Publié : jeu. juil. 01, 2004 12:41 am
La première journée commence sur Kaüyuka. Nous sommes arrivés la veille, toute la Compagnie. Nous sommes arrivés en SL, Sommeil Léthargique, et nous ne sommes pas encore familiers notre base d’accueil. A coté de moi, se trouvent Kapiersky « Kapi », Zogdanov « Zogzog » et Ramirez « Alf », mes charmants compagnons de garde encore assoupis. Comme à l’habitude, je suis le seul conscient et Kapi fut le premier à ronfler. Je ne me suis pas présenté, je m'appelle Henry « Jarry » Rajka, je viens d’avoir 32 ans, j’appartiens à la IVème Armée, 104ème Groupe, 27ème Régiment, 79ème Compagnie, 6ème Escadre, les « Fire Crackers » de l’infanterie des Forces Terriennes d’Expansion. Notre compagnie était à l’origine des FireTroopers, soldats équipée avec des lances-flammes de combat, mais nous avons été reconvertis pour l’assaut et la reconnaissance il y a quelques années mais le nom est resté. Cela va faire bientôt 7 ans que je suis dans l’Armée, et je n’ai connu que deux combats au front, en arrière garde, loin des assauts. Cette fois, j’y allais en première ligne. Notre raison sur ce caillou perdu au milieu d’un système solaire désolé était la nécessité absolue du contrôle de cette planète par le Haut Commandement, allez savoir pourquoi. Toute juste avons nous été prévenu d’une éventuelle présence Zerg dans les environs. Aucune information sur les races en présence, la taille de leur nid, ou quoique ce soit. Et on dit avoir les meilleurs services de renseignements. Belle illusion.
Notre passionnante mission d’aujourd’hui consistait à surveiller une vingtaine d’ouvrier à l’œuvre dans la construction d’un bunker. La base venait d’être implantée sur ce plateau, nous étions très vulnérables, peu de défense en place, plusieurs collines autour de nous, et surtout aucune défense aérienne digne de ce nom, tout cela ne nous rassurait guère. Plusieurs centaines d’ouvriers s’afféraient pour la construction des nouveaux bâtiments, un nouveau centre d’entraînement, des baraquements, une usine de raffinement du gaz et une autre pour les minéraux, et quelques bunkers espacés. La présence militaire était représentée par deux compagnies de Marines complète, une Compagnie de FireTroopers, équipés de lance-flammes de combat redoutables au combat au corps à corps, et trois escadres de médecins de bataille. Une bien maigre force à vrai dire. De notre position, nous pouvions voir toute la base, un parfait emplacement de surveillance, légèrement en hauteur.
Ces ouvriers sont infatigables. A peine ont-ils fini un baraquement qu’ils se ruent sur la construction d’une usine lourde. D’ici quatre jours, nous seront capables de produire des chars lourds et des véhicules Goliath. De l’autre coté, une navette vient d’atterrir avec le matériel tant attendu de missiles ASA-10 Antiaérien. La première batterie de DCA est en construction. Quelle formidable organisation. Le soleil est déjà haut dans le ciel, nous serons bientôt relevés.
- ALARME ! Des Zergs attaquent ! Ils seront là dans 10 minutes !
C’est l’avant garde qui appelle ! Et aucun véhicule de soutien n’est encore disponible, pas de char, pas de Goliath, rien. Je regarde brièvement dans la direction de l’attaque. Pas de bunker ! Pas d’obstacle naturel ! D’un coup de botte je réveille Kapi, Alf et Zogzog.
- Debout les filles ! Le show commence !
- Qu’est-ce qui se passe ? grommelle Alf.
- Attaque Zerg !
- Yeehaaaa !
Nos ordres sont de garder notre position quelqu’en soit le prix.
- Ici Jarry, à tous les ouvriers de la zone 47, retour à la base immédiatement ! Attaque Zerg !
- Bien reçu, nous rentrons. Nous venons de finir le bunker en zone 58.
