Meteo, le ciel changeant
Publié : sam. oct. 08, 2005 11:12 pm
QUand on a eut la chance de faire un metier comme le mien, on sait que le ciel n est pas toujours bleu et que les nuages font partie de notre quotidient. Bien sur il y a toujours la solution de monter, monter, encore monter pour aller chercher le ciel bleu, toujours plus bleu. Mais c est aussi passe a cote de l infinie diversité des nuages que l on voit tout les jours. Et chaque nuage, chaque jour, apporte un nouvel espace de jeu, de nouvelle sensations.
D aussi loin que je me souvienne, jamais les nuages ne m ont empeché de voler. Non pas que je n ai jamais croisé du mauvais temps mais c etait pluto le brouillard ou le vent qui me clouait au sol. Meme les pires matins d hiver, il y avait toujours la place pour se glisser dans le coton et aller voir un coin de ciel bleu.
VOler dans les nuages, au debut, c est un experience tres particuliere. D abord parce que cela ne ressemble a rien de ce que l on a connu avant sur le plancher des vaches. C est un peu excitant, voir effrayant. On décolle et on monte doucement vers cette masse blanchatre. On sait ce que c est , mais on ne s attends pas du tout a ce qu on va y trouver. Quand on rentre dedans, la premeire chose qui se passe, c est la disparition de la terre. Ce point de repere si famillier lors des premiers vols se voile et disparait d un coup. On sait bien ce qu il faut faire, se concentrer sur les instruments, garder son cap et les ailes a plat, mais on ne peut s empecher de regarder autour de soi. Alors on voit le nuage de l interieur. En regardant le bout de l aile on voit les variations de sa densité, effacant et redessinnant le saumon. D un seul coup le nuage prend vie, devient un paysage qui defile. Si un autre avion est avec vous, vous le voyez fidelement vous accompagner dans le brouillard, son nez pointé dans le meme sens que vous, avec une confiance aveugle.
Ensuite il y a les turbulences. Ca n est jamais une masse d air calme, un nuage. Ca n est qu agitation, turbulences, plus ou moins fortes, avec de la pluie qui cogne, de la neige qui defille sous les flashs de l anticcol. Puis ce sont les illusions. Comme vous avez perdu tout repere visuel fiable, le cerveau s en remet a votre oreille interne pour savoir comment vous voler, si vous etes bien a plat, si vous montez ou descendez. Or celle ci a vite fait d etre abusée par les accelerations. Et alors le grand combat de la raison contre les sensations commence. Tout votre corps vous crie que vous etes en train de tourner a droite, voir de passer tout doucement sur le dos, alors que l horizon artificiel reste imperturbablement stable, horizontal, figé. Il faut vraiment faire un effrot pour faire juste ce que l on voit, faire confiance a cette boulle bleue et noire, que ses sens n abusent pas. Pafois cela vire au cauchemard, quand enquillé derriere un Boieng, vous battant contre les elements pour prendre votre petrole, tout votre corps vous hurle que vous etes en train de faire une sceance de voltige, sans pouvoir rester fixé sur l horizon artificiel pour mettre tout ce petit monde au pas. ALors on se crispe sur les commandes, on se crie qu il ne faut pas bouger, on demande meme au boeing, d une voix crispée :
"t es en virage la ? "
"non"
Reponse laconique, lui il est bien tranquille dans son cockpit, a regarder son horizon, a discuter avec ses potes.
Ca dure jamais tres longtemps, et des que une trouée apparait, decouvrant le boeing bien a plat dans le ciel bleu, on soufle un peu, on se detent et on recalle sa petite tete. Un experience de plus.
