Je viens de terminer la lecture de ce livre. Si le livre regorge de détails intéressants (l'aspect planification d'une campagne aérienne par exemple m'a beaucoup intéressé) je suis néanmoins surpris par certaines imprécisions techniques dont voici quelques exemples relevés au cours de ma lecture :
- il est mentionné que le SA-2 peut guider 6 missiles (légende de la photo p.110) : non, il y a 6 lanceurs au maximum dans une batterie et je crois que l'uplink permet au Fan Song d'en guider deux simultanément vers la même cible (à condition de les garder dans le faisceau du radar car le radar de conduite de tir doit suivre ses missiles et sa cible ce qui n'est pas évident);
- la GBU-24 qui est équipé d'un kit Paveway II d'après la légende p.286 : non elle est équipée d'un kit Paveway III et la GBU-10 est la même bombe (Mk-84) mais équipée d'un kit Paveway II (EDIT, j'ai mal rapporté les propos de l'auteur). Cette mention erronée est d'autant plus surprenante que la différence entre les deux bombes est expliquée ailleurs dans le livre.
- la description des GBU p. 253 tient du charabia. La GBU-27 est équipée de l'autodirecteur et des gouvernes avant d'un kit Paveway III, donc différend de celui qui équipe une GBU-10, et ne se distingue de la GBU-24 (version BLU 109) que par l'utilisation des ailes arrières d'un kit Paveway II de manière à rentrer dans la soute du F-117 (source :
http://www.designation-systems.net/dusr ... way-3.html);
- dire que les Jaguars français sont parmi les avions les moins perfectionnés du théâtre : c'est à la fois vrai et faux. Vrai car le SNA est assez sommaire mais faux car c'est l'un des seuls avions de la coalition a pouvoir larguer des armements guidés laser et à pouvoir les guider. Je trouve que la mention aurait été utile (du reste c'est mentionné plusieurs fois dans le livre que les Jaguar avaient une capacité de désignation donc pourquoi ne pas l'avoir évoqué dans le chapitre sur les capacités des avions de la coalition).
- les "AWACS" irakiens bricolés (mentionné p. 109) : je ne crois pas qu'ils aient jamais donné satisfactions donc les mettre au niveau d'un E-3 me paraît exagéré, l'adaptation d'un radar terrestre sur un avion était une erreur.
- le R60TD n'existe pas mais le R-40TD si ! Le R-60 est un missile à courte portée uniquement infrarouge contrairement au R-40 à moyenne portée qui existe en version radar et IR.
- Annoncer que le MiG-29 est au niveau des meilleurs avions de la coalition a courte comme à longue portée (p.105). Non je ne crois pas qu'à longue portée cela soit vrai, le commentaire extrapole trop sur les résultats des confrontations simulées contre les 29 Est allemands. L'auteur dote même le 29 de CDVE (comme le 2000 et le F-16 dixit p. 105) et d'une capacité multicible grâce à son radar.
- la dénomination F-16L (p. 167) n'a jamais existé à ma connaissance et est au mieux non officielle: un F-16C block 40 avec les pods LANTIRN est un F-16C, il ne devient pas un F-16L.
Par ailleurs les conclusions sont surprenantes : par exemple, parler de la précision des missiles de croisières (un Tomahawk est illustré) et de leurs succès et les comparer au V1 en fin d'ouvrage (ils ont les mêmes faiblesses d'après la légende) il fallait oser !
Je reproche beaucoup au livre de vouloir trop relativiser : peut être est-ce dans une volonté exagérée de "casser" le récit usuel qui est fait de cette guerre, mais certains succès sont des succès et à vouloir trop les relativiser/les remettre dans le contexte on ne comprend plus le propos du livre.
Cette guerre a clairement fait la preuve de la supériorité des PGM sur les munitions classiques, même si elles ne représentent qu'une fraction du tonnage totale de bombes larguées.
Les capacités de renseignements optiques/électromagnétiques de la coalition ont été un vrai plus même si la diffusion du renseignement et les conditions météo n'ont pas été optimales.
J'ai eu l'impression forte que le livre passait sont temps à affirmer tout et son contraire. Bref, une lecture intéressante mais pour un public averti.
Un détail : l'expression "Au surplus" dans ce livre est un tic de langage de l'auteur fort désagréable