- Parfait, merci.
Nous étions en première ligne. Un seul bunker pour tous les Marines de ce coté. Ca s’annonçait mal, très mal. Il faudrait attirer l’attaquer vers le bunker, la détourner de la base. Seuls quelques véhicules légers sont disponibles. Par chance ils arrivent à se faire suivre. Le bunker sera notre seul point de défense, il faudra le tenir coûte que coûte.
- Ici le Lieutenant Mehaval. Escadres 1, 3, 4 et 5 dans le Bunker ! Escadres 2, 6 et 10 avec moi !
Et c’est parti. En cinq minutes nous étions au Bunker. Les portes venaient de se fermer.
- Marine Jarry au rapport, Sergent !
- Très bien, vous, les quatre mousquetaires, allez vous poster la-bas avec votre escadre. Utilisez tout ce que vous pouvez pour vous couvrir. Et visez juste !
- Où est l’autre Compagnie ?
- Elle est restée dans la base, elle construit des barricades. Ca sera notre dernière ligne de défense, si on arrive pas à contenir l’attaque, mais on le saura pas, on sera déjà morts !! HA HA !!
Il n’a pas tord, mais je ne tiens pas à mourir sur ce caillou.
- Et si on a besoin de renfort ?
- Y’en a pas ! En position !
- Yes sir !
C’est au pas de course qu’on est parti rejoindre notre escadre, en retrait du bunker. Nous n’avions rien comme protection, sinon quelques roches suffisamment larges pour cacher 1 personne. Autant dire que nous étions à découvert. La règle d’or était d’éviter le combat rapproché, il fallait les tenir à au moins une trentaine de mètres de notre position.
Quatre escadres de FireTroopers venaient d’arriver. On les attendait ces gars-là, ils assureraient notre défense rapprochée. Deux escadres sont rentrées dans le bunker et les deux autres se sont postées en ligne de front ; légèrement sur notre gauche, face à l’adversaire. Extrêmement puissants, mais fous. Ce sont les « Burning Flames », l’élite. Leur espérance de vie dépasse rarement la dizaine de mission, mais c’est un honneur que de servir avec cette unité.
Je n’aimais pas notre position, ni notre déploiement. Beaucoup de failles se dessinaient, les forces n’étaient pas réparties pour subir une telle attaque. Je doute que le Commandant soit bien aguerri, sûrement un de ces intellectuels propulsés en haut du pouvoir mais sans expérience sur le terrain. Enfin, on verra bien s’il a vu juste. Soudain, les premiers Zerg apparurent. Des Zerglings. Un, puis deux, puis dix, cent, deux cents... trop. Ils étaient encore hors de portée. Il fallait attendre l’ordre libérateur de feu à volonté. Au loin, des silhouettes d’Hydralisks prenaient forme, la bataille n’en serait que plus difficile. Le bruit sourd approchait, les hurlements sinistres se faisaient de plus en plus aigus.
- Munitions ! cria le Lieutenant.
C’est idiot, mais chacun devait vérifier mes munitions de l’autre. En une seconde, vérifier que l’indicateur du fusil du voisin n’indiquait pas ‘0’.
- En joue !
En ligne de front, sur deux rangs, 24 Marines pointaient leurs armes sur le mur de poussière qui se jetait sur eux.
- Visières !
Juste avant le tir, nous devions baisser nos visières blindées, elles nous permettaient de ne pas être perturbé par les flammes des canons et nous protégeaient des attaques acides ennemis.
- Ne tirez que sur mon ordre !
Seul notre Lieutenant avait accès aux canaux des autres unités. Sans une action de sa part, nous étions confinés dans notre canal d’Escadre, ne sachant pas ce qui se disait ailleurs. Officiellement, c’était pour une meilleure organisation des troupes. Au fond de nous, c’était pour nous empêcher de savoir quand une bataille était perdue et qu’il fallait battre en retraite. Se battre jusqu’au dernier homme, telle était la devise de notre IVème Armée.
