On ne connaît pas précisément l'ordre de bataille allemand. On ne connaît que l'effectif des Jastas, qui ont bien été documentés par le travail de générations de passionnés. Mais pour connaître où étaient précisément telle ou telle escadrille d'observation (Fliegerabteilung), là je n'ai pas pu trouver l'info. L'Oberstleutnant Harald Potempa, un des responsables du service historique de l'aviation militaire allemande, m'a dit qu'ils n'avaient pas cela dans leurs archives dont beaucoup sont parties en fumée. Lui-même a d'ailleurs fait sa thèse sur l'aviation bavaroise, car là il avait des archives à se mettre sous la dent - elles ont été stockées dans la campagne bavaroise, et non à Berlin où les bombes alliées ont fait le ménage en 1943-1945.
Conclusion, je me base sur des données que l'on peut comparer : les effectifs de la chasse. Qui donnent un ordre de grandeur en appliquant une règle de trois afin de déduire l'effectif allemand total, qui est de plus compatible avec les capacités de production du pays. A vue de nez, sur le front occidental de Nieuport à Belfort, on doit avoir le 15 avril 1917 au front :
- 1715 avions français, dont une partie sur le Chemin des Dames. Chiffres obtenus en multipliant les effectifs des escadrilles en ligne : une escadrille de bombardement ou de chasse = 15 avions, de reco = 10 avions. Ces chiffres sont confirmés par un rapport parlementaire de l'époque, qui (de mémoire) évalue à 1800 et quelques les avions au front au mois de mai. Et je ne parle pas des avions du CRP ou dans les parcs...
- 1026 avions anglais (57 squadrons à 18 avions, RFC + RNAS)
- 1000 avions allemands environ, répartis eux aussi de Nieuport à Belfort, ce qui fait qu'ils sont à 1 contre 3 contre les anglais, autant au chemin des dames et le reste sur le reste du front (Verdun, Lorraine, Alsace). Ne pas oublier que l'Allemagne se bat aussi sur le front Russe, puis à Salonique et sur le front Turc.
Que ces chiffres viennent de l'effectif théorique n'a aucune incidence : les problèmes d'indisponibilité sont les mêmes pour tout le monde.
Quand je parle des pertes en pilotes, c'est uniquement les pilotes tués ou capturés, et pas les observateurs. Pourquoi ? Parce que c'est la seule statistique dont je dispose pour tout le monde. Pour les anglais, grâce au livre de Trevor Henshaw dont je parlais, on a absolument tout : pilotes tués et blessés, ainsi que les observateurs, et le type d'avion manquant. Pour les français, également les tués et blessés, et approximativement le type d'appareil. Pour les allemands, on n'a que les pilotes tués, une grande partie des observateurs, et une partie seulement des blessés. Et rien sur le type d'appareil abattu : on peut supposer qu'un pilote tué tombe sur un Albatros D III, mais pas que : ce peut être un Pfalz D III, un Halberstadt D V voire un appareil plus vieux comme un Fokker D I ou D II... Quant à la reco, c'est encore plus spéculatif, vu qu'ils avaient plus d'une douzaine d'avions différents. Les pertes en pilotes concernent les pilotes de chasse et d'observation perdus, et ce dans tous les camps. Vous me direz : oui, mais un pilote peut être descendu en survivant au crash. C'est exact. Et cela peut arriver à un pilote français, allemand comme britannique. Dont j'en reviens à ce que je disais : les pertes en pilotes (tués et capturés) sont le seul indicatif statistique fiable pour comparer les résultats des forces aériennes.
Bon, j'arrête là les précisions, sinon je vais vous re-écrire tout le Batailles Aériennes 1917 qui sort début juillet et Christophe va râler.
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DM