Heureusement ce n est pas comme ca tout les jours. Les nuages sont aussi une source fabuleuse d amusement. Par exemple les beau cumulus d été, bien joufflus et pommelés. Dnas leurs sein, on trouve toute sortes de vallées ephémeres, de portes qui souvrent et se ferment au gré des vents qui soufflent. Si vous avez un peu de liberte ce jour la, vous pouvez les parcourir, effleurer les sommets, plonger dedans. C est un plasir inifini. J adorais tout particulierement quand je pouvais jouer avec eux et un jeune pour son lacher. JE le metttais en position de poursuite et je me lancais dans de folles trajectoires au ras des nuages, dans les vallées que je pouvais decouvrir. Lui derriere moi, me suivait, se decallant si necessaire pour passer dans un trou qui se refermait. Souvent il finissait par me perdre apres avoir pris un peu de decallage dans la poursuite, mais jamais je n en ai entendu un avec un voix strssé pour me le dire. Et quand nous descendions de l avion, au debriefing, il avait souvent les yeux encore brillants. Au dela de ce plaisir enfantin, il y a la beauté du lieu, d un blanc immaculé et vierge, contrastant froidement avec le bleu pur du ciel. Et la sensation de fouler un espace que personne dautre n a foulé avant vous et que personne d autre ne foulera pares vous.
En hiver, ces cumulus sont plus rare mais il mest arrivé de croiser des nuages en couches, tout plat a leur sommet, uniformement plat. L air est alors tres calme et les sensations de glisse sont alors proches de celle que l on eprouve dans la poudreuse vierge. Le froid en moins, le confort en plus. En regardant son ombre on se prend a descendre comme si l on etait au ras du sol et l on fait remonter vers soi, en toute legalité al sensation de vitesse la plus pure qui soit. Vous voyez votre ombre, nimbée d un halo translucide qui glisse a toute vitesse sous vous. Et si l air est vraiment calme, le nuage tres plat, en cabrant un grand coup, derrier vous il y a le sillage de votre vol qui s affiche. Un petit demi huit cubain, une bonne resource musclée et vous repartez dans l autre sens, toujours au ras du nuage, avec un grand sourir au levres.
D autres fois quand vous etes en basse altitude, les nuages sont des obstacles qu il faut contourner. Alors la mission devient un combat contre ces obstacles mouvants. Parfois ils sont compacts, sans espoirs, masquant derriere eux la direction que vous esperiez prendre. Mais il y a toujours un espace entre deux. Avec derriere un bout d horizon qui faut laisse croire que vous pourrez repartir dans le bon sens. Mais naturellment ce n est qu un nouveau couloir sans issue et le labyrinthe se redeploi de nouveau, avec un nouvel aspect, avec de nouveau pieges. Puis au detour d un dernier couloir, l horizon se degage au ras du sol. D aussi loin que vous pouvez voir, le ciel est clair la bas, le soleil brille en faisant tomber du ciel de rais lumiere. Comme un trait brillant, avec des nuages noirs au desses, le sol gris de pluie. ALors vous vous jettez dedans, meme si le pplafond est trop bas. Vous vous glissez au ras du sol, comme sous une masse pesante de rochers prete a s ecrouler. Et en passant le dernier nuage, en franchisssant la derniere crete, le ciel bleu de nouveau explose dans les teintes d une fin de journée d automne, la lumiere revient. Le front est passé, demain il fera beau.
Le nuages sont aussi parfois le dernier obstacles avant l atterrissage. Parfois c est meme le seul endroit ou vous en croiserez. Vous etiez partis d une base lointaine, sous un soleil de plomb. Apres tout le voyage au soleil, il vous reste la derniere etape. Comme a regret, il faut quitter le ciel clair et plonger dans le coton gris. Quitter les reperes si facile a gerer de l horizon et de la terre, pour ceux des instruments. Tout veirifer, re verifier. Afficher les bons parametres, les bonnes vitesses. Puis guidé par des aiguilles, faire fi des vertiges qui reviennent, plonger vers le sol sans rien voir, ecouter la voix du controleur qui vous surveille. Voire les altitudes qui s egrennent, chercher des yeux les lumieres d une piste qui vous semble pourtant si proche. Et tout semble aller de plus en plus vite. A 500 pieds vous etes encore a 5 km de la base, vous voudriez bien voir quelque chose. Dans quelques secondes, si rien ne sort du nuage, il faudra partir ailleur, vers une autre base. 400 pieds, toujours rien, 300 pieds, plus que 100 pieds avant la remise des gazs. Il faut etre bien axé, a la bonne vitesse , a la bonne incidence. 200 pieds, des lambeaux de nuages trainent par terre, un halo rouge devant vous apparait, les instruments on fait leur travail. La piste arive, il faut arondir, reduire, se poser. Il pleut, il fait froid.