Quelques centaines de mètres devant nous, à notre droite, le bunker se mit à tirer. 48 canons lâchèrent leur furie de plomb. Les premiers Zerglings tombèrent. Mais il y en avait d’autres. En d’autres. Les corps meurtris des Zerglings s’accumulaient mais le flot quasi incessant avançait. Ils n’étaient bientôt qu’à quelques dizaines de mètres du bunker, se ruant dessus frénétiquement. C’est alors qu’ils rentrèrent en contact avec les FireTroopers. De gigantesques flammes sortirent des ouvertures dans le béton. L’attaque Zerg devenait folle, ceux qui n’étaient pas tués par les flammes étaient achevés par les balles. Mais il en venait toujours davantage, et les Hydralisks se rapprochaient dangereusement. Malgré le mur de feu et de balles, plusieurs Zerglings commencèrent à endommager le bunker, l’attaquant sur ces flancs ou de derrière, manifestement ils ne nous avaient pas encore vus ou pire, ils nous ignoraient. L’escadre 10, à gauche du bunker ouvrit le feu, tentant de libérer le flanc droit de ce dernier, mais cela n’eut pour effet que de dévoiler leur présence aux yeux de l’ennemi, qui commença à se ruer sur eux. L’escadre 10 se mit alors à couvrir la ‘2’. Un feu croisé relativement efficace, mais ces satanés bestioles arrivèrent au contact de la ‘2’. Un combat au corps à corps. En quelques secondes, tout était fini, aucun Marine n’avait survécu, la ‘10’, trop loin, n’était pas arrivée pas à contenir les assaillants. Les FireTroopers, alors restés sur notre gauche, se mirent au pas de course vers le champ de bataille.
- Feu à volonté !!!
C’était à nous ! Sans réfléchir, j’appuyais sur la détente crachant le plomb à une vitesse folle. Je ne voyais pas bien ce que je visais mais ça ne m’arrêtait pas.
- Mertu !! Flanc droit !
- Sur ta gauche !
- Protégez le bunker !
- Medic !!!
- Un chargeur ! Il me faut un chargeur !
C’était une véritable pagaille. Les ordres étaient confus, tout le monde encombrait la fréquence. Où étaient passées nos heures d’entraînement ? Notre discipline ? La plupart reculaient, quelques uns avançaient croyant impressionner les Zergs. Les FireTroopers brûlaient tout ce qui passait à leur portée, peu importe qu’un Marine soit derrière un Zerg ou non. Puis, les Hydralisks sont arrivés à portée de tir. Une pluie d’acide se mit à tomber. Tous ceux qui n’avaient pas baissé leur visière ou avaient laissé une partie de leur corps à nu se mirent à hurler de douleur, leur corps fondait. Certains, déjà blessés, furent achevés par cet acide puissamment corrosif.
- Hydralisks !!
L’ordre était lancé d’abattre les Hydralisks en priorité, autrement plus dangereux et féroces que les Zerglings. Face à la cinquantaine de ces horreurs présentes, une vingtaine de Marines et une petite dizaine de FireTroopers partirent à leur rencontre, risquant le combat rapproché. Les premiers Hydralisks tombent, puis commence le combat rapproché. Les pauvres Marines sont en sous-nombre et bien moins adaptés pour ce type de combat que leurs adversaires ! Je regarde le triste combat, quand un FireTrooper, visiblement à court de combustible pris ses recharges et se jeta au milieu des Zergs. Les Marines continuaient à tirer, et leurs balles firent exploser le FireTrooper. L’explosion fut si intense qu’elle fit exploser les autres FireTroopers à proximité. Une gigantesque boule de feu détruisit tout ce qui était à moins de 40 mètres. Tous les Hydralisks étaient hors de combat. Tous les Marines aussi. Un acte de bravoure, certes, mais en valait-il la peine ?
- Jarry ! Derrière toi !
Un Zergling me tombe dessus ! Mais ce n’est déjà plus qu’un cadavre, fort heureusement, sinon c’était ma fin.
