéficie de l’accès à l’espace, et pas seulement les riches », a souligné le professeur.
Reste encore à finaliser la conception de la chambre pour s’assurer que l’énergie RF est concentrée en un seul point. Pour ce faire, Glenn utilise un logiciel de simulation numérique appelé COMSOL. Il faut également lever les fonds nécessaires, pour construire la chambre, acheter les instruments (notamment un interféromètre de pointe) et rémunérer l’équipe. De ce côté, cela semble plutôt bien parti : sa pré-proposition de subvention à la National Science Foundation a déjà été acceptée pour examen et le professeur a noué des contacts précieux au Jet Propulsion Laboratory de la NASA et chez SpaceX. Selon The Debrief, le Dr White lui aurait même proposé d’utiliser son laboratoire !
L’expérience est donc presque prête à être exécutée. « J’espère pouvoir réaliser les premières expériences au cours de la première moitié de 2023. Peut-être en mars ou au début du printemps », a déclaré Glenn.