Au parking, la tete basse vous rentrez vers la piste. Mais avec au fond des yeux le ciel bleu et les nuages si blanc. Demain il fera beau.
D aussi loin que je me souvienne, jamais les nuages ne m ont empeché de voler. Non pas que je n ai jamais croisé du mauvais temps mais c etait pluto le brouillard ou le vent qui me clouait au sol. Meme les pires matins d hiver, il y avait toujours la place pour se glisser dans le coton et aller voir un coin de ciel bleu.
VOler dans les nuages, au debut, c est un experience tres particuliere. D abord parce que cela ne ressemble a rien de ce que l on a connu avant sur le plancher des vaches. C est un peu excitant, voir effrayant. On décolle et on monte doucement vers cette masse blanchatre. On sait ce que c est , mais on ne s attends pas du tout a ce qu on va y trouver. Quand on rentre dedans, la premeire chose qui se passe, c est la disparition de la terre. Ce point de repere si famillier lors des premiers vols se voile et disparait d un coup. On sait bien ce qu il faut faire, se concentrer sur les instruments, garder son cap et les ailes a plat, mais on ne peut s empecher de regarder autour de soi. Alors on voit le nuage de l interieur. En regardant le bout de l aile on voit les variations de sa densité, effacant et redessinnant le saumon. D un seul coup le nuage prend vie, devient un paysage qui defile. Si un autre avion est avec vous, vous le voyez fidelement vous accompagner dans le brouillard, son nez pointé dans le meme sens que vous, avec une confiance aveugle.
Ensuite il y a les turbulences. Ca n est jamais une masse d air calme, un nuage. Ca n est qu agitation, turbulences, plus ou moins fortes, avec de la pluie qui cogne, de la neige qui defille sous les flashs de l anticcol. Puis ce sont les illusions. Comme vous avez perdu tout repere visuel fiable, le cerveau s en remet a votre oreille interne pour savoir comment vous voler, si vous etes bien a plat, si vous montez ou descendez. Or celle ci a vite fait d etre abusée par les accelerations. Et alors le grand combat de la raison contre les sensations commence. Tout votre corps vous crie que vous etes en train de tourner a droite, voir de passer tout doucement sur le dos, alors que l horizon artificiel reste imperturbablement stable, horizontal, figé. Il faut vraiment faire un effrot pour faire juste ce que l on voit, faire confiance a cette boulle bleue et noire, que ses sens n abusent pas. Pafois cela vire au cauchemard, quand enquillé derriere un Boieng, vous battant contre les elements pour prendre votre petrole, tout votre corps vous hurle que vous etes en train de faire une sceance de voltige, sans pouvoir rester fixé sur l horizon artificiel pour mettre tout ce petit monde au pas. ALors on se crispe sur les commandes, on se crie qu il ne faut pas bouger, on demande meme au boeing, d une voix crispée :
"t es en virage la ? "
"non"
Reponse laconique, lui il est bien tranquille dans son cockpit, a regarder son horizon, a discuter avec ses potes.
Ca dure jamais tres longtemps, et des que une trouée apparait, decouvrant le boeing bien a plat dans le ciel bleu, on soufle un peu, on se detent et on recalle sa petite tete. Un experience de plus.
Heureusement ce n est pas comme ca tout les jours. Les nuages sont aussi une source fabuleuse d amusement. Par exemple les beau cumulus d été, bien joufflus et pommelés. Dnas leurs sein, on trouve toute sortes de vallées ephémeres, de portes qui souvrent et se ferment au gré des vents qui soufflent. Si vous avez un peu de liberte ce jour la, vous pouvez les parcourir, effleurer les sommets, plonger dedans. C est un plasir inifini. J adorais tout particulierement quand je pouvais jouer avec eux et un jeune pour son lacher. JE le metttais en position de poursuite et je me lancais dans de folles trajectoires au ras des nuages, dans les vallées que je pouvais decouvrir. Lui derriere moi, me suivait, se decallant si necessaire pour passer dans un trou qui se refermait. Souvent il finissait par me perdre apres avoir pris un peu de decallage dans la poursuite, mais jamais je n en ai entendu un avec un voix strssé pour me le dire. Et quand nous descendions de l avion, au debriefing, il avait souvent les yeux encore brillants. Au dela de ce plaisir enfantin, il y a la beauté du lieu, d un blanc immaculé et vierge, contrastant froidement avec le bleu pur du ciel. Et la sensation de fouler un espace que personne dautre n a foulé avant vous et que personne d autre ne foulera pares vous.