- Tu rêves ou quoi ? Ca fait 20 secondes que tu bouges pas !
Je ne réponds rien. Je n’ai pas de réponse. D’un hochement de tête, je lui fait signe que tout est OK. Il me répond d’un geste et se remet à faire feu. Je m’arrête de tirer pour recharger, en me retournant, je vois une cinquantaine d’ouvriers foncer droit vers le bunker. Mais que font-ils ? Ils sont devenus fous ? C’est alors que je me retourne vers celui-ci. Il est en proie aux flammes, plusieurs pans de mur sont effondrés. Des Zergs s’introduisent dans la forteresse, des Marines en ressortent pour se faire déchiqueter sitôt sortis. Le Bunker est perdu, livré à lui-même. Veulent-ils le réparer ? Ils n’en auront pas l’occasion. La moitié des ouvriers se font intercepter avant d’atteindre le bunker et l’autre moitié est soufflée par l’explosion. Le bunker vient de s’auto détruire. Un énorme cratère prend place au milieu du champ de bataille. Cela n’arrête ni les uns ni les autres. Les tirs continuent de parsemer la plaine, les FireTroopers crachent leurs langues de feu dans toutes les directions, touchant indifféremment Marines et Zerglings. Il faut maintenant monter sur des corps, parfois Zergs, parfois non, pour avoir un bon angle de tir.
- Mais où sont les renforts ? On tiendra jamais !
- Tais toi et tires !
- Un chargeur ! J’ai besoin d’un cha…..
- Médecin !!
- T’arrêtes pas de tirer !!
- Médec…..
Nous étions au milieu du champ de bataille. Je ne savais plus où donner de la tête, partout des cibles, partout des blessés, des Marines en difficultés, des geysers de feu. Là !! Un Zergling attaque un FireTrooper ! BLAM ! Tout explose. Est-ce moi qui ait tiré dans les réservoirs ? Est-ce le Zergling ? Un autre Marine ? Nous n’avons pas utilisé nos grenades. Il est maintenant trop tard, si l’une venait à être déclenchée, elle tuerait plus de Marines que de Zergs. Là ! Un Zerg blessé. Une rafale dans la tête et il s’immobilise, lâchant une jambe.
J’en étais déjà à mon sixième chargeur quand soudain …
- Cessez le feu ! Cessez le feu !
Comment ? C’est fini ? Nous avons vaincu ? Il fallu plusieurs minutes pour que toute cette boucherie s’arrête, mais oui, nous avions vaincu. Les Zergs ne reculaient jamais à ce qu’on disait, et on vient d’en faire la triste expérience. Les derniers étaient achevés. Pas un seul Zerg n’a survécu, des centaines de corps recouvrent la plaine, parmi tout cet amoncellement de cadavres se trouvent plusieurs Marines, enchevêtrés, déchiquetés. Combien ? Difficile à dire pour l’instant. Il n’y a pas de cri de victoire, juste une satisfaction silencieuse d’être encore en vie. Ce combat n’aura duré que quelques minutes, le temps de vider quelques chargeurs et de perdre plusieurs amis.
Je me branchai immédiatement sur le canal de mon peloton.
- Kapi ?
- Ouais je suis là … pfffffou, pas facile celle-là.
- Alf ?
- Je suis là aussi.
- Zog ?
- …
- ZOG !!!
- Merde. Je crois que je viens de le trouver, murmura Alf.
- Tu es où ??
- Je n’ai pas bougé, Zog est devant moi, à 10 mètres. Enfin, je reconnais son épaulette.
- J’arrive !
Zogzog était là. Par terre, mort. Un Hydralisk juste à coté, le canon de Zog dans le thorax.
- Il s’est battu jusqu’à la dernière seconde, fit Alf.
- C’était un bon, ajouta Kapi.
- erie de Zergs !
