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Jusqu’à présent, au titre de son aide militaire à Kiev, la France a fourni dix-huit CAESAr [Camions équipés d’un système d’artillerie de 155 mm], des Véhicules de l’avant blindé [VAB], au moins un Lance-Roquette Unitaire [LRU, sur les deux promis], des canons TRF1, des missiles anti-chars MILAN et d’autres équipements divers et variés.
En outre, un fonds doté de 200 millions d’euros sera mis en place afin de financer les demandes de l’armée ukrainienne auprès de l’industrie française de l’armement. Enfin, il est aussi question d’une livraison de vingt blindés Bastion et de l’envoi de deux batteries de défense aérienne CROTALE NG, lequel a été annoncé par Sébastien Lecornu, le ministre des Armées.
« En termes de valeur et de quantité, je pense que la France se classe parmi nos premiers fournisseurs », a ainsi commenté Oleksii Reznikov, le ministre ukrainien de la Défense, dans un entretien publié par le quotidien Le Monde [édition du 9 décembre]. Mais si l’on tient du compte du PIB, a-t-il relevé, alors la Pologne et les pays baltes « sont loin en tête »… Et « en valeur absolue, les premiers sont bien sûr les États-Unis, le Royaume-Uni, puis l’Allemagne », a-t-il ajouté.
Alors que des militaires ukrainiens se préparent actuellement à mettre en oeuvre les deux systèmes CROTALE NG promis, Kiev espère obtenir de Paris d’autres CAESAr, qui « se sont particulièrement distingués sur le champ de bataille ». Étant donné que « les Russes tirent chaque jour 60’000 munitions de divers types », a expliqué M. Reznikov, la « seule manière de répondre, quand on dispose moins de munitions, c’est par une précision et une portée supérieure, ce que permettent les canons de 155 mm ».
Cela étant, l’une des priorités des forces ukrainiennes est de protéger les infrastructures énergétiques du pays, régulièrement visées par des frappes russes. Et pour cela, il leur faut des batteries de défense aérienne performants. Des annonces ont déjà été faites en ce sens. Et certaines se sont même concrétisées, de systèmes IRIS-T SLM, Hawk et NASAMS ayant été livrés à Kiev.
« Nous avons aussi besoin de véhicules de transport de troupes blindés. Et bien sûr, des chars et des systèmes de défense aérienne », a dit le ministre ukrainien dans les pages du journal Le Monde. « Nous demandons le système franco-italien Mamba », a-t-il poursuivi. Et de faire cette annonce pouvant sembler étonnante : « Paris a réagi positivement à notre demande, mais la négociation n’est pas terminée par Rome ».
Cette annonce est étonnante parce que l’armée de l’Air & de l’Espace ne dispose que de huit systèmes Sol-Air Moyenne Portée / Terrestre [SAMP/T ou Mamba], dont un est actuellement déployé en Roumanie, dans le cadre de l’Otan. Étant donné la nécessité de protéger les bases servant à la dissuasion nucléaire et au regard des prochains évènements sportifs [coupe du monde de Rugby et Jeux Olympiques], les marges de manoeuvre pour satisfaire la requête ukrainienne sont faibles…
« Nous ne faisons pas de cession qui mettrait la nation française en danger. Nous le faisons avec le pragmatisme qui nous conduit à regarder la réalité de nos stocks, il est vrai, mais aussi la réalité des conseils que nous donnent nos généraux », a par ailleurs déclaré M. Lecornu, le 26 octobre, lors d’un débat sur la guerre en Ukraine, au Sénat.
En revanche, l’Italie semblait jusqu’alors prête à satisfaire la demande de Kiev, un responsable transalpin ayant confié à l’agence Reuters qu’au moins un système Mamba [sur les cinq dont dispose actuellement le 4e régiment d’artillerie anti-aérienne « Peschiera » de l’Esercito Italiano] pourrait être envoyé en Ukraine…