En hiver, ces cumulus sont plus rare mais il mest arrivé de croiser des nuages en couches, tout plat a leur sommet, uniformement plat. L air est alors tres calme et les sensations de glisse sont alors proches de celle que l on eprouve dans la poudreuse vierge. Le froid en moins, le confort en plus. En regardant son ombre on se prend a descendre comme si l on etait au ras du sol et l on fait remonter vers soi, en toute legalité al sensation de vitesse la plus pure qui soit. Vous voyez votre ombre, nimbée d un halo translucide qui glisse a toute vitesse sous vous. Et si l air est vraiment calme, le nuage tres plat, en cabrant un grand coup, derrier vous il y a le sillage de votre vol qui s affiche. Un petit demi huit cubain, une bonne resource musclée et vous repartez dans l autre sens, toujours au ras du nuage, avec un grand sourir au levres.
D autres fois quand vous etes en basse altitude, les nuages sont des obstacles qu il faut contourner. Alors la mission devient un combat contre ces obstacles mouvants. Parfois ils sont compacts, sans espoirs, masquant derriere eux la direction que vous esperiez prendre. Mais il y a toujours un espace entre deux. Avec derriere un bout d horizon qui faut laisse croire que vous pourrez repartir dans le bon sens. Mais naturellment ce n est qu un nouveau couloir sans issue et le labyrinthe se redeploi de nouveau, avec un nouvel aspect, avec de nouveau pieges. Puis au detour d un dernier couloir, l horizon se degage au ras du sol. D aussi loin que vous pouvez voir, le ciel est clair la bas, le soleil brille en faisant tomber du ciel de rais lumiere. Comme un trait brillant, avec des nuages noirs au desses, le sol gris de pluie. ALors vous vous jettez dedans, meme si le pplafond est trop bas. Vous vous glissez au ras du sol, comme sous une masse pesante de rochers prete a s ecrouler. Et en passant le dernier nuage, en franchisssant la derniere crete, le ciel bleu de nouveau explose dans les teintes d une fin de journée d automne, la lumiere revient. Le front est passé, demain il fera beau.
Le nuages sont aussi parfois le dernier obstacles avant l atterrissage. Parfois c est meme le seul endroit ou vous en croiserez. Vous etiez partis d une base lointaine, sous un soleil de plomb. Apres tout le voyage au soleil, il vous reste la derniere etape. Comme a regret, il faut quitter le ciel clair et plonger dans le coton gris. Quitter les reperes si facile a gerer de l horizon et de la terre, pour ceux des instruments. Tout veirifer, re verifier. Afficher les bons parametres, les bonnes vitesses. Puis guidé par des aiguilles, faire fi des vertiges qui reviennent, plonger vers le sol sans rien voir, ecouter la voix du controleur qui vous surveille. Voire les altitudes qui s egrennent, chercher des yeux les lumieres d une piste qui vous semble pourtant si proche. Et tout semble aller de plus en plus vite. A 500 pieds vous etes encore a 5 km de la base, vous voudriez bien voir quelque chose. Dans quelques secondes, si rien ne sort du nuage, il faudra partir ailleur, vers une autre base. 400 pieds, toujours rien, 300 pieds, plus que 100 pieds avant la remise des gazs. Il faut etre bien axé, a la bonne vitesse , a la bonne incidence. 200 pieds, des lambeaux de nuages trainent par terre, un halo rouge devant vous apparait, les instruments on fait leur travail. La piste arive, il faut arondir, reduire, se poser. Il pleut, il fait froid.
Au parking, la tete basse vous rentrez vers la piste. Mais avec au fond des yeux le ciel bleu et les nuages si blanc. Demain il fera beau.