En quelques minutes, les Médecins arrivent pour s’occuper des blessés. Nombreux sont ceux qui ont gagné leur retour sur Terre ou une planète pacifiée, les Zergs ne blessent que pour tuer ou mutiler, et c’est rare quand ce n’est pas un membre entier qui est arraché. En même temps que les Médecins, la deuxième compagnie de Marines arrive en renfort, et pour prendre la relève. Nos pertes ont été immenses. Plus de 50% de Marines sont tombés, et plus de 80% des FireTroopers. En haut-lieu, on se félicitera sûrement de cette victoire, quelques médailles seront distribuées pour faire oublier les morts, mais l’estime n’y sera pas. Cela n’avait pas été une bataille, mais une boucherie.
C’est fini pour nous, pour aujourd’hui, demain il faudra y retourner, et j’ai même cru entendre que nous serons dans une mission de reconnaissance, en territoire ennemi.
S'il y a un demain ...
Notre passionnante mission d’aujourd’hui consistait à surveiller une vingtaine d’ouvrier à l’œuvre dans la construction d’un bunker. La base venait d’être implantée sur ce plateau, nous étions très vulnérables, peu de défense en place, plusieurs collines autour de nous, et surtout aucune défense aérienne digne de ce nom, tout cela ne nous rassurait guère. Plusieurs centaines d’ouvriers s’afféraient pour la construction des nouveaux bâtiments, un nouveau centre d’entraînement, des baraquements, une usine de raffinement du gaz et une autre pour les minéraux, et quelques bunkers espacés. La présence militaire était représentée par deux compagnies de Marines complète, une Compagnie de FireTroopers, équipés de lance-flammes de combat redoutables au combat au corps à corps, et trois escadres de médecins de bataille. Une bien maigre force à vrai dire. De notre position, nous pouvions voir toute la base, un parfait emplacement de surveillance, légèrement en hauteur.
Ces ouvriers sont infatigables. A peine ont-ils fini un baraquement qu’ils se ruent sur la construction d’une usine lourde. D’ici quatre jours, nous seront capables de produire des chars lourds et des véhicules Goliath. De l’autre coté, une navette vient d’atterrir avec le matériel tant attendu de missiles ASA-10 Antiaérien. La première batterie de DCA est en construction. Quelle formidable organisation. Le soleil est déjà haut dans le ciel, nous serons bientôt relevés.
- ALARME ! Des Zergs attaquent ! Ils seront là dans 10 minutes !
C’est l’avant garde qui appelle ! Et aucun véhicule de soutien n’est encore disponible, pas de char, pas de Goliath, rien. Je regarde brièvement dans la direction de l’attaque. Pas de bunker ! Pas d’obstacle naturel ! D’un coup de botte je réveille Kapi, Alf et Zogzog.
- Debout les filles ! Le show commence !
- Qu’est-ce qui se passe ? grommelle Alf.
- Attaque Zerg !
- Yeehaaaa !
Nos ordres sont de garder notre position quelqu’en soit le prix.
- Ici Jarry, à tous les ouvriers de la zone 47, retour à la base immédiatement ! Attaque Zerg !
- Bien reçu, nous rentrons. Nous venons de finir le bunker en zone 58.
- Parfait, merci.
Nous étions en première ligne. Un seul bunker pour tous les Marines de ce coté. Ca s’annonçait mal, très mal. Il faudrait attirer l’attaquer vers le bunker, la détourner de la base. Seuls quelques véhicules légers sont disponibles. Par chance ils arrivent à se faire suivre. Le bunker sera notre seul point de défense, il faudra le tenir coûte que coûte.
- Ici le Lieutenant Mehaval. Escadres 1, 3, 4 et 5 dans le Bunker ! Escadres 2, 6 et 10 avec moi !
Et c’est parti. En cinq minutes nous étions au Bunker. Les portes venaient de se fermer.
- Marine Jarry au rapport, Sergent !
- Très bien, vous, les quatre mousquetaires, allez vous poster la-bas avec votre escadre. Utilisez tout ce que vous pouvez pour vous couvrir. Et visez juste !
- Où est l’autre Compagnie ?
- Elle est restée dans la base, elle construit des barricades. Ca sera notre dernière ligne de défense, si on arrive pas à contenir l’attaque, mais on le saura pas, on sera déjà morts !! HA HA !!
Il n’a pas tord, mais je ne tiens pas à mourir sur ce caillou.
- Et si on a besoin de renfort ?
- Y’en a pas ! En position !
- Yes sir !
C’est au pas de course qu’on est parti rejoindre notre escadre, en retrait du bunker. Nous n’avions rien comme protection, sinon quelques roches suffisamment larges pour cacher 1 personne. Autant dire que nous étions à découvert. La règle d’or était d’éviter le combat rapproché, il fallait les tenir à au moins une trentaine de mètres de notre position.
Quatre escadres de FireTroopers venaient d’arriver. On les attendait ces gars-là, ils assureraient notre défense rapprochée. Deux escadres sont rentrées dans le bunker et les deux autres se sont postées en ligne de front ; légèrement sur notre gauche, face à l’adversaire. Extrêmement puissants, mais fous. Ce sont les « Burning Flames », l’élite. Leur espérance de vie dépasse rarement la dizaine de mission, mais c’est un honneur que de servir avec cette unité.
Je n’aimais pas notre position, ni notre déploiement. Beaucoup de failles se dessinaient, les forces n’étaient pas réparties pour subir une telle attaque. Je doute que le Commandant soit bien aguerri, sûrement un de ces intellectuels propulsés en haut du pouvoir mais sans expérience sur le terrain. Enfin, on verra bien s’il a vu juste. Soudain, les premiers Zerg apparurent. Des Zerglings. Un, puis deux, puis dix, cent, deux cents... trop. Ils étaient encore hors de portée. Il fallait attendre l’ordre libérateur de feu à volonté. Au loin, des silhouettes d’Hydralisks prenaient forme, la bataille n’en serait que plus difficile. Le bruit sourd approchait, les hurlements sinistres se faisaient de plus en plus aigus.
- Munitions ! cria le Lieutenant.
C’est idiot, mais chacun devait vérifier mes munitions de l’autre. En une seconde, vérifier que l’indicateur du fusil du voisin n’indiquait pas ‘0’.
- En joue !
En ligne de front, sur deux rangs, 24 Marines pointaient leurs armes sur le mur de poussière qui se jetait sur eux.
- Visières !
Juste avant le tir, nous devions baisser nos visières blindées, elles nous permettaient de ne pas être perturbé par les flammes des canons et nous protégeaient des attaques acides ennemis.
- Ne tirez que sur mon ordre !
Seul notre Lieutenant avait accès aux canaux des autres unités. Sans une action de sa part, nous étions confinés dans notre canal d’Escadre, ne sachant pas ce qui se disait ailleurs. Officiellement, c’était pour une meilleure organisation des troupes. Au fond de nous, c’était pour nous empêcher de savoir quand une bataille était perdue et qu’il fallait battre en retraite. Se battre jusqu’au dernier homme, telle était la devise de notre IVème Armée.
Quelques centaines de mètres devant nous, à notre droite, le bunker se mit à tirer. 48 canons lâchèrent leur furie de plomb. Les premiers Zerglings tombèrent. Mais il y en avait d’autres. En d’autres. Les corps meurtris des Zerglings s’accumulaient mais le flot quasi incessant avançait. Ils n’étaient bientôt qu’à quelques dizaines de mètres du bunker, se ruant dessus frénétiquement. C’est alors qu’ils rentrèrent en contact avec les FireTroopers. De gigantesques flammes sortirent des ouvertures dans le béton. L’attaque Zerg devenait folle, ceux qui n’étaient pas tués par les flammes étaient achevés par les balles. Mais il en venait toujours davantage, et les Hydralisks se rapprochaient dangereusement. Malgré le mur de feu et de balles, plusieurs Zerglings commencèrent à endommager le bunker, l’attaquant sur ces flancs ou de derrière, manifestement ils ne nous avaient pas encore vus ou pire, ils nous ignoraient. L’escadre 10, à gauche du bunker ouvrit le feu, tentant de libérer le flanc droit de ce dernier, mais cela n’eut pour effet que de dévoiler leur présence aux yeux de l’ennemi, qui commença à se ruer sur eux. L’escadre 10 se mit alors à couvrir la ‘2’. Un feu croisé relativement efficace, mais ces satanés bestioles arrivèrent au contact de la ‘2’. Un combat au corps à corps. En quelques secondes, tout était fini, aucun Marine n’avait survécu, la ‘10’, trop loin, n’était pas arrivée pas à contenir les assaillants. Les FireTroopers, alors restés sur notre gauche, se mirent au pas de course vers le champ de bataille.
- Feu à volonté !!!
C’était à nous ! Sans réfléchir, j’appuyais sur la détente crachant le plomb à une vitesse folle. Je ne voyais pas bien ce que je visais mais ça ne m’arrêtait pas.
- Mertu !! Flanc droit !
- Sur ta gauche !
- Protégez le bunker !
- Medic !!!
- Un chargeur ! Il me faut un chargeur !
C’était une véritable pagaille. Les ordres étaient confus, tout le monde encombrait la fréquence. Où étaient passées nos heures d’entraînement ? Notre discipline ? La plupart reculaient, quelques uns avançaient croyant impressionner les Zergs. Les FireTroopers brûlaient tout ce qui passait à leur portée, peu importe qu’un Marine soit derrière un Zerg ou non. Puis, les Hydralisks sont arrivés à portée de tir. Une pluie d’acide se mit à tomber. Tous ceux qui n’avaient pas baissé leur visière ou avaient laissé une partie de leur corps à nu se mirent à hurler de douleur, leur corps fondait. Certains, déjà blessés, furent achevés par cet acide puissamment corrosif.
- Hydralisks !!
L’ordre était lancé d’abattre les Hydralisks en priorité, autrement plus dangereux et féroces que les Zerglings. Face à la cinquantaine de ces horreurs présentes, une vingtaine de Marines et une petite dizaine de FireTroopers partirent à leur rencontre, risquant le combat rapproché. Les premiers Hydralisks tombent, puis commence le combat rapproché. Les pauvres Marines sont en sous-nombre et bien moins adaptés pour ce type de combat que leurs adversaires ! Je regarde le triste combat, quand un FireTrooper, visiblement à court de combustible pris ses recharges et se jeta au milieu des Zergs. Les Marines continuaient à tirer, et leurs balles firent exploser le FireTrooper. L’explosion fut si intense qu’elle fit exploser les autres FireTroopers à proximité. Une gigantesque boule de feu détruisit tout ce qui était à moins de 40 mètres. Tous les Hydralisks étaient hors de combat. Tous les Marines aussi. Un acte de bravoure, certes, mais en valait-il la peine ?
- Jarry ! Derrière toi !
Un Zergling me tombe dessus ! Mais ce n’est déjà plus qu’un cadavre, fort heureusement, sinon c’était ma fin.
- Tu rêves ou quoi ? Ca fait 20 secondes que tu bouges pas !
Je ne réponds rien. Je n’ai pas de réponse. D’un hochement de tête, je lui fait signe que tout est OK. Il me répond d’un geste et se remet à faire feu. Je m’arrête de tirer pour recharger, en me retournant, je vois une cinquantaine d’ouvriers foncer droit vers le bunker. Mais que font-ils ? Ils sont devenus fous ? C’est alors que je me retourne vers celui-ci. Il est en proie aux flammes, plusieurs pans de mur sont effondrés. Des Zergs s’introduisent dans la forteresse, des Marines en ressortent pour se faire déchiqueter sitôt sortis. Le Bunker est perdu, livré à lui-même. Veulent-ils le réparer ? Ils n’en auront pas l’occasion. La moitié des ouvriers se font intercepter avant d’atteindre le bunker et l’autre moitié est soufflée par l’explosion. Le bunker vient de s’auto détruire. Un énorme cratère prend place au milieu du champ de bataille. Cela n’arrête ni les uns ni les autres. Les tirs continuent de parsemer la plaine, les FireTroopers crachent leurs langues de feu dans toutes les directions, touchant indifféremment Marines et Zerglings. Il faut maintenant monter sur des corps, parfois Zergs, parfois non, pour avoir un bon angle de tir.
- Mais où sont les renforts ? On tiendra jamais !
- Tais toi et tires !
- Un chargeur ! J’ai besoin d’un cha…..
- Médecin !!
- T’arrêtes pas de tirer !!
- Médec…..
Nous étions au milieu du champ de bataille. Je ne savais plus où donner de la tête, partout des cibles, partout des blessés, des Marines en difficultés, des geysers de feu. Là !! Un Zergling attaque un FireTrooper ! BLAM ! Tout explose. Est-ce moi qui ait tiré dans les réservoirs ? Est-ce le Zergling ? Un autre Marine ? Nous n’avons pas utilisé nos grenades. Il est maintenant trop tard, si l’une venait à être déclenchée, elle tuerait plus de Marines que de Zergs. Là ! Un Zerg blessé. Une rafale dans la tête et il s’immobilise, lâchant une jambe.
J’en étais déjà à mon sixième chargeur quand soudain …
- Cessez le feu ! Cessez le feu !
Comment ? C’est fini ? Nous avons vaincu ? Il fallu plusieurs minutes pour que toute cette boucherie s’arrête, mais oui, nous avions vaincu. Les Zergs ne reculaient jamais à ce qu’on disait, et on vient d’en faire la triste expérience. Les derniers étaient achevés. Pas un seul Zerg n’a survécu, des centaines de corps recouvrent la plaine, parmi tout cet amoncellement de cadavres se trouvent plusieurs Marines, enchevêtrés, déchiquetés. Combien ? Difficile à dire pour l’instant. Il n’y a pas de cri de victoire, juste une satisfaction silencieuse d’être encore en vie. Ce combat n’aura duré que quelques minutes, le temps de vider quelques chargeurs et de perdre plusieurs amis.
Je me branchai immédiatement sur le canal de mon peloton.
- Kapi ?
- Ouais je suis là … pfffffou, pas facile celle-là.
- Alf ?
- Je suis là aussi.
- Zog ?
- …
- ZOG !!!
- Merde. Je crois que je viens de le trouver, murmura Alf.
- Tu es où ??
- Je n’ai pas bougé, Zog est devant moi, à 10 mètres. Enfin, je reconnais son épaulette.
- J’arrive !
Zogzog était là. Par terre, mort. Un Hydralisk juste à coté, le canon de Zog dans le thorax.
- Il s’est battu jusqu’à la dernière seconde, fit Alf.
- C’était un bon, ajouta Kapi.
- erie de Zergs !
En quelques minutes, les Médecins arrivent pour s’occuper des blessés. Nombreux sont ceux qui ont gagné leur retour sur Terre ou une planète pacifiée, les Zergs ne blessent que pour tuer ou mutiler, et c’est rare quand ce n’est pas un membre entier qui est arraché. En même temps que les Médecins, la deuxième compagnie de Marines arrive en renfort, et pour prendre la relève. Nos pertes ont été immenses. Plus de 50% de Marines sont tombés, et plus de 80% des FireTroopers. En haut-lieu, on se félicitera sûrement de cette victoire, quelques médailles seront distribuées pour faire oublier les morts, mais l’estime n’y sera pas. Cela n’avait pas été une bataille, mais une boucherie.
C’est fini pour nous, pour aujourd’hui, demain il faudra y retourner, et j’ai même cru entendre que nous serons dans une mission de reconnaissance, en territoire ennemi.
S'il y a un demain ...